La concentration du marché est un phénomène récurrent. Des entreprises pétrolières des années 80 aux acteurs de l'internet autour du changement de millénaire, jusqu'aux "Magnificent 7" d'aujourd'hui : comment les conséquences pourraient-elles être différentes cette fois-ci?
La concentration du marché a toujours existé. Dans les années 80, les entreprises pétrolières dominaient les marchés mondiaux, suivies des banques japonaises dans les années 90. Autour du millénaire, les acteurs de l'internet ont pris le pouvoir. Et dans les années 2010, ce sont les actions chinoises qui ont été à l'honneur. Ces dernières années, l'histoire se répète avec les géants technologiques américains. Avec une différence essentielle, cependant: leur impact considérable sur l'évolution des indices les plus populaires.
"Plus de la moitié de la hausse de l’indice S&P 500, l'année dernière, est attribuable à une poignée de mega-caps ", souligne Steyn Content, Head of Portfolio Management chez Nagelmackers. " Ces “Magnificent 7” représentent plus de 35% du S&P 500 et 25% du MSCI World Index. Cela représente à la fois un risque et un piège psychologique. Grâce à – ou à cause de – la démocratisation de l'investissement, de nombreuses personnes achètent des trackers sur le S&P 500 ou le MSCI World, pensant diversifier leurs investissements, alors qu’en réalité, un tiers ou un quart est concentré dans une poignée d'entreprises."
Le marché se purifie-t-il lui-même ?
La tendance semble s'inverser. Les "Magnificent 7" ont plutôt tiré la langue durant les premiers mois de cette année. Un argument souvent entendu est que des indices comme le S&P 500 et le MSCI World se "purifient" eux-mêmes : si une action performe moins bien, elle est remplacée par une autre plus prometteuse. À long terme, c'est vrai, mais les ajustements se font progressivement. La part des poids lourds actuels est si grande qu'une baisse temporaire peut être douloureuse pour les investisseurs.
" L'investissement factoriel est l'une des stratégies que nous appliquons chez Nagelmackers pour diversifier autrement. Nous nous concentrons sur des facteurs tels que la faible volatilité, la qualité, le momentum et la capitalisation boursière."
"La focalisation sur un même groupe d'actions conduit aussi à l'apparition de zones d'ombre », ajoute Steyn Content. "Cela a échappé à beaucoup d’investisseurs, mais au cours des trois dernières années, les banques européennes ont, par exemple, mieux performé que le MSCI World (en euros). D'année en année, les entreprises de service public américaines font également mieux que l'indice élargi."
Autre signal d'alerte : une valorisation extrêmement élevée. "Si les entreprises continuent d'être cotées à plus de 40 fois le bénéfice attendu, alors que la moyenne du marché est inférieure à 20, la gravité finira par faire son œuvre. De nombreuses entreprises ne sauraient maintenir indéfiniment leur rythme de croissance actuel."
Chaque secteur devient technologique
Cela signifie-t-il que les investisseurs devraient éviter la technologie? Pas du tout, répond Steyn Content. "Chaque entreprise – qu'elle soit active dans les soins de santé, la logistique ou le commerce de détail – utilise de plus en plus des technologies comme l'IA, le cloud et la robotique. En un sens, on peut dire que chaque entreprise devient peu à peu une entreprise technologique. Si la technologie demeure absolument pertinente, des éléments comme les chatbots pour le support client, l'optimisation des entrepôts, la détection et la prédiction des maladies sont autant d'opportunités d'investissement que l'on peut trouver en dehors des sacro-saints “Mag 7”."
La diversification comme stratégie
Diversifier est utile pour éviter les risques comme pour rechercher du rendement. " L'investissement factoriel est l'une des stratégies que nous appliquons chez Nagelmackers pour diversifier autrement. Nous nous concentrons sur des facteurs tels que la faible volatilité, la qualité, le momentum et la capitalisation boursière. Par exemple, vous pouvez opter pour une stratégie à pondération égale sur le S&P 500, afin que chaque entreprise ait le même poids et que vous ne soyez pas trop concentré sur quelques grands noms technologiques. Miser sur la faible volatilité peut aussi représenter une piste intéressante pour diversifier, car votre portefeuille est alors moins influencé par les fluctuations des actions trop médiatisées. La diversification est un moyen d'éviter de gros chocs et de générer des rendements, mais aussi de capter à temps de nouvelles opportunités sur le marché."
L'ESG comme facteur de risque supplémentaire
Un autre point d'attention reste l'ESG, autrement dit les préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance. "Plusieurs mega-caps ne brillent pas dans ce domaine ", pointe Steyn Content. " Cela pourrait devenir un facteur négatif à long terme. Nous intégrons cette note ESG dans notre évaluation des risques. Les entreprises qui obtiennent de mauvais résultats dans ce domaine peuvent présenter un risque à long terme plus élevé que ce que leur cours actuel pourrait suggérer."
Le choix réfléchi est primordial
En tant qu’investisseur, vous visez la croissance et êtes prêt à affronter de fortes fluctuations de cours? Une concentration élevée dans les mega-caps américaines peut s'avérer payante à court terme. On dit souvent : To get wealthy, you need to be concentrated.
"Mais pour celles et ceux qui se concentrent sur la préservation du capital et se contentent d'un rendement décent qui surpasse l'inflation, un portefeuille plus large est plus intéressant ", conclut Steyn Content. "Ici, on dira plutôt : To stay wealthy, you need to diversify. Tout le monde est un investisseur à long terme… jusqu'à ce que les actions commencent à baisser. D'où l'importance d'avoir un conseiller professionnel en investissement à vos côtés, qui veille à vos objectifs d'investissement, votre horizon et votre tolérance à la volatilité. "
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