L’investissement responsable génère un rendement financier tout en nous rapprochant d’un monde durable. Pour investir de façon durable, il convient d’intégrer les critères ESG et, par conséquent, de combiner systématiquement des objectifs environnementaux et des facteurs sociaux et de gouvernance. Or, de nombreux investisseurs durables continuent aujourd’hui à se focaliser sur le facteur écologique.
Le gestionnaire d’actifs NN Investment Partners a interrogé 290 investisseurs institutionnels de plusieurs pays européens. L’enquête portait notamment sur leur perception de l’investissement responsable. Ses conclusions ? Les investisseurs professionnels désirent effectivement combiner rendement financier et bénéfice social. Ils attachent en revanche une importance diverse aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leurs décisions d’investissement. Quelque 72,5% des investisseurs professionnels belges estiment ainsi que les facteurs environnementaux (E) présentent un potentiel de rendement supérieur. A contrario, à peine 47,2% d’entre eux entrevoient un rendement potentiel dans les facteurs de gouvernance (G). Et ils ne sont que 12,4% à en déceler dans les facteurs sociaux (S).
“Selon 92% des investisseurs institutionnels, la transition énergétique n’a pas uniquement un impact positif: elle recèle aussi un potentiel de rendement considérable."
Cette perception “vert foncé” de l’investissement responsable s’explique aisément. “Les questions environnementales figurent tout en haut de l’agenda économique et politique”, pointe Adrie Heinsbroek, Principal Responsible Investment chez NN Investment Partners. “En outre, le changement climatique et la pollution sont des thèmes proches de nous. Records de chaleur, smog, diminution de la biodiversité, voisins qui garnissent leurs façades de panneaux d’isolation… Le climat est une question brûlante en politique, dans les médias et dans votre propre rue. En outre, les investisseurs accordent une grande importance aux chiffres. Et les aspects environnementaux se mesurent aisément en degrés Celsius, en kilowatts d’électricité ou en tonnes d’émissions de CO2. De ce fait, les investisseurs institutionnels considèrent les facteurs environnementaux comme une opportunité d’investissement évidente. “Selon 92% des investisseurs institutionnels, la transition énergétique n’a pas uniquement un impact positif : elle recèle aussi un potentiel de rendement considérable. Et précède dans ce classement le changement climatique (88%) et la pollution (84%).
Vision verte
Le E est donc la lettre principale dans ESG pour les investisseurs institutionnels. N’est-il néanmoins pas risqué d’avoir une vision majoritairement verte lorsque l’on opte pour l’investissement responsable ? “Il est certes indispensable que les investisseurs institutionnels soutiennent la transition en matière d’énergie, de mobilité, de gestion des déchets, etc.”, admet Adrie Heinsbroek. “Les capitaux dont ils disposent constituent des leviers puissants pour accélérer cette transition.”
“Ceci étant dit, tant pour préserver la diversification des portefeuilles qu’en raison de la nécessité impérieuse de s’attaquer simultanément aux thèmes sociaux, il est crucial de prendre en compte les facteurs sociaux et de gouvernance. Les investisseurs ont souvent tendance à considérer le E comme une opportunité et les S et G comme des risques à couvrir. Le danger est alors que les investisseurs sous-estiment les liens entre les trois. À nos yeux, les investisseurs ne voient pas encore suffisamment le S et le G comme des facteurs de durabilité à part entière.”
Biais culturel
Les investisseurs institutionnels attribuent un poids très différent aux facteurs E, S et G selon leur nationalité, révèle encore l’enquête de NN Investment Partners. En France, le facteur E (52%) a moins de poids que le facteur G (56%), alors que le score du facteur S (35%) est nettement plus élevé que chez nous. “Cela ne signifie pas que les investisseurs institutionnels sont ‘plus responsables’ dans un pays que dans un autre”, nuance Adrie Heinsbroek. “Mais c’est révélateur de biais sociaux et culturels. En France par exemple, la puissance des syndicats incite sans doute les investisseurs à accorder une attention accrue au S. Certes, l’environnement est important, mais l’humain, les collaborateurs et la société le sont tout autant. Plus on se dirige vers le Nord, plus les investisseurs ignorent facilement ce S.”
Plus d’infos sur responsable.nnip.be
Existe-t-il un rapport idéal entre les facteurs E, S et G ? “Il faut surtout voir la cohérence entre ces facteurs”, répond Adrie Heinsbroek. “L’enquête indique clairement qu’il subsiste de nombreuses opportunités à ce niveau. Des avancées, même infimes, sont les bienvenues, à condition qu’elles aillent dans la bonne direction.”
“Chez NN Investment Partners, nous jugeons que l’intégration des critères ESG dans l’analyse des investissements améliore la gestion des risques et contribue à une approche plus complète de l’investissement”, conclut Adrie Heinsbroek. “Beaucoup d’études confirment d’ailleurs que l’intégration de critères ESG améliore le rendement ajusté du risque dans plusieurs catégories d’investissement, tout en apportant une contribution à la société.”