"N'oublions pas : toutes les multinationales ont été des PME un jour"

“Par leur engagement au quotidien, par chacune de leurs actions, les entrepreneurs construisent une histoire : la leur et celle de l’entreprise”, lance Frédéric Bonan, CEO d’I-Deal, cabinet de conseil dont le siège est situé dans la région parisienne. “Parfois, ces histoires butent sur un obstacle, leur progression est bloquée par des difficultés financières, de marché, managériales… Nous connaissons et maîtrisons tous les leviers qui permettent de redémarrer l’histoire. Selon les cas, il s’agira d’une augmentation de capital pour financer la suite du développement, d’une acquisition, d’un rapprochement ou d’un adossement pour atteindre la taille critique, d’une cession...”

À ses yeux, les entreprises à succès remplissent trois critères : un patron ou une équipe dirigeante, un projet ou un marché, et de l’argent. “Il est rare que l’on dispose de ces trois dimensions en même temps. Ou du moins, du bon cocktail au bon moment. Or, tous les entrepreneurs savent que les vraies opportunités ne se présentent qu’une fois. C’est là que nous intervenons. Nous savons faire dialoguer deux cultures, deux univers qui ne se comprennent pas toujours: celui des patrons, le nez dans le guidon et les mains dans le cambouis, et celui des financiers, la tête dans les chiffres et notamment les yeux fixés sur la solidité du dossier et concentrés sur le retour sur investissement.”

Bien négocier les virages de son entreprise

“Toutes les multinationales ont commencé comme PME”, rappelle en souriant l’ancien CEO d’Altran et ancien Chairman d’Artur D. Little. “Une opération bien menée peut transformer une PME en un acteur incontournable sur son marché, autoriser un patron à se réaliser, lui apporter la fortune, voire lui offrir l’occasion de réaliser sa deuxième vocation grâce à une cession bien menée – par exemple, " s’il avait voulu être un artiste ". Cela s’entend, notamment parce que la vie d’un patron l’amène à exercer des métiers qu’il n’aime pas forcément : gestion administrative, fiscalité… Il faut connaître ses limites et ses points forts. Par exemple, certains chefs d’entreprise jouissent d’une capacité à s’entourer des meilleurs talents, en reconnaissant que des membres de leur équipe peuvent devenir plus performants qu’eux. Ne pas prendre ombrage de cette évolution, l’utiliser au service de l’entreprise, c’est une qualité remarquable.”

À Bruxelles, où I-Deal a ouvert des bureaux, l’équipe a trouvé un terrain passionnant, assure Frédéric Bonan : “L’ensemble du pays bénéficie d’une économie très active, avec un beau tissu de start-up, une vraie multiculturalité. Et d’une aptitude à se remettre en question qui constitue, pour moi, la clé essentielle du succès, avec l’envie d’avancer.”

Les difficultés de recrutement constituent actuellement le frein principal au développement des entreprises, souligne le consultant. “Une autre façon de nourrir la croissance réside dans l’acquisition d’une autre entreprise. Les taux étant bas et le marché regorgeant de liquidités, il n’est pas étonnant que les activités de cession-acquisition et d’augmentation de capital se trouvent en hausse ! Dans les six à douze mois qui viennent, le marché sera favorable au vendeur, car les valorisations ont augmenté de 30% depuis la pandémie de coronavirus.”

Une telle opération en capital est rare dans une vie d’entrepreneur, conclut Frédéric Bonan. “Même chez un serial entrepreneur, elle se produit tous les sept ans seulement. Or, c’est le fruit de votre travail. Il faut réunir les meilleures conditions pour projeter dans l’avenir l’entité humaine et économique que vous avez construite.”