Si l'adoption de l'intelligence artificielle progresse régulièrement en Belgique, notre pays ne doit pas rater le coche. “Si nous faisons du sur-place parce que l'impact économique n'est pas encore évident, d'autres pays nous dépasseront”, avertit Patrick Boone, président et Senior Partner de PwC Belgium.
Patrick Boone ne laisse planer aucune ambiguïté: l'IA apporte une valeur ajoutée considérable à l'économie et à la société belges. “La croissance économique signifie également une croissance du bien-être. L'impact à court terme a peut-être été surestimé, mais cela ne doit pas nous détourner du long terme. Malgré des coûts d'investissement élevés, l'IA est un levier absolument crucial.”
Une politique en deux axes
Que l'IA gagne du terrain dans les entreprises belges est confirmé par diverses études, dont la Global CEO Survey de PwC. Selon Patrick Boone, deux axes principaux se dessinent dans l'adoption de l'IA. “D'une part, les entreprises réalisent des gains d'efficacité en adoptant des applications d'IA. Environ la moitié des entreprises belges s'y engagent déjà. D'autre part, l'accent est placé sur le développement de nouvelles opportunités de marché et de services, ce qui demande plus de temps et d'efforts.”
Nous avons la chance que le train de l'IA soit assez long pour que nous puissions encore y monter, mais nous devons bien comprendre qu'il a commencé à quitter la gare. Nous ne pouvons plus hésiter.
Les premiers gains d'efficacité sont visibles, et Patrick Boone s'attend à ce qu'ils se renforcent au cours des deux ou trois prochaines années. “La véritable valeur ajoutée de l'IA ne se manifestera qu'à plus long terme – disons, à un horizon de cinq ans.”
Combler le fossé numérique
Impliquer tout le monde dans cette évolution technologique reste un défi majeur. “Chez PwC Belgium, nous avons 2.300 employés. Ce chiffre a doublé du jour au lendemain, car chacun a reçu un assistant numérique grâce à l'IA. Mais cet avantage n'existe que si nous veillons à ce que l'IA soit utilisée correctement et efficacement.”
Patrick Boone y voit un challenge d’envergure pour notre pays. “La rapide progression de l'IA risque de creuser le fossé numérique. Heureusement, le train de l'IA est assez long pour que nous puissions y monter, mais nous devons bien comprendre qu'il a commencé à quitter la gare. Nous ne pouvons plus hésiter.”
Le monde éducatif doit intégrer l’IA
La clé réside, à ses yeux, dans l'éducation et la formation sous toutes leurs formes, même en dehors de la salle de classe. “Si l’on en croit un dicton pertinent, a fool with a tool is still a fool. Nous devons embrasser l'IA au lieu de la voir comme une menace. C'est une technologie accessible. Avec un smartphone en main, vous pouvez déjà l’utiliser! Dans l'éducation, l'IA peut être un moyen de surmonter les barrières linguistiques ou d'enrichir les connaissances de manière accessible.”
Si les écoles bannissent l'IA au lieu de l'adopter de manière contrôlée, c’est un ‘fossé de l'IA’ qui risque de se créer.
Le président de PwC Belgium lance un appel clair au monde éducatif: intégrez l'IA au lieu de la rejeter. “Si les écoles bannissent l'IA plutôt que de l'adopter de manière contrôlée, la diffusion des connaissances, nécessaire au développement ultérieur de l'IA, risque de s'enrayer. Nous ne parlerons alors plus d'un fossé numérique, mais d'un ‘fossé de l'IA’.”
L'annonce récente de Microsoft d'offrir un cours intensif gratuit sur l'IA à 600.000 Belges n'est donc pas un coup marketing, estime-t-il. “Cette entreprise comprend que la sensibilisation et les compétences en IA sont essentielles pour l'avenir.”
L'IA et les PME
Qu'en est-il de l'argument selon lequel l'IA peine à s'implanter dans notre “pays de PME”? Patrick Boone réfute résolument cette vision des choses. “C'est justement parce que les PME sont plus petites qu'elles peuvent réagir plus rapidement. Leur taille représente un défi, mais aussi une chance. En partageant les meilleures pratiques et en apprenant des expériences des autres, elles peuvent facilement franchir le pas vers l'IA.”