Pour que l’investissement responsable devienne la nouvelle norme, il est nécessaire d’élargir et de diversifier l’assortiment de produits. C’est du moins l’opinion de quatre investisseurs professionnels sur dix en Belgique. Quels autres obstacles voient-ils sur le chemin d’un investissement plus responsable ?
Le gestionnaire d’actifs NN Investment Partners a mené auprès des investisseurs professionnels une vaste enquête consacrée à l’investissement responsable. “Nous observons une forte hausse de la demande de solutions d’investissement responsables. C’est très encourageant. De plus, l’assortiment de solutions ne cesse de s’étoffer. L’univers de l’investissement responsable évolue rapidement et bien que ce rythme de croissance puisse varier en fonction de la région et de la catégorie d’investissement, la direction est claire : à terme, l’investissement responsable relèguera au second plan l’investissement traditionnel, et deviendra la norme”, indique Jeroen Bos, Head of Specialised Equities & Responsible Investing chez NN Investment Partners.
Autrefois, on pensait que l’investissement durable érodait le rendement – ce qui a été infirmé par plusieurs études et recherches -, mais le marché évolue de telle manière que l’investissement non durable est désormais souvent considéré comme plus risqué. Malgré ces évolutions favorables, certains investisseurs rencontrent toujours plusieurs obstacles dans leur transition vers l’investissement responsable.
"L’univers de l’investissement responsable évolue rapidement et bien que ce rythme de croissance puisse varier en fonction de la région et de la catégorie d’investissement, la direction est claire : l’investissement responsable relèguera au second plan l’investissement traditionnel, et deviendra la norme."
Pour près de quatre investisseurs professionnels belges sur dix, il reste nécessaire d’élargir et de diversifier l’offre de produits. C’est indispensable pour que l’investissement responsable devienne réellement la nouvelle norme. Ce résultat étonne quelque peu Jeroen Bos, même si l’on peut retourner la proposition en concluant que six investisseurs sur dix entrevoient suffisamment de possibilités dans l’assortiment actuel de fonds de placement durables.
“Le fait que l’on trouve l’offre suffisante ou pas est peut-être lié à la définition que l’on utilise. Pour certains, investir durablement se résume à appliquer des critères d’exclusion. Pour d’autres, la durabilité est synonyme d’intégration de critères ESG. Pour un troisième groupe enfin, seul l’investissement d’impact est réellement durable. Dans la pratique, certaines stratégies sont plus complexes que d’autres. C’est l’une des raisons pour lesquelles une partie des investisseurs institutionnels jugent l’offre de solutions encore insuffisante.”
Les stratégies d’investissement responsables ne sont pas aussi développées pour toutes les catégories d’actifs que pour les actions, poursuit Jeroen Bos. “Chez NN Investment Partners, nous intégrons déjà les critères ESG dans deux tiers de nos investissements. Un tiers de nos solutions d’investissement ne peuvent être qualifiées d’ESG parce que l’intégration de critères ESG est plus complexe pour certaines catégories d’actifs. C’est notamment le cas pour les fonds qui utilisent des produits dérivés. Cela explique peut-être qu’une partie des investisseurs institutionnels trouvent toujours l’offre insuffisante.”
Information et recherche
Plus d’infos sur responsable.nnip.be
Sept investisseurs professionnels sur dix en Belgique se disent en revanche satisfaits des données de recherche et des informations disponibles sur les possibilités d’investissement responsable. “Cela veut dire qu’une partie des investisseurs pensent ne pas encore disposer d’études et d’informations suffisantes”, pointe Jeroen Bos. “Informations sur les émissions de carbone, la consommation d’énergie, la production de déchets, la diversité, le bien-être des collaborateurs : depuis quelques années, les entreprises communiquent de plus en plus ouvertement sur leur gouvernance et leur empreinte sociale et écologique. Bien que ces efforts soient louables, il subsiste effectivement une grande marge d’amélioration. Au sein des entreprises, mais certainement aussi dans le chef des gouvernements qui émettent des obligations.”
Les gestionnaires de fonds doivent également assumer leurs responsabilités, ajoute Jeroen Bos. “Il nous faut déployer des efforts supplémentaires en tant qu’industrie, par exemple en faisant preuve d’une plus grande transparence dans la manière dont nous intégrons les critères ESG et dont nous communiquons à ce propos.”, ajoute-t-il.
Gestion des risques
L’enquête révèle enfin que, pour un peu moins de la moitié (47%) des investisseurs institutionnels belges, la gestion des risques est plus difficile dans le cadre de l’investissement durable qu’avec les solutions traditionnelles. “L’idée selon laquelle les critères ESG réduisent l’univers d’investissement peut expliquer cette position”, remarque Jeroen Bos. “À l’inverse, chez NN Investment Partners, nous restons convaincus que les critères ESG améliorent la gestion des risques dans l’analyse des investissements et permettent une approche plus complète. De nombreuses études confirment d’ailleurs que l’intégration de critères ESG contribue à optimiser le rendement ajusté du risque dans plusieurs catégories d’investissement. Nos propres recherches démontrent en outre que l’exclusion d’entreprises qui présentent un comportement controversé peut également améliorer la performance.”