Le satellite hyperspectral Prisma, qui a révolutionné notre façon d’observer la Terre, a été mis en orbite par l'Agence spatiale italienne. L’Italie est à l’avant-garde de l’innovation technologique. Et dans ce cadre, la Belgique représente pour elle une tête de pont naturelle.
Quels sont les atouts de l’Italie sur le plan technologique?
Notre pays est notamment à l’avant-garde de l'aérospatiale, un secteur éminemment stratégique. Et la Belgique constitue à ce titre une tête de pont naturelle. Ainsi, le centre spatial Telespazio, qui gère Galileo, le système de navigation satellitaire propre à l’UE, est implanté à Redu dans l’Ardenne belge. À Gosselies, le groupe Save est monté au capital de l’aéroport de Charleroi jusqu’à en devenir l’actionnaire majoritaire, ce qui lui permet de peser sur les décisions stratégiques. Et au sommet de la chaîne de valeur, Leonardo emploie directement ou indirectement environ 75% des travailleurs du secteur. Le groupe, qui a conclu un partenariat stratégique avec le géant français de la défense Thales, a implanté au cœur du hub logistique de Bierset son centre d'excellence destiné aux hélicoptères. Faut-il rappeler que l’hélicoptère moderne a été inventé en 1930 par un génie italien, Corradino D’Ascanio, et que la plupart des engins vendus dans le monde sont assemblés en Lombardie? Enfin, Avio est devenu un acteur incontournable dans le domaine des lanceurs et des propulseurs.
L’Italie trouve-t-elle aussi en Belgique un savoir-faire logistique adapté à ses ambitions?
Nous avons en effet besoin d’une base logistique solide. Et pour cela, nous pouvons compter sur MSC et l’armateur napolitain Grimaldi, qui possèdent d’imposants terminaux hub à Anvers.
Comment expliquez-vous cette réussite?
L’existence de nombreux instituts de recherche à la pointe de la technologie et la participation à des projets internationaux ont fait de l'Italie l'une des rares nations au monde à disposer d’une chaîne complète et compétitive de produits et de services. La clairvoyance des autorités doit être saluée, puisque l’État a augmenté significativement les investissements dans l'écosystème spatial, qui génère désormais un chiffre d'affaires annuel de 2 milliards et compte quelque 200 entreprises – dont 80% de PME – et 7.000 collaborateurs.
“La cybersécurité a vent en poupe, et pour longtemps”
Pouvez-vous citer un projet véritablement disruptif?
Bien sûr! Je songe au satellite hyperspectral Prisma, mis en orbite par l'Agence spatiale italienne (ASI) et qui a révolutionné la façon dont nous observons la Terre. Conçu par un consortium temporaire d'entreprises dirigé par OHB Italia et Leonardo, il a été mis en orbite grâce au lanceur Vega produit par Avio. L'acquisition et le traitement des données sont assurés depuis 2019 par le centre de géodésie spatiale de l'ASI à Matera. Devant tant d’excellence scientifique et industrielle, le diplomate que je suis ne peut que déclarer The Sky Is The Limit.
Ce leadership dans l’aérospatiale dépasse-t-il les frontières de l’Europe?
Le programme Mars Sample Return, conçu par la NASA pour prélever et rapatrier des échantillons du sol martien, bénéficie effectivement de composants, de satellites d’observation et de capteurs développés par nos scientifiques. De même que la mission Artemis, qui ramènera des astronautes sur la Lune avant la fin de cette décennie.
“Devant tant d’excellence scientifique et industrielle, le diplomate que je suis ne peut que déclarer The Sky Is The Limit pour son pays”
L’Italie se prépare-t-elle à l’avènement des vols habités, apanage des grandes puissances?
Nous serons de la partie, avec le port spatial situé à Grottaglie dans les Pouilles. Ce programme affiche de grandes ambitions au regard des vols spatiaux privés et des débouchés de la nouvelle “économie spatiale”.
Quelle position l’Italie occupe-t-elle dans le domaine de la sécurité?
C’est un autre de nos atouts stratégiques. Notre expertise dans le secteur de la sécurité informatique est mondialement reconnue, avec des taux de croissance mirobolants (+300%) et un volume d’affaires de 1,7 milliard d'euros. La cybersécurité a le vent en poupe, et pour longtemps.