L'anti-banque
La néobanque Revolut débarque en Belgique.
Tout est dans le nom: Revolut. La fintech londonienne va ouvrir une représentation à Bruxelles et Anvers. Lancée en 2015 par deux copains trentenaires, cette néobanque a des ambitions énormes.
La maison compte 3 millions de clients mais en vise 100 millions d’ici 5 ans. Surtout, elle veut tout casser dans le monde traditionnel de la banque. On oublie les agences, les cartes, tant qu’on y est on oublie aussi les banquiers: la néobanque entend se passer de tout ce qui fait la banque aujourd’hui et veut la concentrer sur une appli, sur un smartphone. Point barre. Ce n’est pas une néobanque, c’est l’antibanque.
Que ce soit celle-ci ou une prochaine, tôt ou tard, une tentative de disruption percera.
Contrairement à de nombreuses fintechs, qui ont choisi de collaborer avec les banques dont elles n’ont pas la surface commerciale, cette fois Revolut va au frontal, veut toucher directement le consommateur final et ne voit pas de limites à son expansion. Le duo fondateur se voit en futur Amazon des produits financiers. À fond les ballons.
Des guignols? Ils ont en tout cas su convaincre des investisseurs et levé 336 millions de dollars à ce stade et disent attirer des milliers de nouveaux clients chaque jour. En Belgique, ils en veulent 100.000 dans six mois.
Les banques classiques ont-elles du souci à se faire? Ce n’est pas demain que la fintech les rayera de la carte. L’argument "c’est facile et pas cher" ne suffira pas. L’offre est encore trop limitée pour être vraiment dangereuse à ce stade (la maison ne fait par exemple pas de crédit, le produit qui rend le client captif). La poignée de commerciaux que la fintech compte engager en Belgique n’y changera pas grand-chose. Autre obstacle en vue, les régulateurs regarderont un jour ou l’autre l’affaire de plus près.
Les banques auraient toutefois tort de mépriser le phénomène. Revolut réussira peut-être son pari fou, ou alors s’écrasera lamentablement. Mais que ce soit celle-ci ou une prochaine, tôt ou tard, une tentative de disruption percera.
Les banques le savent (enfin, certaines) et se bougent (enfin, certaines) pour passer vraiment à l’heure digitale. Elles doivent évoluer, et notamment devenir plus simples si elles veulent rester maîtresses du jeu. La partie ne fait que commencer. On n’a encore rien vu.
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