Les investissements durables en actions nous sont désormais familiers. Degroof Petercam Asset Management applique déjà les critères ESG – environnementaux, sociaux et de gouvernance – sur une partie de son expertise en actions. Qu'en est-il des obligations? “Ce qui est réalisable pour des actions l’est aussi pour des obligations”, répond Ophélie Mortier, Responsible Investment Strategist chez DPAM.
Le marché obligataire se tourne résolument vers la durabilité. La popularité des green bonds est un signe qui ne trompe pas. “Les émetteurs de ces obligations vertes ne sont pas nécessairement des entreprises ‘vertes’ à proprement parler, mais l’argent qu’ils collectent de cette manière sert exclusivement à financer des projets concrets et écologiques: la construction de parkings pour vélos, de parcs éoliens, de biens immobiliers à faible consommation d’énergie, etc.”, pointe Peter De Coensel, CIO Fixed Income chez Degroof Petercam Asset Management (DPAM). “Malheureusement, ces green bonds ne représentent pas (encore) un pour cent du marché obligataire total. Ils ne suffiront donc pas pour assurer la transition vers un monde durable.”
Enablers et challengers
“Pour permettre la décarbonisation et asseoir la durabilité, nous avons décidé d’aller plus loin que les seuls green bonds”, prolonge Ophélie Mortier, Responsible Investment Strategist chez DPAM. “Notre univers d’investissement accorde une place aux obligations de climate enablers et de climate challengers. Les premiers désignent des entreprises qui fournissent des produits et services innovants dans le recyclage, le stockage de l’énergie et l’efficacité énergétique, la fabrication d’éoliennes, etc. Sous la seconde appellation, on trouve les entreprises et les États qui déploient des efforts significatifs dans la transition vers un monde à plus faibles émissions.”
Même des secteurs qui sont parfois à l’opposé de cette transition peuvent receler des climate challengers. “L’industrie automobile, la chimie et l’énergie, pour ne citer qu’eux, font face à d’importants défis dans la recherche d’une plus grande durabilité”, illustre Peter De Coensel. “Chez DPAM, nous refusons toute hypocrisie. Nous n’observons pas uniquement ce que font les entreprises et les États aujourd’hui, mais aussi l’orientation qu’ils prennent. On peut dire: nous n’investissons pas dans le secteur automobile en raison des émissions de CO2. Mais aussi: certains constructeurs automobiles investissent massivement dans le développement de voitures électriques, et nous allons par conséquent les soutenir dans cette transition. Chez DPAM, nous optons pour cette seconde vision.”
“Chez DPAM, nous refusons toute hypocrisie. Nous ne regardons pas uniquement ce que font les entreprises et les États aujourd’hui, mais aussi la direction qu’ils prennent.”
Nouer le dialogue plutôt que de punir tout un secteur: “Cela relève de notre responsabilité. C’est pourquoi DPAM soutient Climate Action 100+, une organisation d’investisseurs institutionnels qui pousse les plus grands émetteurs de CO2 au monde à prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement de la planète.”
Pionnier dans les obligations
“Voici 12 ans, nous avons fait œuvre de pionniers en développant des indicateurs ESG pour les obligations des pays membres de l’OCDE”, embraie Ophélie Mortier. “Pour cela, nous avions fait appel à un panel d’experts indépendants. Ce panel se réunit encore régulièrement pour jeter un regard critique sur nos indicateurs ESG. Nous sommes des spécialistes de la gestion active, non du climat. C’est pourquoi nous sommes constamment assistés par des partenaires issus de la recherche académique dans la biodiversité, le changement climatique, les migrations climatiques... Et nous sommes ouverts à des opinions à contre-courant.”
“Nous sommes des spécialistes de la gestion active, non du climat. C’est pourquoi nous sommes assistés par des experts académiques de la biodiversité, du réchauffement climatique, des migrations climatiques, etc.”
Après les obligations d’État des pays membres de l’OCDE en 2007, DPAM a développé des indicateurs ESG pour les obligations d’État des pays émergents en 2013 et les obligations d’entreprises en 2015. Une transition qu’apprécient de plus en plus les investisseurs. DPAM gère 3,6 milliards d’euros en obligations sélectionnées selon les paramètres ESG, soit près de 40% du portefeuille complet des obligations gérées. “C’est ainsi que nous combinons nos nombreuses années d’expertise des obligations et des investissements durables au sein d’une seule et même stratégie.”