La mobilité intelligente est une nécessité pour alimenter l’emploi et l’activité économique à Bruxelles. Le leasing de vélos, les nouveaux modes de partage de voitures et l’usage flexible des transports publics sont autant de solutions au problème croissant des embouteillages.
L’an dernier, les automobilistes ont passé en moyenne 39 heures à l’arrêt dans le trafic bruxellois. Les heures de pointe ne cessent de s’étendre. À hauteur de Jette – l’endroit le plus embouteillé de notre pays – le trafic est lent pendant la quasi-totalité de la journée. Une partie importante de ce trafic est causée par les navetteurs.
Si l’on ne prend pas de mesures, le problème grandissant des embouteillages freinera l’entrepreneuriat et l’emploi dans la capitale, craint Kristof Huysecom. Expert chez KBC, il conseille les entreprises, les administrations publiques et les clients pour tout ce qui touche à la mobilité intelligente. "À Bruxelles, il manque une approche globale en termes de mobilité, à l’inverse de villes comme Gand, Anvers et Hasselt. Les travaux sur routes ne sont pas toujours coordonnés de manière optimale. Pensez aux nombreux travaux dans les tunnels et aux interventions autour du boulevard Reyers." Hélas, le vélo n’est pas encore très apprécié à Bruxelles; on laisse ainsi échapper de nombreuses possibilités sur courte distance.
Mobilité douce
Les entreprises sont confrontées de plus en plus durement au problème de la congestion du trafic dans notre capitale. Selon Kristof Huysecom, il faut améliorer cette congestion en recherchant des solutions de mobilité intelligente. "Travailler de manière décentralisée est certainement une idée. Si un plus grand nombre de personnes travaillent occasionnellement ou régulièrement à domicile, nous décongestionnerons les routes de Bruxelles. Les entreprises devraient également envoyer un signal positif à leurs collaborateurs en encourageant l’utilisation du vélo. Par exemple, à partir d’une gare ou d’un parking pour navetteurs."
"Ces dernières années, les entreprises ont massivement encouragé le vélo dans les rangs de leurs collaborateurs".
Les carrefours dangereux et le manque de passages pour piétons empêchent cependant le vélo de s’imposer à Bruxelles. Pour rendre ce moyen de transport plus agréable, il faut opérer un revirement vers une infrastructure pour vélos plus efficace et plus sûre. "Cela dit, les entreprises ne sont pas restées les bras croisés. Ces dernières années, elles ont massivement encouragé le vélo dans les rangs de leurs collaborateurs. Le leasing de vélo, dans ce cadre, connaît un essor particulier."
Ce système consiste à louer un vélo pendant une période déterminée, souvent trois ans. Le prix comprend l’usage d’un vélo au choix, un entretien annuel, une assurance pour dommages et vol, mais aussi une assistance en cas de panne. Des avantages financiers y sont par ailleurs liés: pour un avantage en nature mensuel net de 25 euros, le salarié a le droit d’utiliser un vélo d’une valeur en magasin de quelque 2.000 euros.
"Pour l’employeur, cette solution n’a aucune incidence sur le budget. Le salarié a accès au vélo de son choix. Les fabricants locaux de vélos se chargent des réparations et de l’entretien. Et le trafic urbain est décongestionné. Cette formule fonctionne bien, à en croire les statistiques un an après son lancement. Ces derniers temps, un millier de deux-roues supplémentaires rejoignent la route chaque mois."
Multi-modalité
Le carpooling classique a atteint un plafond, estime Kristof Huysecom. En outre, de nouvelles utilisations de la voiture répondent aux formes contemporaines de travail, avec des horaires et des lieux de travail toujours plus flexibles. "Le partage de la voiture doit tenir compte de l’agenda des utilisateurs, du trafic et même de la météo. Autrement dit, le moment doit être bien choisi! Des systèmes tels que Cambio, DriveNow et Poppy, récemment lancé à Anvers, surfent sur ces besoins inédits. Ils constituent une alternative à la voiture – de société ou non – qui reste à la maison."
Les entreprises et les salariés qui souhaitent organiser de manière encore plus flexible leur transport peuvent opter pour la formule Olympus. "Avec cette application pour smartphone, les utilisateurs basculent librement, à tout moment et à partir de n’importe où, entre le train, le vélo, le bus, le tram et la voiture partagée. Il s’agit d’une application de "mobilité en tant que service", souligne Kristof Huysecom. "Il est naturellement essentiel d’avoir un bon planificateur de parcours, qui définisse le plus efficacement possible chaque trajet d’un point A à un point B. Cette application a le potentiel d’amorcer un changement de mentalité dans le parcours entre le domicile et le lieu de travail. À condition que les salariés et les employeurs prennent conscience que la voiture de société n’est pas nécessairement la solution la meilleure et la plus rapide, nous pourrons désamorcer le problème des embouteillages à Bruxelles."
Enfin, il reste une mesure importante pour résoudre le problème de la mobilité à Bruxelles et, par extension, dans tout le pays: "L’État n’a pas la possibilité d’exploiter l’avantage en nature afin de proposer, par exemple, un vélo en leasing à ses salariés. C’est un potentiel énorme qui est ainsi perdu. Imaginez que le personnel d’hôpitaux, d’écoles, d’universités et d’administrations locales puisse profiter d’un tel système: l’impact sur notre mobilité serait considérable."