Quel avenir pour Twitter?

Twitter est un canal crucial d'informations. On peut y trouver en une journée plus d'idées originales de la part de personnes inconnues qu’en écoutant plusieurs mois de conférences à Washington.

Dans le même temps, Twitter a toujours eu ses aspects laids et dangereux: la pensée de groupe, l'imposition de la conformité, la diffusion intentionnelle de la désinformation. Les gens y subissent des dommages psychiques sous des torrents d'insultes qui prolifèrent parfois brusquement.

En tant qu'individus, nous pouvons compenser ces risques en gérant nos propres comptes avec prudence: en choisissant soigneusement les personnes à suivre, en supprimant les personnes qui se comportent mal ou qui désinforment, en limitant la messagerie directe afin qu'elle ne soit pas utilisée pour des menaces et du harcèlement, en réglant les notifications pour éviter les interactions indésirables.

Mais les individus ne peuvent pas tout faire eux-mêmes. Ils ont besoin d'un soutien institutionnel. Cela n'a jamais été une spécialité de Twitter, et Musk donne des raisons de craindre qu'il ne nuise encore davantage au site. Il a pour ambition de tirer des revenus de Twitter, une attente raisonnable; le site est une entreprise, mais sa première idée est très mauvaise: faire payer la vérification des comptes. Musk semble considérer la procédure de vérification comme une marque de prestige. Ce n'est pas le cas. C'est un outil crucial contre les abus.

À l'heure actuelle, vous pouvez consulter les comptes vérifiés des agences d'État et être certain qu'elles sont bien qui elles prétendent être. Mais que se passera-t-il si un farceur crée un compte d'apparence officielle, paye 8 dollars par mois pour le vérifier, puis lance des rumeurs? Qu'est-ce qui empêchera de créer des comptes sous un faux pavillon, de les vérifier et de les utiliser à des fins malveillantes? Préparez-vous à voir de faux comptes vérifiés diffuser de la propagande russe, chinoise ou saoudienne, vendre de fausses vidéos de sexe de célébrités, des médicaments de pacotille et des plans d'investissement foireux.

Ceux d'entre nous qui publient sur Twitter sont des générateurs de contenu dont les interactions produisent des revenus qui font du site une entreprise. Cela fait de nous des parties responsables de ce que Twitter deviendra. Ainsi, si Musk adapte Twitter de manière à servir les intérêts de forces antidémocratiques, nous pourrions finir par collaborer à la subversion de nos plus grands idéaux. Ce n’est toutefois pas encore l’heure de couper le cordon. Il faut toujours espérer le meilleur. Mais aussi se préparer au pire.

Cette tribune publiée dans The Atlantic a été traduite et résumée par nos soins.