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Le chien européen a aboyé

©RV DOC

La bête est sortie. Elle a montré ses crocs. Mais comme dit le proverbe: le chien aboie, la caravane passe. La taxe sur les transactions financières devait être vertueuse. Elle était censée s’attaquer aux spéculateurs. Voire, selon les ONG qui l’ont défendue becs et ongles, alimenter directement les caisses de l’aide humanitaire. Il n’en sera rien.

Ce dernier point, la Commission l’a balayé d’un revers de la main. L’argent (55 milliards d’euros, annonçait-on hier) remplira les poches trouées de la Commission et des États. Les contribuables ont payé la crise, aux banques de s’exécuter. Une belle vengeance en somme.

Sauf que le coupable désigné, le spéculateur, ne devra pas s’inquiéter. La taxe n’empêchera pas les fausses rumeurs sur les marchés. Elle n’empêchera pas le short-selling, accusé de tous les maux de la planète. La Commission dit qu’elle atteindra 85 % des transactions financières mais n’explique pas comment elle captera les 600.000 milliards de dollars traités de gré à gré sur le marché occulte des dérivés. Un marché qu’elle n’a pas encore réussi à réguler.

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L’exécutif européen sait aussi qu’elle n’aura pas l’Angleterre dans ses rangs. En s’aliénant la City, il loupe le principal centre financier. À côté, Paris et Berlin peuvent jouer les bons Samaritains. Sans trop de risque. Londres a bien raison de se méfier. Sa propre taxe, la "stamp duty", appliquée uniquement aux titres britanniques, a provoqué une baisse significative du volume de transactions sur son marché domestique. Un risque qui, au niveau européen, viendrait anéantir la lente diminution des coûts sur les transactions que la Commission a elle-même engagée, à travers sa directive MiFID.

Enfin, Bruxelles concède que les banques pourraient répercuter l’ardoise sur les consommateurs. On parle de 10 euros sur 10.000 investis. Sans préciser si elle fera respecter cette limite.

À aboyer dans le vide, le chien risque surtout de se mordre la queue.

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