Renault-Fiat, le mariage raté
L’occasion manquée d’un champion européen
It takes two to tango. L’expression est reine dans les négociations: si vous n’êtes pas au diapason avec votre interlocuteur, impossible de discuter. C’est la conclusion à laquelle est arrivée Fiat Chrysler dans le projet de fusion à 30 milliards lancé avec Renault. Malgré la fébrilité des deux exécutifs, le gouvernement français a traîné des pieds. Les Italiens ont (trop?) rapidement pris acte: ils ont débranché la prise. Plus de musique. En Italie, on ne fait pas lanterner le fiancé sans de fâcheuses conséquences. C’est bien connu. Le gouvernement français a beau dire qu’il voulait plus de temps pour amener Nissan à concourir à la fusion, il aura surtout laissé l’impression que c’est lui et singulièrement les syndicats qui ont freiné des quatre fers.
Vu de l’extérieur, l’épisode ressemble à un beau gâchis.
Les deux groupes laissent la porte ouverte. Mais vu les invectives lâchées en coulisse dans les médias, ces deux-là ne passeront pas leurs vacances ensemble. À moins d’un thérapeute de couple particulièrement doué. On le dit de Jean-Dominique Senard, patron de Renault, jugé fin diplomate. Mais il aura fort à faire. À moins pour Fiat Chrysler de chercher une autre idylle. On cite PSA, l’autre français. Mais des parades nuptiales ont déjà eu lieu, sans succès. Et là aussi, l’État français, actionnaire, veille au grain.
Vu de l’extérieur, l’épisode ressemble à un beau gâchis. La fusion aurait créé un géant européen, troisième mondial, capable financièrement d’assurer, face à la Chine et aux Etats-Unis, son indépendance dans les batteries électriques et les véhicules autonomes. Autrement dit: un projet industriel européen, orienté vers l’avenir. Tout ce qu’il faut à un continent divisé.
Il est piquant d’entendre résonner, encore aujourd’hui, les cris d’orfraie lancés par Paris lors du refus par la Commission européenne d’adouber la fusion entre le français Alstom et l’allemand Siemens. Et de voir cette même France reculer devant une opération d’une ampleur au moins équivalente, pour des raisons… que la raison (industrielle) ignore.
Faute de mariés, les invités n’ont plus qu’à éteindre la lumière, et s’en aller.
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