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Revue de presse | L'ombre inquiétante des milliardaires sur la démocratie américaine

Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, est aussi le propriétaire du quotidien américain The Washington Post. ©Getty Images via AFP

Revue de presse du quotidien néerlandais de Volkskrant.

La semaine dernière, une caricature, pourtant plutôt factuelle, n’a pas trouvé sa place dans les colonnes du Washington Post. On pouvait y voir, outre Mickey, quatre milliardaires tenant des sacs d'argent, prosternés devant une statue de Donald Trump. Parmi eux figurait Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, qui s’est engagé à verser un million de dollars pour financer la cérémonie d’investiture de Trump; Jeff Bezos qui est aussi le propriétaire du quotidien américain.

La caricature a été rejetée et la dessinatrice Ann Telnaes, lauréate du prix Pulitzer et associée au journal depuis des années, a démissionné.

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Dessin refusé d'Ann Telnaes dans The Washington Post.
Dessin refusé d'Ann Telnaes dans The Washington Post. ©ANN TELNAES

Bien que l'éditeur en charge de la rubrique opinion affirme que l'un n'a rien à voir avec l'autre, il semble qu'il y ait eu ici pour le moins de l'autocensure. Ne mettons pas trop à dos notre futur dirigeant...

On ne sait pas, en réalité, si Jeff Bezos est intervenu, mais il y a peu de temps, il était intervenu en faveur de Donald Trump. C'était juste avant l'élection, lorsqu'il a empêché le journal de publier une recommandation de vote pour Kamala Harris.

Les leaders autoritaires n’acquièrent pas la majorité de leur pouvoir en le prenant de force, mais bien parce qu’on le leur offre sur un plateau.

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L'obéissance anticipée

La caricature rejetée est révélatrice d'une évolution inquiétante: la réaction instinctive des puissants entrepreneurs (des médias) face au nouveau locataire de la Maison-Blanche.

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L’historien Timothy Snyder qualifie ce phénomène d""obéissance anticipée" dans son ouvrage On Tyranny. "Ne soyez pas obéissants par avance. Les citoyens qui se conforment ainsi ne font que révéler aux dirigeants jusqu’où ils peuvent aller." Selon Snyder, les leaders autoritaires n’acquièrent pas la majorité de leur pouvoir en le prenant de force, mais bien parce qu’on le leur offre sur un plateau.

Jeff Bezos n’est du reste pas le seul à avoir fait un don d’un million de dollars au fonds d’investiture de Donald Trump. Sam Altman (OpenAI), Mark Zuckerberg (Meta) et, selon certaines sources, Tim Cook (Apple) ont également fait ce geste symbolique. De son côté, le milliardaire de l’industrie pharmaceutique Patrick Soon-Shiong a retiré la recommandation de vote de son journal, le Los Angeles Times. Par ailleurs, ABC News, propriété de Disney, a préféré régler à l’amiable un procès en diffamation intenté par Donald Trump.

Si les médias et les entreprises technologiques cèdent également, c'est toute la démocratie qui risque de s’effondrer.

Les derniers garde-fous

En théorie, les tendances autocratiques des présidents peuvent être freinées par des contre-pouvoirs démocratiques et institutionnels, tels que leur parti, le Parlement, le système judiciaire, la Cour suprême, la fonction publique et les médias. Il y a huit ans, l’espoir que Donald Trump resterait dans certaines limites reposait sur ces "garde-fous".

Mais aujourd’hui, après l’échec de deux procédures d’impeachment, trois procès sans suite intentés contre Donald Trump, l’immunité quasi totale que lui a accordée la Cour suprême et le remplacement de nombreux fonctionnaires par des fidèles, les médias et les entreprises technologiques pouvaient encore jouer un rôle, grâce aux idéaux qu'ils propagent. Si ces derniers cèdent également, c'est toute la démocratie qui risque de s’effondrer.

Ce commentaire publié dans de Volkskrant a été traduit et résumé par nos soins.

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