Guerre commerciale: le Canada dévoile de nouveaux tarifs douaniers contre des produits américains
Le Canada va imposer dès jeudi de nouveaux droits de douane sur certains produits américains pour répondre aux tarifs imposés par Donald Trump sur l'acier et l'aluminium.
Le Canada a annoncé des contre-mesures de représailles de 25% sur environ 30 milliards de dollars canadiens (20,8 milliards de dollars américains) de produits fabriqués aux États-Unis, en réponse à l’imposition de droits de douane sur l’acier et l’aluminium par l’administration Trump.
Les représailles canadiennes viseront l’acier et l’aluminium américains, ainsi que d’autres produits, en appliquant des taxes équivalentes à celles imposées par Washington. Cela concernera notamment les ordinateurs, les équipements sportifs et les produits en fonte, a déclaré mercredi Dominic LeBlanc, le ministre des Finances lors d'une conférence de presse. Il a précisé que les nouveaux tarifs correspondront dollar pour dollar aux taxes américaines et entreront en vigueur jeudi à 00h01.
"Nous nous porterons tous mieux lorsque le plus grand partenariat économique et de sécurité du monde sera renouvelé et relancé."
Au total, les représailles canadiennes affecteront 12,6 milliards de dollars canadiens de produits en acier, 3 milliards de produits en aluminium et 14,2 milliards d’autres articles.
Relèvement des droits de douane américains
La semaine dernière, le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau avait déjà mis en place des droits de douane sur 30 milliards de dollars canadiens de produits américains, couvrant des centaines de biens de consommation, notamment des boissons alcoolisées, des cosmétiques et du beurre de cacahuète, en réponse à la décision du président Donald Trump d’instaurer des droits de douane de 25% sur de nombreux produits canadiens.
Le relèvement des droits de douane américains concerne non seulement l'acier et l'aluminium, mais aussi 289 catégories de produits dérivés (écrous, boulons, pièces automobiles, canettes de soda, lames de bulldozers, etc), soit près de 150 milliards de dollars (137,4 milliards d'euros) de biens importés selon les données 2024 de l'US International Trade Commission.
"Nous sommes fermement convaincus que dans un monde confronté à des incertitudes géo-économiques et géopolitiques, il n'est pas dans notre intérêt commun d'entraver nos économies avec de tels droits de douane."
Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères, a qualifié ces taxes américaines d'"injustifiées et injustifiables". Elle a indiqué qu’elle aborderait la question avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, que le Canada accueille pendant trois jours dans une région rurale du Québec. "Nous devons riposter contre cette absurdité", avait-elle déclaré.
De son côté, le futur Premier ministre canadien, Mark Carney, a indiqué être prêt à parler directement avec le président américain Donald Trump des relations commerciales entre les deux pays. "Je suis prêt à m'asseoir avec le président Trump au moment opportun, dans une position où il y a un respect de la souveraineté canadienne et où nous travaillons à une approche commune et beaucoup plus globale pour le commerce", a-t-il déclaré, ajoutant que "nous nous porterons tous mieux lorsque le plus grand partenariat économique et de sécurité du monde sera renouvelé et relancé".
Cette hausse des droits de douane sur l'acier et l'aluminium, qui devrait également peser sur le commerce mondial, a été unanimement condamnée à l'étranger.
"Nous sommes fermement convaincus que dans un monde confronté à des incertitudes géo-économiques et géopolitiques, il n'est pas dans notre intérêt commun d'entraver nos économies avec de tels droits de douane", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à des journalistes.
"Nous sommes prêts à engager un dialogue constructif", a-t-elle ajouté, indiquant avoir demandé au commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, de reprendre les discussions "pour examiner de meilleures solutions" avec Washington.
Pas de représailles immédiates au Mexique
La présidente mexicaine Claudia Scheinbaum a dit de son côté attendre le 2 avril pour envisager des mesures réciproques à l'imposition de tarifs douaniers sur les importations aux États-Unis d'acier et d'aluminium décidées par Donald Trump. "Nous allons attendre le 2 avril pour voir si nous devons également prendre des mesures dans le même cadre de réciprocité que le gouvernement américain", a déclaré Mme Scheinbaum lors de sa traditionnelle conférence de presse.
Le président américain a reporté au 2 avril sa menace d'imposer à 25% l'ensemble des importations mexicaines, après un entretien téléphonique avec Mme Sheinbaum.
"Nous espérons qu'il n'y aura pas de tarifs douaniers réciproques, étant donné que nous avons un accord commercial, et qu'il n'y a pas de tarifs douaniers mexicains envers les États-Unis", a ajouté Mme Sheinbaum.
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