Les chefs d’entreprise chevronnés Yves Noël (ancien CEO et président de NMC) et Rik Jacob (ancien CEO d’Ardo Group) livrent leur vision de l’entrepreneuriat durable et de ses implications sociales, organisationnelles et stratégiques. “De plus en plus d’entreprises adoptent des stratégies durables non parce qu’elles y sont obligées mais parce qu’elles y croient.”
Les organisations socialement responsables accordent une place de choix aux problèmes sociaux, éthiques et environnementaux dans leur stratégie, idéalement en collaboration avec leurs parties prenantes. Elles créent ainsi un maximum de valeur pour tous, leurs actionnaires comme la société. Et parallèlement, elles participent à la réduction voire à la prévention de conséquences négatives pour leurs activités.
Petits-enfants
“À mes yeux, l’entrepreneuriat durable revient à assurer l’avenir des générations futures”, confie Yves Noël, ancien CEO et président du spécialiste industriel des mousses synthétiques NMC, et membre du jury Best Managed Companies. “C’est possible en s’organisant de manière à ce que nos activités contribuent à améliorer l’environnement et à offrir de meilleures conditions de vie à la population. Personnellement, j’ai envie que mes petits-enfants puissent dire plus tard que j’ai pris les bonnes décisions en matière de durabilité lorsque j’étais chef d’entreprise.”
Les entreprises doivent faire ce qu’elles disent et tenir leurs promesses en matière de durabilité via le reporting et l’établissement de mesures et de KPI.
Rik Jacob, ancien CEO du groupe mondial spécialisé en légumes, fruits et herbes aromatiques surgelés Ardo Group, membre actif de plusieurs conseils d’administration et lui aussi membre du jury Best Managed Companies, partage ce point de vue. “Ma définition de l’entrepreneuriat durable est l’ambition de respecter les 17 ODD (Objectifs de développement durable, NDLR) des Nations Unies. Soit un plan d’action pour développer la planète et l’humanité de manière aussi durable que possible sur les plans économique, social et écologique.”
Indispensable
L’entrepreneuriat durable exige une gestion ciblée, cependant. “Les entreprises doivent commencer par se mettre d’accord avec leurs parties prenantes sur leurs ambitions liées à la durabilité”, prévient Yves Noël. “Avec leurs actionnaires, bien sûr, mais aussi avec leurs collaborateurs, leurs clients et leur entourage.”
Lorsque cette base est en place – et alors seulement – cela a du sens de “mesurer” la durabilité. Rik Jacob acquiesce: “Les entreprises doivent faire ce qu’elles disent et tenir leurs promesses en matière de durabilité. La seule façon de prouver leur bonne foi est le reporting et l’établissement de mesures et de KPI.”
L’entrepreneuriat durable est de moins en moins une option: elle est incontournable. La durabilité est désormais indispensable dans le monde des affaires, estiment les deux chefs d’entreprise.
Green Team
“Dans la guerre des talents aussi, la durabilité n’est plus simplement un terme à la mode”, poursuit Rik Jacob. “Les jeunes générations s’attendent à ce que leur employeur consente des efforts stratégiques pour rendre le monde meilleur. Sinon, elles n’arrivent pas à construire un lien avec leur entreprise et ne trouvent pas de sens à leur travail.”
Yves Noël souscrit à cette vision: “Notre organisation s’est dotée d’une Green Team dont de nombreux jeunes souhaitent spontanément faire partie. La durabilité est l’un des facteurs qui incitent les jeunes à s’intéresser à notre entreprise et à poser leur candidature.”
Pour Rik Jacob, les start-up ont toutes les cartes en main pour intégrer la durabilité dès leur création. “Elles partent de zéro et peuvent rapidement aligner leurs projets sur leurs ambitions de soutenir la durabilité.”
Si je devais lancer une nouvelle entreprise aujourd’hui, je mettrais sans aucun doute les ambitions en faveur de la durabilité au tout premier plan.
Ajustements
C’est un avantage dont ne bénéficient pas les grandes organisations bien établies et qui doivent à présent changer de cap ou du moins procéder à des ajustements. “Si je devais lancer une nouvelle entreprise aujourd’hui, je mettrais sans aucun doute les ambitions en faveur de la durabilité au tout premier plan”, pointe Yves Noël.
Il est vrai néanmoins que les grandes entreprises peuvent avoir un impact plus important sur la planète, ne fût-ce que par leur taille. “Grâce notamment aux processus de production circulaires et à l’utilisation de matériaux recyclés, notre entreprise ne génère pratiquement plus de déchets”, illustre Yves Noël.
Rik Jacob abonde: “Quelque 76% de tous les produits commercialisés par Ardo ne contiennent aucun pesticide. C’est un progrès majeur.”