Le capital-risque, un chantier à accompagner
Après de longs mois d’atrophie, causée par les taux d’intérêt élevés, le capital-risque émerge à nouveau en Belgique. Un réveil fragile, qu’il faut accompagner.
Voilà qu’elles relèvent la tête. Les entreprises belges de croissance, ces adolescentes de l’entrepreneuriat, renouent enfin avec des financements décents, comme le montrent les chiffres du premier semestre révélés dans ce journal. Après une traversée du désert en 2023, provoquée notamment par la hausse des taux d’intérêt, on peut donc rêver à nouveau pour ces entreprises qui constituent un fer de lance économique de la Belgique.
Rêver, effectivement, mais pas davantage, pour l’heure en tout cas.
D’abord parce qu’au sein de ce premier semestre, seuls les trois derniers mois ont redonné des envies au capital-risque. Il faudra donc attendre un autre trimestre, voire la fin de l’année, pour voir cette tendance se confirmer.
Dans le détail, ce sont surtout aussi les gros tours de table qui ont porté la hausse des financements en numéraire. Pas de quoi voir une évolution large se profiler à l’horizon.
L’heure est aux négociations pour former des gouvernements à tous les niveaux de pouvoir. L’occasion d’y inclure ce réveil du capital-risque, fragile, mais bien là. Et de lui accorder toute l’attention qu’il mérite.
Le retour de la tech
Un secteur, en effet, n’est pas l’autre. La tech fait un retour remarqué, portée par l’engouement pour l’intelligence artificielle, comme le montrent deux des plus grosses levées de fonds 2024, auprès des gantoises Techwolf et Robovision.
Un portefeuille immobilier comme celui géré par Cohabs qui vient de lever 86 millions d’euros en fonds propres, offrira toujours un certain rendement; et attirera aujourd’hui plus qu’une biotech, avec son long tunnel d’essais cliniques, qui laisse les investisseurs sur le bord de la route plus souvent qu’à leur tour. En témoignent les récentes dégommées des Mithra, Cellaïon et Imcyse, autrefois emblèmes de la réussite dans le secteur.
On le voit, la reprise est là, mais elle est encore fragile et parcellaire. Elle est le fait, et c’est à saluer, d’une maturité dans certains écosystèmes, là où les pionniers de l’entrepreneuriat ont essuyé les plâtres. Mais il en faudra plus, bien plus.
Ce qu’il manque à la Belgique, c’est ce rayonnement, cette réputation "business friendly" qui peut capter l’attention des grands bonnets du capital-risque. Procédures de créations d’entreprise, accompagnements personnalisés et éclairés, simplification et stabilisation fiscales, reconnaissance et compréhension des grands enjeux, notamment celui de l’intelligence artificielle, c’est un tout autre regard, plus clairvoyant, plus pro, que nos édiles politiques doivent porter à ce monde qui leur est encore trop étranger.
L’heure est aux négociations pour former des gouvernements à tous les niveaux de pouvoir. L’occasion d’y inclure ce réveil du capital-risque, fragile, mais bien là. Et de lui accorder toute l’attention qu’il mérite.
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