Les modèles économiques durables et circulaires sont en plein essor dans notre pays. L’impact et l’apport du secteur financier – le lubrifiant de notre économie – ne sont pas à surestimer dans cette révolution.
"Comme la plupart des autres banques, nous recevons de plus en plus de questions concernant la durabilité de notre modèle économique", confirme Didier Beauvois, membre du comité de direction et responsable du Corporate Banking chez BNP Paribas Fortis. "En outre, le nombre de questions qui nous parviennent sur l’économie circulaire ne cesse d’augmenter. À raison, d’ailleurs, car l’enjeu est énorme. L’explosion démographique dans les pays émergents et le modèle linéaire d’extraction-production-consommation-déchets ont provoqué une surconsommation de ressources naturelles. Nous avons donc besoin d’un modèle radicalement neuf."
Depuis 2009, notre Green Desk soutient les PME désireuses d’investir dans l’infrastructure de l’énergie renouvelable ou d’améliorer l’efficacité énergétique de leurs bâtiments. L’an dernier, ce service a conseillé plus de 300 entreprises.
"L’économie circulaire, c’est l’économie de la fonctionnalité: il s’agit de remplacer la possession par l’usage. Les nouveaux modèles sont fondés sur la fourniture d’un service au moyen d’un produit, et non sur la fourniture du produit en soi. Ce modèle de consommation crée des besoins de financement inédits, ce qui oblige les banques à développer des solutions et des modèles de gestion des risques tout aussi nouveaux. Depuis 2009, notre Green Desk soutient ainsi les PME désireuses d’investir dans l’infrastructure de l’énergie renouvelable ou d’améliorer l’efficacité énergétique de leurs bâtiments. L’an dernier, ce service a conseillé plus de 300 entreprises."
Huile de palme
En raison de sa taille, une banque comme BNP Paribas Fortis a aussi un impact non négligeable sur la transition vers un modèle économique plus durable au niveau macroéconomique. "En tant que banque, nous faisons circuler 100 milliards d’euros dans l’économie chaque année", chiffre Wilfried Remans, directeur CSR & Public Affairs chez BNP Paribas Fortis. "Nous savons que nous pouvons avoir un impact négatif à partir de notre cœur d’activité, les placements et les investissements. Pensez aux investissements dans des entreprises actives dans l’industrie minière ou dans le commerce d’armes, aux effets de l’huile de palme sur l’environnement, etc. C’est pourquoi nous avons développé dès 2005 une série de politiques sectorielles qui imposent des conditions strictes aux entreprises de secteurs précis. Certaines d’entre elles se retrouvent ainsi sur une liste noire."
Nos politiques sectorielles imposent des conditions strictes aux entreprises de secteurs précis. Certaines d’entre elles se retrouvent ainsi sur une liste noire.
C’est un arbitrage complexe, reconnaît néanmoins Wilfried Remans. Lorsqu’une grande banque décide de quitter un secteur, elle y perd toute influence. Il lui est alors impossible d’infléchir ou de mettre un terme à certaines pratiques. "Il s’agit de faire un choix entre, d’une part, soutenir et encourager des évolutions favorables dans les secteurs critiques – pensez au secteur énergétique – et, de l’autre, perdre des contrats et de l’impact en tant qu’organisme financier."
Les plus cyniques affirment que le vide laissé par un grand investisseur comme BNP Paribas Fortis est rapidement comblé par d’autres. Cet argument a de moins en moins de poids. On assiste en effet à un nivellement par le haut, et les entreprises sont désormais jugées à l’aune de leurs performances ESG (environnementales, sociales et de gouvernance). Les meilleures entreprises de leur secteur sont plus fréquemment reprises dans les grands fonds des investisseurs institutionnels. À l’inverse, les entreprises qui ne se préoccupent pas de ces aspects éprouvent des difficultés croissantes à lever des capitaux. "Une grande banque ou un fonds d’investissement important peut donc aider l’investisseur individuel à exercer une influence sociale plus forte", conclut Wilfried Remans.