La réglementation européenne sur les piles et batteries introduit des changements majeurs dans la collecte, le recyclage et la réutilisation de tous les types de piles et batteries usagées, ainsi que dans la production et la distribution de nouvelles piles et batteries. Chez Bebat, Wim Willems et Philippe Decrock analysent l’impact de cette réglementation sur le secteur belge des piles et batteries et sur le fonctionnement de leur organisation. “Nous voulons continuer à être leader européen en matière de collecte de piles et batteries usagées dans les années à venir.”
La nouvelle réglementation européenne sur les piles et batteries vise à rendre toute la chaîne de valeur plus durable. Outre la collecte et le recyclage, elle met davantage l’accent sur la réutilisation des matériaux et la circularité des matières premières.
En Belgique, Bebat dépasse d’ores et déjà les exigences européennes en matière de collecte des piles et batteries portables. “Nous devons atteindre un objectif de collecte de 63% des piles et batteries portables d’ici à 2027, mais nous sommes déjà à 60,3%, ce qui fait de nous le leader en Europe”, avance Wim Willems, Director HR & Legal chez Bebat.
2030: sensibilisation, collaboration et flux perdus
Nous sommes déjà à 60,3% de collecte, ce qui fait de nous le leader en Europe.
L’objectif le plus ambitieux est fixé à 2030, avec un taux de collecte de 73% pour toutes les piles et batteries usagées. La montée en puissance des batteries au lithium dans les appareils portables, smartphones et autres ordinateurs portables complique la tâche. “Les batteries au lithium sont plus difficiles à collecter, car elles restent souvent dans les appareils ou disparaissent via des circuits de seconde main”, précise Philippe Decrock, Legal & Public Affairs Manager chez Bebat.
Pour relever ce défi, Bebat mise sur la sensibilisation afin d’augmenter les taux de collecte. Plus les gens sont conscients de l’importance de rapporter leurs piles et batteries usagées dans les points de collecte, plus il sera possible d’en recycler. Il est également crucial de rappeler que de nombreux appareils du quotidien contiennent une pile ou batterie, parfois très petite, comme une pile bouton dans une carte de vœux.
Par ailleurs, Bebat collabore avec Recupel et Eucobat (la fédération européenne des organismes de récolte des piles et batteries) pour mieux identifier les flux perdus. “Ces flux correspondent aux piles et batteries usagées qui échappent à notre collecte, par exemple à cause de l’exportation ou d’un stockage prolongé à domicile”, éclaire Philippe Decrock.
Bebat plaide pour une approche plus réaliste afin d’atteindre l’objectif de 73%. “Nous voulons nous concentrer sur ce qui est réellement disponible pour la collecte: les piles et batteries que des organisations comme la nôtre peuvent effectivement récupérer, en tenant compte des réalités du marché. Nous ne pouvons collecter que les piles et batteries accessibles, et non celles qui restent coincées dans des appareils non démontables – brosses à dents électriques, iPhones, écouteurs, etc. – ou qui sont conservées pour des raisons sentimentales.”
Recyclage: des normes plus strictes et une transparence accrue
Nous collaborons avec des organisations comme Recupel et Eucobat pour mieux identifier les flux perdus.
Enfin, la réglementation impose des exigences plus strictes aux entreprises de recyclage. Celles-ci doivent atteindre des taux d’efficacité supérieurs et récupérer davantage de matières premières, comme le cobalt, le nickel et le manganèse, avec, à la clé, des coûts supplémentaires. “Nos partenaires en recyclage doivent optimiser leurs processus, ce qui impacte leur modèle économique”, prévient Wim Willems.
Parallèlement, Bebat approfondit ses connaissances sur la composition des piles et batteries. “En comprenant mieux les matériaux rares qu’elles contiennent, nous sommes mieux armés pour négocier avec les entreprises de recyclage”, conclut Philippe Decrock.
La réglementation fixe des objectifs spécifiques pour les batteries des véhicules électriques légers: vélos, trottinettes, scooters, etc. D’ici à 2028, 51% de ces batteries devront être collectées.
“Si Bebat entretient des liens étroits avec le secteur du vélo, le marché reste difficile à monitorer”, indique Philippe Decrock. “Beaucoup de ces batteries ont une longue durée de vie, sont réparées ou exportées avec le vélo, ce qui complique l’estimation des chiffres de collecte.” Bebat continue néanmoins de collaborer avec les fabricants et les distributeurs pour atteindre cet objectif.
La montée en puissance rapide des VE, qu’il s’agisse de voitures, de bus, de trains voire de bateaux, pose également de nouveaux défis.
“D’ici à 2030, le poids des batteries de VE usagées collectées dépassera celui des piles et batteries portables”, affirme Wim Willems. Bebat se prépare à cette croissance en développant des technologies pour tester, démonter et réutiliser ces batteries. “Une seconde vie possible pour les batteries de VE pourrait être leur utilisation dans des systèmes stationnaires de stockage d’énergie solaire.”