Agir sur chaque étape, depuis la graine de coton: telle est la conviction de Jean Chabert, fondateur de Stanley/Stella. Son entreprise, créée voici bientôt 12 ans, produit des vêtements personnalisables en coton bio. Elle tisse pour cela des liens de confiance avec toute sa chaîne de production. Son succès fulgurant montre que l’on peut prospérer loin des dérives de la “fast-fashion”.
“Nous nous définissons comme un game-changer”, confie Jean Chabert, CEO de Stanley/Stella. “Quand je suis né, voici 62 ans, la planète comptait deux milliards d’habitants. Aujourd’hui, nous sommes huit milliards: on doit s’adapter à cette réalité et cesser d’épuiser les ressources. Les activités humaines ne peuvent pas arriver à ‘zéro impact’, mais il faut améliorer tous les paramètres, sans cesse et dans la transparence. Là réside notre engagement, matérialisé par une charte signée en 2022. Pour cela, nous maîtrisons tout notre écosystème, en misant sur l’humain, sur la confiance.”
La société, sise à Bruxelles, commercialise en B2B des vêtements “vierges” pour servir de supports de communication. Les clients de Stanley/Stella offrent souvent les T-shirts, sweat-shirts et hoodies à leurs propres clients, après les avoir fait floquer, imprimer ou broder. “Dans cette industrie du ‘giveaway’, nous arrivons avec des prix au moins 50% plus élevés que la moyenne, mais aussi avec une qualité supérieure et un respect des personnes”, reprend l’entrepreneur.
Coton bio: moitié moins gourmand en eau
Sur les 220 salariés de Stanley/Stella, une quinzaine sont affectés directement ou indirectement à la soutenabilité. Certains sont spécialement chargés de veiller au respect des engagements de la société, notamment en matière de conditions de travail et de sécurité, sur les sites de fabrication. La société achète son coton bio – non-OGM, sans pesticides, consommant jusqu’à 70% d’eau de moins que le conventionnel – en Inde, en Tanzanie et en Turquie. Puis, tout au long de la chaîne, la société s’engage sur le long terme avec ses partenaires et travaille à minimiser ses impacts. Ainsi, dans le hangar de stockage en Allemagne, équipé de panneaux photovoltaïques, 90% des conteneurs arrivent en péniche, le mode de transport le moins polluant.
“Nous devons tous, collectivement, rester réalistes”, prévient Jean Chabert. “D’autant que, pour les entreprises, rester viables implique de maintenir une profitabilité. En matière de textile, on consomme forcément des ressources. Alors, on réfléchit à tous les impacts. Nous avons maintenu notre activité de décoration des textiles en Europe, même si cela coûte plus cher. Les eaux usées contenant les encres et teintures sont retraitées et réutilisées. En revanche, pour l’instant, nous ne pouvons modifier la génération d’électricité par le gaz au Bangladesh. On évalue la volonté du pays d’avancer en la matière; en attendant, on compense ce qu’on ne peut pas éviter.”
Développement aux États-Unis
“La confiance se trouve aussi au cœur d’une bonne relation avec les banques”, poursuit Jean Chabert. “J’ai dirigé plusieurs entreprises auparavant, et j’ai compris que la difficulté majeure réside dans la disponibilité du cash. Au début, on ne se rémunère pas, on subit des retards sur les factures – on grignote même son patrimoine, dans mon cas; je n’ai pas recouru au crédit pendant les neuf premières années, j’ai été longtemps actionnaire à 100%. Puis j’ai ouvert mon capital à hauteur de 40% et sollicité des lignes de crédit auprès de BNP Paribas Fortis. Nous nous connaissons bien et je n’ai pas besoin de leur expliquer mes contraintes, ils maîtrisent le secteur. Ils cofinancent le stock, nous fournissent une solution de factoring, soutiennent notre développement aux États-Unis, etc.”
L’entreprise espère s’implanter prochainement au Japon et en Corée du Sud. Stanley/Stella a plus que doublé son chiffre d’affaires pour atteindre, en 2023, 170 millions. “Notre principale richesse ne se voit pas dans le bilan: ce sont les gens!”, conclut Jean Chabert.