Newcleo et OPG, les experts du "petit nucléaire" qui s'intéressent à la Belgique
Stefano Buono, le CEO et fondateur de Newcleo, et la star des SMR, est en opération séduction auprès des partis de l'Arizona. Les Canadiens d'Ontario Power Generation aussi. Mais pour sortir des starting-blocks, ils attendent "un plan".
"La Belgique est évidemment un marché qui nous intéresse. Si la direction politique est claire, alors il sera possible de travailler". Ces mots, ce sont ceux de la superstar du nucléaire, le physicien italien Stefano Buono, qui a réussi en trois ans à créer une start-up spécialisée dans les petits réacteurs de nouvelle génération (SMR) et à lever plus d'un demi milliard d'euros de capitaux privés.
Invité ce lundi par le Forum nucléaire et KPMG pour faire un point sur la renaissance l'atome en Europe, le charismatique CEO de Newcleo a dévoilé son plan: commercialiser un premier SMR de nouvelle génération (qui recycle une partie de son combustible) d'ici à 2031. Avec comme promesse additionnelle un coût de l'électricité à 60 euros par MWh.
"Évidemment, pour y arriver, nous avons besoin du soutien des autorités de sûreté", nous confie l'homme, qui organise un workshop géant à l'ASN – le gendarme nucléaire français – ce mardi. "Le régulateur belge y sera", sourit-il. Lui et ses confrères partagent le rêve de l'harmonisation des règles de sûreté à l'échelle européenne, qui permettrait plus facilement de construire des SMR en série, et donc de réduire les coûts.
Lors de son passage éclair en Belgique, le patron aura aussi fait un arrêt par chaque parti de l'Arizona. "Ils ont tous l'air d'accord pour faire du nouveau nucléaire, maintenant, il faut adapter la législation", nous glisse-t-il.
Un candidat-opérateur canadien?
Et Stefano Buono n'est pas le seul à regarder la Belgique d'un œil intrigué. Autre invité de marque – et autre visiteur de l'Arizona –, Geoffrey Olynyk, directeur commercial de Ontario Power Generation (OPG), est venu montrer qu'il était possible de faire du nouveau nucléaire "on time and on budget".
En Ontario, OPG a en effet démarré un chantier de construction de quatre SMR, dont le premier sera raccordé d'ici à 2029. "C'est la première fois que cela arrive dans le monde, hors Chine et Russie", appuie-t-il. En aparté, l'homme nous confie que la Belgique fait partie de sa "short list" pour étendre ses activités. "C'est le début, nous découvrons le marché, mais si la loi qui empêche le nouveau nucléaire est abrogée et qu'il y a un plan clair, alors nous sommes intéressés", avance-t-il.
Et par "intéressés", Olynyk ne parle pas que de soutien dans la gestion de projets. "Nous cherchons aussi à jouer un rôle d'opérateur hors de nos frontières", lance-t-il.
"Si la loi qui empêche le nouveau nucléaire est abrogée et qu'il y a un plan clair, alors nous sommes intéressés par un rôle d'opérateur."
Gagner la confiance du privé
Pour tenir leurs promesses et réussir leurs expansions, tant Buono qu'Olynyk ont besoin de l'appui des détenteurs de capitaux. "Si nous voulons réussir à faire décoller le nucléaire, nous devons respecter les délais, le budget et le calendrier dès le premier jour. C'est la seule façon d'attirer les investisseurs", reconnait Denis Dumont, CEO des activités nucléaires de Tractebel (Engie). "Nous devons être capables demain de construire des SMR aussi rapidement que des centrales à gaz", synthétise-t-il.
Pour démarrer, le secteur en appelle aussi au soutien public. "Nous aurons besoin des États lors de la phase de transition avant les premières réalisations. Mais après, une fois que nous aurons prouvé la rentabilité du modèle, le privé suffira largement", garantit Stefano Buono.
En plus de convaincre les investisseurs, les acteurs du nouveau nucléaire doivent convaincre des talents. Ce qui, si l'on en croit Denis Dumont, est en marche. "Chez Tractebel, nous avons recruté 500 personnes pour travailler dans le nucléaire au cours des deux dernières années", souligne-t-il. Buono, lui, en a engagé 900 en trois ans.
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