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Les e-fuels, une alternative valable à l’électricité?

L’Europe souhaitait interdire la vente de voitures neuves équipées de moteurs à combustion à partir de 2035. Sous la pression de l’Allemagne en particulier, elle autorisera malgré tout la vente de voitures roulant aux carburants synthétiques. De quoi parle-t-on exactement? Et ces e-fuels représentent-ils une réelle alternative écologique à la voiture électrique?

“Nous avons conclu un accord avec l’Allemagne sur l’usage futur des e-fuels dans les voitures. Nous allons nous occuper sans tarder des réglementations sur les nouvelles normes de CO2 pour les voitures.” Ainsi tweetait le 25 mars 2023 Frans Timmermans, responsable du Green Deal au sein de la Commission européenne, qui doit veiller à ce que l’Europe soit climatiquement neutre à l’horizon 2050. Un des fers de lance de ce plan est la transition vers les voitures “zéro émission”.

La décision d’interdire en Europe la vente de voitures à combustion à partir de 2035 s’est heurtée à la résistance de nombreux pays, parmi lesquels l’Allemagne, l’Italie et la Pologne. Finalement, un compromis a été trouvé: les voitures à combustion resteront autorisées après 2035, à condition qu’elles utilisent du carburant synthétique, neutre en carbone, aussi appelé e-fuel.

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Si l’Allemagne a gagné une bataille, elle n’a pas peut-être pas encore gagné la guerre. Car l’Europe ne fixera les dispositions précises concernant les e-fuels qu’au plus tard à l’automne 2024. Il reste donc à voir quelles conditions y seront attachées.

Respect de l’environnement

Les voitures actuelles à combustion peuvent rouler avec des carburants synthétiques. C’est une bonne nouvelle pour l’environnement. Au lieu de produire de nouvelles voitures (électriques ou non), nous pourrions continuer à utiliser le parc automobile existant pendant des années. L’Europe doit cependant trouver un moyen de distinguer les carburants synthétiques des carburants fossiles pour éviter que les automobilistes continuent à consommer des carburants polluants, sources d’émissions de CO2.

1,3 milliard
de véhicules
On compte plus de 1,3 milliard de véhicules à combustion dans le monde. Les e-fuels offrent aux propriétaires de ces voitures une alternative neutre en carbone.

Les avis sont toutefois partagés quant à l’innocuité réelle des e-fuels sur l’environnement. Plusieurs études, notamment celle de l’ONG Transport & Environment, indiquent que, si cette solution apporte une amélioration par rapport aux carburants fossiles, elle est moins durable que les voitures électriques.

“Pour que l’on puisse parler de carburants ‘zéro émission’, il faut qu’ils soient produits au moyen d’énergie renouvelable”, indique Mark Pecqueur, professeur de technologie automobile à la haute école Thomas More. Ce principe vaut bien entendu aussi pour les voitures électriques, où l’on a tendance à oublier la façon dont l’électricité est produite. “Les voitures roulant à l’e-fuel émettent localement du CO2, certes, mais celui-ci est compensé par le dioxyde de carbone capté pour la fabrication du carburant synthétique (lire l’encadré). Et comme la nouvelle norme d’émission Euro 7 est très stricte pour les moteurs à combustion, le niveau d’émission est très faible.”

Usine-pilote de Porsche

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Si l’on en croit Mark Pecqueur, il est très possible de produire des e-fuels à grande échelle: “Vous avez surtout besoin d’une grande quantité de vent pour produire de l’électricité verte, ce qui est parfaitement possible en Arabie saoudite par exemple.” Le constructeur allemand de voitures de sport Porsche, qui préfère éviter de devoir électrifier sa légendaire 911, mène actuellement des recherches en matière d’e-fuel et a ouvert, à la fin de l’année dernière, une usine-pilote à Punta Arenas. Cet endroit situé dans le sud du Chili n’a pas été choisi par hasard: le vent y souffle 270 jours par an, ce qui permet aux turbines de produire beaucoup d’énergie.

“Les e-fuels sont surtout intéressants pour les régions à bas revenus. Chez nous, ce pourrait être une solution pour les voitures de collection.”

Mark Pecqueur
professeur de technologie automobile

“Le potentiel des e-fuels est immense”, estime Michael Steiner, responsable de la R&D chez Porsche. “On compte aujourd’hui plus de 1,3 milliard de véhicules à combustion dans le monde. Une bonne partie d’entre eux rouleront encore sur nos routes pendant des décennies. Les e-fuels offrent aux propriétaires de ces voitures une alternative neutre en carbone.”

Pour ou contre?

Si Porsche se montre très enthousiaste, ce n’est pas le cas de nombreuses autres marques. Du moins, pas publiquement. Ola Källenius, CEO de Mercedes-Benz, qualifie les voitures électriques de “techniquement supérieures”. Thomas Schäfer, CEO de Volkswagen (pourtant maison-mère de Porsche), considère les carburants synthétiques comme une “technologie dépassée” et qu’y investir massivement est une perte de temps et d’argent.

Mark Pecqueur ne pense pas que les voitures roulant au carburant synthétique freineront la transition électrique en Europe. “Les e-fuels sont surtout intéressants pour les régions à bas revenus. Prenez l’Afrique, qui ne passera pas immédiatement aux voitures électriques. Chez nous, en Belgique, ce pourrait être une solution pour les voitures de collection.”

À ses yeux, l’un n’exclut pas l’autre. “De nombreux gouvernements distribuent des subsides pour les voitures électriques, et les constructeurs misent sur ces aides. Volkswagen a beaucoup parié sur la transition électrique, entre autres sous la pression de la Chine, un marché important pour la marque allemande. Officiellement, les avis sur les e-fuels sont peut-être partagés, mais vous pouvez être certain que presque toutes les grandes marques misent sur plusieurs chevaux.”

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