Alors qu'il était déjà propriétaire d'un restaurant dans sa ville (natale) de Mons, Jean-Philippe Watteyne a été propulsé au sommet par Top Chef. C'était en 2013. Suite à ce concours, il s'est fait un prénom ou, plutôt, un petit nom, Jean Phi. À bientôt 35 ans, le chef n'était pourtant pas un inconnu des professionnels dans notre pays, ce que l'on a tendance à ignorer.
Après des études à l'école hôtelière Ilon St Jacques de Namur, un passage à L'Air du Temps de San Degeimbre (comme sommelier) et un autre au Club Med (où il rencontre, Maureen, sa future épouse originaire de Saint Brieuc en Bretagne), il travaille en salle dans un établissement du sud de la France. Il s'y ennuie et donc, il saisit une opportunité de revenir en Belgique, dans les cuisines d'une brasserie. Il retrouve le plaisir du piano et participe à deux reprises comme finaliste au redoutable concours Prosper Montagné qui décerne annuellement le titre de "Premier Cuisinier de Belgique". Il termine quatrième et troisième.
Beurre, hareng, sauce hollandaise: autant d'ingrédients que le chef fume avec discrétion. Original et délicieux.
Ensuite, c'est l'ouverture de son restaurant à Mons, l'expérience Top Chef et l'ouverture, dans la foulée, du Bistrot de Jean-Phi, toujours à Mons. Depuis fin janvier, son resto I Cook a déménagé dans une belle maison où il a également aménagé quatre chambres. Dans la grande salle au dallage noir, les tables en bois voisinent avec un espace isolé, espèce de bocal en verre, où une autre table accueille les groupes.
Devant une flûte d'un pétillant rosé méthode traditionnelle d'un producteur du Beaujolais (pur cépage gamay), voici quelques mises en bouche comme ces crevettes roses, sauce bisquée et mayonnaise délayée au curry. Et ce délicieux velouté de champignons de Paris à la crème et aux oeufs de harengs fumés. Le menu de ce midi débute avec des Saint-Jacques d'Erquy (les dernières de la saison), crème truffée, quinoa frit et topinambours au pickles. Associations audacieuses, un bel équilibre avec du relief amené par la touche subtilement vinaigrée du condiment. Voilà ensuite un filet de bar cuit sur peau, déclinaison de choux (des légumes que le chef affectionne): des petits bouquets de romanesco, brocoli, chou rouge et chou-fleur. L'assiette s'accompagne d'une sauce hollandaise onctueuse et... fumée. C'est le troisième élément fumé du repas après le hareng et le beurre qui accompagne le pain cuit maison.
Dans les verres, un blanc italien des Pouilles de cépage fiano et un viognier/chardonnay du nord de la vallée du Rhône, à la touche minérale et fruitée, très apprécié. Le repas se termine par un dessert en demi-teinte: un pancake assez fade, de la glace au chocolat blanc dulcey de Valrhona (onctueux et biscuité), tartare d'ananas et de mangue. Du Roussillon, un Rivesaltes jeune (grenat), servi légèrement frais, apporte ses notes fruitées (cerise). À noter sur la carte, ce conseil: "Nous souhaitons recevoir votre avis de manière immédiate. Par exemple, un peu plus de sauce?" En salle, un service souriant et détendu vous demandera aussi, à midi, si vous avez un timing à respecter. Voilà qui doit aussi être souligné.
RÉSERVATION
Adresse?
Avenue Reine Astrid 31, 7000 Mons. Tél. 065/33.40.33. Fermé dimanche et lundi. www.restaurant-icook.be
Sommelier?
Belle carte de champagnes de vignerons à prix un peu élevés. Parmi les blancs (à partir de 30 euros), le Mâcon-Buissière du Domaine Sarrazinières (35 euros) et, coup de coeur absolu, Le 50/50 de Louis Chèze, (30 euros). En rouge (à partir de 22 euros), on a pointé le Saumur-Champigny nature du Domaine Pithon-Paillé (50 euros).
Décibels?
Autour des 30dB.
Addition?
Deux flûtes de méthode traditionnelle (13 euros), deux menus trois services avec sélection de deux vins (96 euros), deux verres de vin avec le dessert (10 euros), un café et un thé (8 euros), une bouteille d'eau (5 euros). Total: 132 euros.
On y retourne?
En soirée, pour le grand menu (65 euros, 95 avec sélection de vins).