Taxer l'aviation freinerait la croissance d'un secteur très polluant
La Belgique a décidé de monter au créneau pour demander la fin de ce régime.
Chaque trajet en avion a deux prix. Celui que paie l’usager, plus ou moins élevé en fonction du trajet, de la compagnie choisie, du niveau de service, de la date d’achat et de la demande sur le vol. Et celui que paie la collectivité: ses émissions de gaz à effet de serre contribuent au réchauffement de la planète notamment, au détriment de tous. Dans une économie saine, le premier devrait intégrer le second. Mais pour l’heure, le secteur reste largement épargné dans la lutte climatique. Il bénéficie d’un régime d’exception fiscale qui lui confère un avantage compétitif indécent face à des modes de transports moins polluants, comme le train. Après les Pays-Bas, la Belgique a décidé de monter au créneau pour demander la fin de ce régime. Et plaider pour l’instauration au niveau européen d’une fiscalité verte sur les transports aériens, qui pourrait par exemple prendre la forme d’une TVA sur les billets d’avion.
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Le principe du pollueur-payeur est un excellent aiguillon pour susciter le changement.
Intelligemment dosée, une telle mesure freinerait la croissance d’un secteur très polluant – il est l’une des sources de gaz à effet de serre qui connaissent la plus forte progression. Elle contribuerait à rééquilibrer les règles du jeu de la concurrence entre modes de transport, en faveur de modes plus doux. Et éviterait aux autres segments de l’économie d’avoir à payer la note de l’aérien dans la course vers la neutralité carbone. On pourrait objecter que l’aviation ne devrait pas être une priorité, elle qui ne représente qu’un peu plus de 3% des émissions de CO2 européennes – d’aucuns calculent 5%, tous gaz à effet de serre confondus. On répond que quand on se donne trente ans pour atteindre la neutralité carbone, on met tout le monde à contribution. On pourrait aussi objecter qu’avec un peu de patience, on verra l’aviation faire des prouesses environnementales: un jour peut-être, des avions hyperperformants seront-ils propulsés par des biocarburants et autres carburants de synthèse efficaces. On l’espère. Mais l’Europe a tout intérêt à susciter ces sauts technologiques: pousser ses avionneurs, ses compagnies, à accélérer sur la voie de la neutralité carbone. Et appliquer le principe du pollueur-payeur est un excellent aiguillon pour susciter le changement.
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