Piégé par ses propres paroles

Rédacteur en chef-adjoint

Mario Draghi et les décisions de la BCE

Pour la toute première fois, Mario Draghi est apparu sur la défensive lors de la conférence de presse de la Banque centrale européenne. Comme piégé par ses récentes déclarations. Non, ce jeudi 3 décembre n’était pas un bon jour pour "Super Mario", redevenu tout à coup un banquier central normal, avec ses qualités et ses défauts.

Ce n’était pas un bon jour pour "Super Mario", redevenu tout à coup un banquier central normal, avec ses qualités et ses défauts.

Tout avait, il est vrai, bien mal débuté avec ce "tweet" (erroné) du "Financial Times" annonçant un statu quo des taux. Suivi ensuite par la communication, cette fois officielle, d’une baisse du taux de dépôt de 0,10 point alors que certains anticipaient 0,20 point. Et trois quarts d’heure plus tard, l’annonce d’une extension dans le temps du programme d’achats d’actifs (QE), mais sans augmentation du montant de ces rachats. Entre-temps, le mal était fait sur les marchés: appréciation de l’euro, tension sur les taux obligataires et chute des marchés boursiers. L’inverse précisément de ce qu’espérait Draghi.

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Bien entendu, les marchés sont loin d’avoir toujours raison. Et la BCE n’est pas là pour leur faire plaisir. Mais il faut bien reconnaître que c’est Mario Draghi lui-même qui a gonflé de manière disproportionnée les attentes des marchés. Après son "Whatever it takes", il s’était fendu d’un "We will do what we must", laissant entendre que la BCE mettrait le paquet pour sa dernière réunion de l’année. En tant que chef économiste de l’institution, Peter Praet en avait remis une couche, promettant une "réflexion en profondeur à 360 degrés" et "sans tabou" face au risque de déflation.

Visiblement, les faucons monétaires, emmenés par les Allemands, ont obtenu hier un début de revanche, en s’opposant à des mesures trop souples (ou aventureuses). D’où ces "demi-mesures".

Lors de sa conférence de presse, Mario Draghi n’est même pas apparu très convaincant lorsqu’il affirme que sa politique de rachat d’actifs "fonctionne", mais qu’il a encore besoin de temps. Non, ce jeudi 3 décembre n’était vraiment pas un bon jour pour "Super Mario".

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