Après une longue période de traitement et de revalidation à la suite d’une forme agressive de cancer du sein, un retour comme coach de carrière chez Randstad s’avérait impossible pour Lydia Henderickx (61 ans), tant sur le plan mental que physique. Elle propose désormais l’accompagnement de carrière à titre bénévole. Un grand nombre des personnes qu’elle suit ont souffert d’un cancer.
"J’ai travaillé plus de 30 ans chez Randstad, principalement au département commercial. Pour RiseSmart, ces 15 dernières années, j’ai accompagné des personnes dans leur reclassement ou leur carrière. J’ai suivi de nombreuses formations et j’en ai dispensé au sein de Randstad. J’ai aimé coacher des personnes qui s’interrogeaient sur leur emploi. Mon objectif était de trouver avec eux de nouvelles perspectives. Cela me procurait énormément de satisfaction."
Je souhaitais travailler à nouveau, retrouver ma place chez Randstad, mais le traitement m’avait beaucoup affaiblie sur le plan physique et mental.
"Puis j’ai été victime d’une forme agressive de cancer du sein. Pendant le traitement, le seul objectif est la survie. On s’occupe de son corps et l’on vit au jour le jour. La revalidation physique précède une période de récupération mentale essentielle. Les traitements sont terminés, vous êtes ‘guéri’ et désirez vivre à nouveau. C’est là que les questionnements, les angoisses et les doutes vous envahissent. Toute maladie grave s’accompagne d’une prise de conscience. Quelle orientation prendre? Comment remettre sa vie professionnelle sur les rails? Or, dans ce domaine, les patients bénéficient rarement d’un accompagnement."
"Je souhaitais recommencer à travailler, retrouver ma place chez Randstad, mais le traitement m’avait beaucoup affaiblie sur le plan physique comme mental. J’éprouve désormais des difficultés à me concentrer, le chaos s’est accru dans ma tête. Je voulais que tout redevienne comme avant mais n’avais aucune idée de la manière dont je pouvais franchir ces nouveaux obstacles. C’est pourquoi j’ai lancé une réflexion en profondeur. Je suis même partie une semaine en France pour faire le point. Suis-je encore capable de travailler? Suis-je suffisamment forte? Quels sont mes désirs? De quoi ai-je besoin? Qu’est-ce qui est précieux à mes yeux? En définitive, j’ai eu besoin de six mois pour répondre à toutes ces questions, grâce à mon bagage de coach de carrière."
Aujourd’hui, j’accompagne bénévolement des patients afin de leur permettre de reprendre leur travail après leur maladie, mais aussi, de manière plus large, pour leur offrir une perspective.
"La mutuelle m’a indiquée que je ne devais pas retrouver mon poste: j’avais été déclarée en incapacité de travail en raison des effets secondaires permanents de mon traitement. Mais cela ne signifiait pas que je ne pouvais plus rien faire. Au vu de mon parcours professionnel et en respectant mes propres rythmes, je pouvais encore me rendre utile. Lorsque l’hôpital m’a demandé de participer à la journée de sensibilisation aux tumeurs, j’ai trouvé ma nouvelle vocation. Aujourd’hui, j’accompagne bénévolement des patients afin de leur permettre de reprendre leur travail après leur maladie, mais aussi, de manière plus large, pour leur offrir une perspective. Les aider à trouver un sens à leur vie. On n’est plus jamais ‘l’ancien soi’ après une telle maladie. Il faut travailler au ‘nouveau soi’. Découvrir ses talents, identifier ses sources d’énergie. J’organise ces ateliers à l’hôpital sans être rémunérée. C’est ma manière de rendre à la société ce qu’elle m’a donné."
Pendant une période de maladie, le travail est la dernière des préoccupations. S’il faut rester chez soi durant une longue période, la distance par rapport au travail s’accroît de jour en jour. Les obstacles au retour semblent de plus en plus rédhibitoires.
Des contacts réguliers vous permettront de ne pas rompre totalement le lien avec votre employeur, bien entendu dans le respect total de votre processus de guérison et du secret médical. Pendant l’entretien d’évaluation préalable, vous établirez ce que vous pourrez et voudrez faire à votre retour. Aucun sujet ne doit être tabou.
La maladie provoque souvent une prise de conscience et peut même vous changer: exprimez ce que vous ressentez. Avec votre employeur, cherchez une solution adaptée à vos possibilités et à vos ambitions. Ne vous bercez pas d’illusions pour autant: la maladie peut également signifier la fin de la collaboration.
Le retour au travail après une absence de longue durée est comparable à une rentrée scolaire, avec la foule d’angoisses et d’incertitudes qu’elle implique. Beaucoup de choses auront sans doute changé. Prenez le temps de vous intégrer et entretenez-vous régulièrement avec votre manager afin de voir si votre évolution est satisfaisante, pour vous comme votre employeur. Ici non plus, il n’y a pas de tabou.