Le commerce extérieur de diamants s'effondre en Belgique
Les derniers chiffres du commerce extérieur font état d'une situation "catastrophique" pour le diamant en Belgique. En crise, le secteur est confronté à une rude concurrence.
Rien ne va plus dans le secteur du diamant. Ce pan important de l'économie belge, et en particulier flamande, en raison du statut d'Anvers comme capitale de la pierre précieuse, voit ses chiffres s'effondrer depuis des années, face à une série de facteurs défavorables.
Au troisième trimestre de 2024, les importations de métaux précieux (catégorie qui inclut les diamants) en Belgique se sont effondrées de 23,3% sur un an, tandis que les exportations ont, elles, chuté de 17,2%, d'après les dernières données de l'Institut des comptes nationaux (ICN).
Division par deux en dix ans
Pire, depuis début 2023, pas un seul mois n'a vu de taux de croissance positif du commerce extérieur de diamant en glissement annuel, signe d'une chute continue du négoce de la pierre précieuse. Selon les mois, les évolutions par rapport à l'année précédente s'établissent entre -25 et le niveau abyssal de -45%.
Il en résulte qu'en l'espace de dix ans, le commerce extérieur de diamants (soit les importations et les exportations combinées) a été divisé par deux. Alors qu'en 2014, il représentait encore 15 milliards d'euros, il ne pesait, en 2023, plus que 8,5 milliards d'euros.
Les chiffres pour 2024 ne sont guère plus rassurants, alors que les données de l'ICN identifient déjà que la part du diamant dans le commerce extérieur total de notre pays a également été divisée par deux en dix ans, pour ne plus peser que 2% des échanges totaux l'année dernière. Le secteur est donc en décrochage complet.
Le boycott des diamants russes, visés par les sanctions internationales, n'a fait qu'ajouter au manque d'attractivité d'Anvers pour les grands noms du secteur [...].
Morosité chinoise, innovation américaine et concurrence indienne
Les facteurs qui expliquent cette tendance désastreuse sont malheureusement très nombreux et difficiles à vaincre. Premièrement, la demande est tout simplement plus faible au niveau mondial, ce qui fait gonfler les stocks et baisser les prix. Les consommateurs chinois, deuxième marché à l'export, sont notamment concernés.
Deuxièmement, le plus gros marché du diamant au monde, les États-Unis, fait concurrence à la plaque tournante d'Anvers avec le développement des diamants synthétiques. Ceux-ci sont vus comme plus éthiques, puisqu'ils ne nécessitent pas d'être minés, et affichent des caractéristiques physiques et chimiques identiques, ce qui les rend indistinguables des diamants minés.
Troisièmement, le traitement des diamants bruts s'est en grande partie déplacé vers l'Inde, pays où la main d'œuvre est beaucoup moins chère qu'en Belgique, alors que les acteurs du diamant cherchent à baisser leurs coûts.
Enfin, le boycott des diamants russes, visés par les sanctions internationales, n'a fait qu'ajouter au manque d'attractivité d'Anvers pour les grands noms du secteur, qui préfèrent, par exemple, passer par Dubaï pour ces échanges.
Il y a quelques semaines, le Diamond Office, instance de régulation publique du secteur en Belgique, avait déjà averti sur cette situation, identifiant les mêmes facteurs négatifs. Certains négociants, réagissant dans la presse, avaient estimé que le secteur pourrait être rayé de la carte d'ici à quelques années.
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