La crise sanitaire a montré de façon criante le manque de résilience de certaines fonctions au sein de nombre d’entreprises. Parmi les premières concernées, la chaîne logistique, assure Steven Lauwers, de Deloitte. Les firmes qui disposaient d’une avance en la matière, comme Spadel, approfondissent cet avantage, témoigne Arnaud Popovitch.
Dans une série de tables rondes, nous jetons un pont entre la technologie et divers aspects du monde des affaires.
Pendant ce deuxième livestream nous parlons de l'avenir de notre chaîne logistique avec Hans Schurmans (Proximus Logistics) et Johan De Lille (BMT). L'importance de la chaîne logistique va-t-elle augmenter et quel est la rôle de la technologie? Quel est l'impact sur le climat et l'économie circulaire? Les camions seront-ils remplacés par des méga-drones?
"Les deux années écoulées ont mis en évidence la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement et le manque de visibilité en la matière", diagnostique Steven Lauwers, Sr. Directeur du service SAP chez Deloitte Consulting. "Les entreprises qui avaient pris les devants ont encore plus constaté la pertinence d’outils qui permettent d’évaluer, en temps réel, l’impact de chaque facteur sur l’ensemble de la chaîne et sur les marges."
L’annonce du confinement a provoqué une hausse massive de la demande pour le producteur belge d’eaux minérales, quand la population s’est ruée dans les grandes surfaces pour constituer des stocks. Puis la demande est retombée, notamment à cause de la fermeture de l’horeca. "Nous étions rodés à intégrer nos fournisseurs et nos clients dans la gestion de notre supply chain", confirme Arnaud Popovitch, Group Planning & Optimization Manager chez Spadel. "Pour résumer, la crise nous a incités à intégrer le fournisseur du fournisseur du fournisseur dans notre système de planification des ventes et des opérations fonctionnant avec SAP. Et à identifier et anticiper chaque risque, tout en cultivant une forte transparence des processus. Quels fournisseurs présentent des risques? Comment minimiser ceux-ci? Nous avons créé des points de situation hebdomadaires, puis les avons espacés, en gardant un reporting exigeant. Le tout donne une visibilité, du très court au long termes, que toutes les parties prenantes apprécient. Et notre réactivité générale a fortement augmenté."
Les données, toujours un facteur-clé
De tels processus, en l’absence d’outils numériques intégrés, prendraient beaucoup de temps, souligne Steven Lauwers. "Si les procédures ne sont pas en place, on perd en agilité", prévient-il. "De plus, un système adapté permet d’effectuer des simulations souvent riches d’enseignement. Et de construire une relation de long terme avec les fournisseurs, au moyen par exemple d’une veille. Plus largement, on s’achemine vers des control towers qui, en s’appuyant sur un bon ERP, des systèmes intelligents et un recueil de données fiable et performant, offrent un contrôle en temps réel. L’apport de l’Internet des objets sera sans doute déterminant."
Un système adapté permet d’effectuer des simulations souvent riches d’enseignement.
"On a réalisé un saut quantitatif en quelques années", confirme Arnaud Popovitch. "Avant, on envoyait notre planning aux fournisseurs pour qu’ils nous disent s’ils pouvaient suivre. Maintenant, on participe à une chaîne logistique collaborative, dont l’un des avantages réside dans la mise au jour de synergies."
Les deux hommes se rejoignent aussi autour d’un constat: la chaîne logistique devra faire face à trois défis majeurs dans les années qui viennent. D’abord la numérisation, qui va se poursuivre mais entraînera une hausse des risques. "Nous avons créé un groupe de travail consacré à la cybersécurité, nous avons sensibilisé nos partenaires à la nécessité de se préparer à des cyber-attaques et de disposer d’un plan de maintien des activités", confie Arnaud Popovitch. "Le troisième défi, bien sûr, repose dans la demande de durabilité, qui sera bientôt exigé par tous les acteurs de la chaîne", conclut Steven Lauwers. "Chez Deloitte, où nous disposons de l’expertise dans ces trois domaines, nous proposons d’intégrer dans SAP ce critère de durabilité, afin notamment de réaliser des modélisations."
Avant, on envoyait notre planning aux fournisseurs. Maintenant, on participe à une chaîne logistique collaborative, dont l’un des avantages réside dans la mise au jour de synergies.