Une entreprise qui travaille davantage dans le cloud peut se permettre d’expérimenter plus souvent et plus rapidement. Les logiciels en nuage ne doivent pas être considérés comme une source d’économies, cependant, mais comme une formule autorisant des améliorations fondamentales, estiment Yves Rombauts et Marc Mertens, Partners chez Deloitte.
“Lorsque la crise sanitaire a éclaté, nous avons d'abord été très réticents à l’égard tant des activités que du recrutement”, confie Marc Mertens. “Plus encore qu’auparavant, nous nous sommes appuyés sur des outils qui offrent un aperçu du fonds de roulement et des flux de trésorerie. En simulant des scénarios, il est possible de mieux anticiper l'avenir.”
“Chez Deloitte, nous avons remarqué que la productivité des collaborateurs avait augmenté grâce à la suppression des déplacements. C'est un grand avantage, même si le télétravail présente aussi des inconvénients. Dans la mesure où les premières années de travail sont cruciales pour découvrir le fonctionnement de l'entreprise, nous essayons d'amener les nouvelles recrues à travailler ensemble sur le site.”
Quelle est la prochaine étape?
Voilà pour la partie connue du récit: ces deux dernières années, les entreprises ont accéléré leurs efforts de numérisation, récupéré partiellement le retard accumulé et préparé le terrain. Quelle sera la prochaine étape? C'est une question à laquelle Yves Rombauts, Business Operations Practice Leader chez Deloitte, réfléchit avec des collègues comme Marc Mertens.
La période écoulée nous a démontré que la capacité d'adaptation devient la norme.
“Churchill disait qu'il était important de ne jamais gaspiller une bonne crise”, déclare Yves Rombauts. “Deux éléments méritent qu’on s’y attarde. Le premier est que, si les réunions en ligne sont bien rodées désormais, les contextes hybrides sont plus difficiles à imposer. Nous avons créé un studio de livestream complet dans nos bureaux, comme celui que vous voyez dans De Zevende Dag. Mais il nous reste à trouver l'équilibre entre l'efficacité et la rencontre dans des contextes différents.”
L’expert note une seconde particularité distinguant les entreprises qui seront couronnées de succès et celles qui obtiendront de moins bons résultats: la période passée nous a appris que la capacité d'adaptation devient la norme. La façon dont les gens considèrent la technologie et l'innovation va encore évoluer. La conception traditionnelle d'un système ERP est en train de disparaître. Auparavant, les gens se projetaient dans le futur pour prendre une décision concernant un logiciel; aujourd'hui, ils veulent expérimenter davantage.”
Plus vite et mieux
Le passage au cloud est un catalyseur de ces expériences rapides. “Lorsque vous exploitez sur site, donc sur place et en gestion propre, vous devez concevoir et développer complètement les applications avant de pouvoir montrer un outil fonctionnel. Avec les applications dans le cloud, vous pouvez immédiatement montrer comment un produit fonctionnera et quel sera son potentiel. C'est important pour les entreprises qui désirent expérimenter: moins il y a de discussions, plus l'investissement est faible, plus cela peut se faire vite.”
Dans le sillage de la pandémie, on constate une reprise rapide des entreprises belges. Toutefois, la vitesse à laquelle les entreprises se redressent est très variable. Comment la technologie – le numérique – peut-elle contribuer à accélérer ce processus?
Par le passé, vous deviez présenter un argumentaire à votre direction à l'aide d'un diaporama. Dorénavant, avec les applications low code, il vous suffit de réaliser une simulation de vos tableaux de bord. “La mise en place d'une infrastructure complète n'est pas nécessaire: l’application peut être activée dans l'heure”, note Yves Rombauts. “S'il s'avère que ce n'est pas concluant, au moins aurez-vous expérimenté. En travaillant avec plusieurs composants cloud, la Région de Bruxelles-Capitale, par exemple, a pu mettre nettement plus vite des expériences en place pour voir si et dans quelle mesure la plateforme numérique MyTax fonctionnerait.”
Cette révolution a également un impact sur les systèmes ERP: les progiciels globaux ne sont plus le meilleur choix pour qui souhaite mener des expériences. “Il convient à présent de placer les processus de base et les données de référence dans un ERP central, entouré d'un écosystème d'applications cloud qui vous permettent d'innover et de vous distinguer de la concurrence”, souligne Marc Mertens. “Pour les entreprises, il est dès lors crucial de veiller à ce que les processus et les données de base soient bien structurés.”
Le cloud dépasse la simple réduction des coûts
Il convient à présent de placer les processus de base et les données de référence dans un ERP central, entouré d'un écosystème d'applications dans le cloud.
Selon le tandem, économiser sur les coûts ne doit pas être la première motivation à basculer vers le cloud. “À quel point est-on sûr, en tant qu'entreprise, que ce qu’on fait maintenant restera la formule du succès de demain? Pourrez-vous continuer à travailler de la même manière? Le retour sur investissement ne repose pas sur les économies d’argent mais sur la préparation de l’entreprise pour l’avenir.”
“Le cloud est comparable aux options sur actions: vous achetez l'option de faire quelque chose”, conclut Yves Rombauts. “Les logiciels dans le cloud ne vous coûtent pas cher au départ, et grâce à cet achat, vous êtes en mesure de mettre en œuvre des améliorations fondamentales en l'espace de quelques mois. Si, par exemple, vous visez à optimiser vos processus à court terme ou à lancer une nouvelle offre sur le marché, vous devez effectivement vous créer ces options.”