Le Green Deal de l’UE pose d’excellentes bases, assurent Flavia Micilotta et Luc Rasschaert de WEALINS. En revanche, du fait entre autres des pressions réglementaires vers une finance plus durable, la période d’adaptation que le secteur traverse peut créer quelques désagréments.
“Depuis 2018, le cadre législatif européen est de plus en plus précis pour les investissements respectant les critères ESG – environnementaux, sociaux et de gouvernance”, rappelle Flavia Micilotta, ESG Investment Specialist chez WEALINS. “Sur le fond, c’est salutaire, car cela va clarifier l’ensemble de l’offre, mais les acteurs du marché traversent un temps d’adaptation qui peut sembler un peu confus. Ils doivent revoir leur offre et la structurer en tenant compte de ces nouvelles normes, cela prend du temps et de l’énergie.”
Le Green Deal européen
Le Green Deal européen est un ensemble d'initiatives politiques visant à aider l'UE à opérer la transition écologique, avec pour objectif ultime la neutralité climatique d'ici à 2050. Le Green Deal adopte une approche holistique et intersectorielle: tous les domaines politiques concernés doivent contribuer à l'objectif climatique final. Le paquet comprend des initiatives relatives au climat, à l'environnement, à l'énergie, aux transports, à l'industrie, à l'agriculture et à la finance durable, initiatives qui sont étroitement liées. L'une des composantes du Green Deal est la loi européenne sur le climat, dans laquelle l'UE et ses États membres se sont engagés à réduire, d'ici à 2030,d'au moins 55% leurs émissions nettes de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990.
Les clients doivent eux aussi apprendre à naviguer dans ce nouvel environnement. “S’ils nous disent qu’ils souhaitent placer leurs fonds selon des critères ESG, dans le contexte actuel, nous partons pour une demi-heure de questions pointues pour bien délimiter et appréhender leurs exigences”, relate Luc Rasschaert, CEO de WEALINS. “Cela peut s’avérer contre-productif, notamment si l’intermédiaire financier est lui-même peu convaincu par l’ESG. Il va falloir que l’ensemble du secteur consente pas mal d’efforts afin de maîtriser les tenants et aboutissants et pour que le cadre devienne in fine aisément compréhensible par le client.”
“La création d’une base de données publique et transparente limitera fortement le risque de greenwashing”
Le rôle des investisseurs institutionnels, comme les compagnies d’assurance, n’en est que plus crucial. “Ils disposent à la fois des capacités d’analyse et d’investissement à moyen et long termes”, reprend Luc Rasschaert. “Les plus grands assureurs mondiaux se sont engagés en faveur de l’objectif ‘net zéro’ en 2030, les flux ESG qu’ils génèrent sont considérables. On aura besoin de tous les capitaux disponibles, des professionnels comme des particuliers, pour mener à bien cette transition massive et urgente. Gouvernements et régulateurs doivent canaliser, encourager ce mouvement, au sein duquel l’investissement d’impact est appelé à jouer un rôle majeur.”
Transparence des données
Les données sont devenues le nerf de la guerre, préviennent les deux experts. “On ne mène de bonnes analyses qu’avec des données fiables et une méthodologie unifiée”, détaille Flavia Micilotta. “On dispose déjà des fonds dits ‘articles 8 et 9’, qui offrent des solutions standardisées. La Commission européenne et l’Autorité européenne des marchés financiers, l’ESMA, coopèrent pour créer d’ici à cinq ans (minimum) une plateforme qui rendra accessibles l’ensemble des données ESG, ce qui limitera fortement les risques de greenwashing. Quant aux clients fortunés, nous pouvons déjà leur proposer des solutions sur mesure, notamment grâce à nos solutions et aux avantages offerts par l’assurance vie luxembourgeoise.”
“Gouvernements et régulateurs doivent canaliser, encourager la transition vers le ‘net zéro’, au sein duquel l’investissement d’impact est appelé à jouer un rôle majeur”
“Il va falloir trouver un nouvel équilibre pour que l’activité des assureurs et réassureurs reste viable”, conclut Luc Rasschaert. “Là encore, pouvoirs publics et régulateurs doivent aller au-delà de leur rôle de cadrage habituel pour proposer des solutions innovantes, notamment dans la répartition des risques entre public et privé. La collaboration entre les différentes parties prenantes – assureurs, régulateurs, institutions européennes, etc. – sera la clé pour la transition et la construction d’une économie plus verte.”