Un budget sérieux, mais insuffisant en cas de crise
La Vivaldi a remis un budget testament sérieux et conforme à ses objectifs. S’il convient pour l’heure, il sera en revanche insuffisant en cas de blocage politique prolongé après les élections.
Le gouvernement fédéral a bouclé, lundi soir, son budget 2024. Alexander De Croo a tenu son engagement en réalisant finalement un effort budgétaire de 1,2 milliard, lequel devrait ramener le déficit du Fédéral à 3% en 2024. Un bon point: ce qui était annoncé fut respecté.
Et c’est suffisamment rare que pour être mentionné: l’accord a été obtenu sans donner lieu à un combat politique homérique. Là où la Vivaldi atterrissait souvent dans la douleur, parfois 15 minutes avant les échéances, elle s’est cette fois offert le luxe de boucler son travail avec une petite journée d’avance et dans une sérénité relative. À l’approche des élections, les sept partis de la coalition ont choisi de ne pas se déchirer.
Sans vouloir minimiser le travail fourni pour accorder ce beau petit monde, il faut pouvoir admettre que nous sommes face à un budget de fin de cycle. À part l’extension des flexi-jobs à davantage de secteurs – une décision bienvenue, mais que la complexité pourrait affaiblir –, l’épure remise par l’exécutif contient peu de surprises, encore moins des mesures basculantes.
Les grandes décisions, celles qui influeront sur l’avenir du pays, n’ont pas eu droit de cité lors de ce conclave. La réforme fiscale avortée quelques mois plus tôt, les réponses à apporter aux enjeux du vieillissement et du verdissement de l’économie attendront encore. Ce gouvernement, dit de transition, mais pensé pour durer dix ans par ses concepteurs, n’a pas su trouver suffisamment de consensus sous cette législature pour prendre ces sujets à bras-le-corps.
Bien sûr, les crises sanitaire et énergétique, n’ont pas aidé. Cependant, elles n’excusent pas tout. Au crépuscule de la mission de la Vivaldi, il reste de grandes interrogations pour l’avenir. D’ailleurs, si nous avons commencé par saluer l’effort budgétaire de 0,2% du PIB qui a été réalisé, nous nous devons de conclure par une mise en garde. Car, en 2025 et 2026, l’effort prévu pour revenir dans les clous du Pacte de stabilité sera de 0,8% du PIB.
"Nos finances publiques s’améliorent", a assuré ce mardi Alexander De Croo à la Chambre. Il a raison, mais attention: le respect de la trajectoire qui doit porter notre déficit à 2,9% du PIB en 2026 impliquera encore des décisions fortes. De telles décisions ne pourront être prises que par un gouvernement de plein exercice, ce que la perspective d’un blocage politique après les élections rend hypothétique. Avec un exécutif longuement en affaires courantes, nous risquons à nouveau d’assister à un dérapage budgétaire, lequel réduirait à néant les efforts fournis sous cette législature. Soyons clairs: la Belgique ne peut pas s’offrir le luxe d’être à nouveau paralysée 500 jours. Hommes et femmes politiques feraient bien de garder ceci en tête.
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