L'année écoulée a offert une expérience d'apprentissage intéressante aux responsables RH: “Ils ont passé leur premier test avec brio… même si le vrai travail ne fait que commencer”, prévient Yves Van Durme, Global Human Capital Leader chez Deloitte.
Depuis plus de 20 ans, Yves Van Durme apprend aux entreprises à faire face au changement. En tant que coauteur de l'étude de Deloitte Human Capital Trends, il prend le pouls de plus de 6.000 responsables des ressources humaines. “Nos études démontrent qu'ils ont réussi à protéger leurs employés au cours de l'année écoulée. En un temps record, des mesures de travail à domicile ont été introduites, et les bureaux et autres zones de production ont été aménagés de manière à pouvoir maintenir une distanciation suffisante.”
Les travailleurs sont prêts à accepter une réduction de salaire à condition que leur travail ait un sens.
Quelle est la prochaine étape?
Un bulletin dont on peut être fier, même s'il ne s'agit que d'un premier pas. “Tout le monde s'accorde à dire qu'on ne peut pas revenir en arrière mais que la façon actuelle de travailler n'est pas idéale non plus. Je vois beaucoup de responsables tourner en rond au lieu de prendre des décisions. Ils se focalisent sur des sujets de moindre importance, tels que le nombre de jours de télétravail dont leurs employés disposeront désormais. Rien de très enthousiasmant!”
La technologie donne plus de sens au travail
La vraie question, selon Yves Van Durme, est de donner un sens au travail. “Nous voyons des employés se remettre en question eux-mêmes mais aussi leurs employeurs. Nos recherches révèlent que les travailleurs sont prêts à accepter une réduction de salaire à condition que leur travail ait un sens. Heureusement, la technologie peut nous aider à prendre en charge certaines des tâches les plus ennuyeuses et répétitives, afin que les travailleurs se concentrent sur une fonction où ils peuvent avoir un réel impact.”
Dans une série de tables rondes, nous jetons un pont entre la technologie et divers aspects du monde des affaires.
À l’occasion de notre première table ronde, Souzanna Bandos (Actiris), Carole Delava (Carrefour), Henri Gillard (Terumo Europe) et Cédric Cauderlier (Mountainview) évoquent la relation entre les RH et la technologie. Comment celle-ci améliore-t-elle la productivité? Quelles technologies sont réellement utiles et aident les RH à s’améliorer? Et qu'en est-il des côtés sombres de la technologie?
Le débat sur les compétences fait rage
Kenn Wouters, Partner chez Deloitte, acquiesce: “Nous avons l’occasion unique de repenser en profondeur les ressources humaines. L'époque où les responsables RH ne faisaient que payer les salaires et devaient rendre compte au directeur financier est révolue. De plus en plus souvent, ils obtiennent un siège au conseil d'administration. Aujourd'hui, les RH sont davantage business minded et revêtent une importance stratégique: des personnes dotées des bonnes compétences rendent votre entreprise résiliente et tournée vers l'avenir. Le personnel lui-même se demande ouvertement quelle sera sa prochaine étape au sein de l'entreprise.”
La technologie aide les employés à s'orienter
“Nous aidons à relier ces deux éléments d'information”, indique Kenn Wouters. “La technologie nous permet de connaître automatiquement les compétences que possèdent les employés et qui sont requises pour certains emplois. Si vous souhaitez changer de rôle au sein d'une entreprise, par exemple, vous pouvez vérifier quelles compétences vous devez acquérir ou perfectionner. Enfin, la technologie offre aux employeurs la possibilité de se comparer plus facilement à d'autres entreprises. Dans une économie de la connaissance, le déficit de compétences est le grand défi. Nous avons remarqué que nous ne nous en sortions pas mal du tout en Belgique, mais que nous accusions un certain retard par rapport à l'étranger.”
La technologie est un travail humain
La nouvelle façon de travailler n'exige pas seulement des compétences différentes: les travailleurs doivent apprendre à se familiariser avec les nouvelles technologies. “On peut certes affirmer que les personnes offrent une valeur ajoutée – encore faut-il se lancer”, prévient Kenn Wouters. “C'est la valeur ajoutée de Deloitte: nous apportons des solutions numériques et nous avons tout à la fois l'expertise nécessaire pour déployer ces changements à l'échelle humaine.”