Wallonie, terre de biotechs toniques
Pour s'ériger en havre numérique du secteur médical, la Wallonie ne fait pas que soutenir les biotechs locales: le gouvernement va créer une plateforme de centralisation des données médicales.
Un petit investissement pour la Wallonie, un grand pas pour la santé publique? L’initiative du gouvernement wallon visant à créer une plateforme unique de traitement de données médicales est en tout cas de nature à marquer les esprits. Ne fût-ce que par son caractère prometteur.$
Certes, on pourra toujours mégoter sur la modestie des moyens (1,2 million d’euros) mis sur la table, qui s’apparentent à une goutte dans l’océan des investissements consentis par les Gafa, les quatre géants incontournables du web.
Mais l’essentiel, à ce stade, c’est d’amorcer la pompe. Et d’ouvrir des perspectives, aussi bien pour les acteurs de santé publique que pour les entreprises actives dans les biotechnologies et les technologies médicales.
Une plateforme unique permettra en effet de constituer une masse de données rassemblées dans le big data et appelées à s’étendre au fil du temps. Tout bénéfice pour les entreprises du secteur, qui pourront ainsi mieux cibler leurs axes de développement, et pour les services publics de santé, qui ne peuvent que gagner en efficacité opérationnelle et financière. Tout profit aussi pour les caisses de santé publique, qui devraient être moins sollicitées.
En novembre dernier, Pierre Rion, président du Conseil du Numérique (CdN) et du fonds numérique W.IN.G., clamait dans nos colonnes son objectif de faire de la Wallonie une terre du numérique.
Avec l’émergence régulière de start-ups plus innovantes les unes que les autres, la Wallonie s’apparente déjà de plus en plus à une Silicon Valley des biotechs.
Deuxième exportateur européen de produits pharmaceutiques, la Belgique peut s’appuyer sur un tissu universitaire performant et sur un régime d’aides publiques à la recherche qui attirent de gros acteurs étrangers.
Quoi de plus logique, dès lors, qu’intégrer l’intelligence artificielle dans cet écosystème?
Le pays n’est sans doute pas un acteur de pointe dans ce domaine, mais il n’est pas trop tard pour monter dans le train, d’autant que l’IA n’en est encore qu’à ses débuts.
À l’heure où la médecine personnalisée se développe de plus en plus, nécessitant des méthodes de diagnostic plus fines et des masses de données toujours plus importantes, il serait malvenu de passer à côté de cette évolution majeure.
Figure de proue de la révolution industrielle au XIXe siècle, la Wallonie, encombrée par une industrie lourde obsolète, a loupé l’occasion de se reconvertir dans les années 70 et 80.
Une nouvelle chance s’offre aujourd’hui à elle. L’Institut Analytique de Santé (INAH) n’est qu’un premier jalon. Le secteur privé est déjà sur la balle, il n’y a pas de raison que les pouvoirs publics n’embraient pas en poussant plus loin les initiatives.
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