Bienvenue dans un joyau moderniste en baies vitrées des années 1950

"Nous n'avions pas l'intention d'acheter une maison car nous voulions concevoir et faire construire la nôtre", témoignent Craig Bassam et Scott Fellows, fondateurs du studio de design américain BassamFellows. Et puis, ils changent d'avis en découvrant la Hodgson House, un joyau moderniste années 1950 tout en baies vitrées conçu par l'architecte américain Philip Johnson.

À New Canaan (Connecticut), à une heure de route au nord de New York, les étés indiens peuvent être époustouflants. La nature déploie une palette de couleurs d'une incomparable beauté. À chaque souffle de vent, des feuilles rouges, jaunes et vertes virevoltent dans un ballet multicolore.

Craig Bassam et Scott Fellows du studio de design BassamFellows ont eu le coup de foudre pour cette maison moderniste de Philip Johnson, membre du groupe The Harvard Five.
Craig Bassam et Scott Fellows du studio de design BassamFellows ont eu le coup de foudre pour cette maison moderniste de Philip Johnson, membre du groupe The Harvard Five.
©Mark Seelen
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L'ondoyante Ponus Ridge Road, qui traverse le district de New Canaan du nord au sud, est spectaculaire. C'est aussi l'une des plus belles routes en termes d'habitations: elle est bordée des deux côtés par des grandes maisons de campagne et des fermes construites dans toutes sortes de styles architecturaux coloniaux éclectiques, typiques du goût américain de ces dernières décennies. Avec çà et là, quelques joyaux de l'architecture internationale, comme la Hodgson House de l'architecte Philip Johnson (1906-2005).

"En fait, nous n'avions pas l'intention d'acheter une maison, car nous voulions concevoir et faire construire la nôtre. Nous vivions dans une maison années 50, conçue par l'architecte Willis Mills, un peu plus loin, dans la même rue", expliquent Craig Bassam et Scott Fellows, partenaires dans le studio de design BassamFellows et dans la vie. "Notre intention était d'acheter ici, à New Canaan, un terrain à bâtir ou une vieille bicoque que l'on aurait pu faire démolir. Et puis, la Hodgson House a croisé notre route et tous nos projets ont été chamboulés."

Simplicité et intemporalité

"Dès notre première visite, en 2006, nous sommes tombés sous le charme de l'emplacement et de la situation", poursuit le duo. "Tout était parfait: le lieu, le jardin, la taille de la maison, le relief du paysage. La maison est en parfaite harmonie avec la nature. On a ce ressenti dans toutes les pièces de la maison, toutes idéalement orientées sur les abords immédiats.

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"Chaque pièce offre un panorama spécifique ce qui fait que, quand on se déplace, on ne voit jamais la même chose. C'est un plaisir sans cesse renouvelé!"
"Chaque pièce offre un panorama spécifique ce qui fait que, quand on se déplace, on ne voit jamais la même chose. C'est un plaisir sans cesse renouvelé!"
©Mark Seelen

Chaque pièce offre un panorama spécifique ce qui fait que, quand on se déplace, on ne voit jamais la même chose. C'est un plaisir sans cesse renouvelé! Nous avons aussi été séduits par sa conception moderne, car elle incarne l'essence de ce que devrait être l'architecture: un jeu de lumière, d'espace et de transparence. On peut y apprendre une foule de choses; d'ailleurs, des collègues architectes et designers qui l'ont visitée l'ont décrite comme 'a beautiful learning experience' et 'a pure simple space'. Ce qui est vraiment le cas: la maison est sereine, simple et intemporelle."

À l'image des projets du studio de design BassamFellows que le couple dirige depuis 2003, quand ils ont présenté leur première collection de mobilier au Salone del Mobile de Milan: des chaises, bancs et tables en teck fabriqués dans des ateliers suisses. L'architecte et designer australien Bassam avait précédemment conçu le magasin pilote du fabricant de chaussures Bally à Berlin et le siège de Bally à Lugano. Et l'Américain Fellows avait notamment travaillé comme directeur artistique pour la marque de luxe Salvatore Ferragamo.

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Ensemble, Bassam et Fellows ont développé le concept hôtelier du James Hotel Group, qui compte des hôtels à Chicago, Los Angeles, New York et Miami. Au dernier Salone del Mobile de Milan, ils ont été salués pour la présentation de Elemental, une collection de tables, chaises et daybeds en matériaux naturels -pierre, bois, métal et cuir.

Dit huis is in volledige harmonie met de natuur en het landschap.
Dit huis is in volledige harmonie met de natuur en het landschap.
©Mark Seelen

Hello Ponus Ridge Road

La Hodgson House a été conçue il y a plus de 65 ans par l'architecte américain Philip Johnson. Juste en face, il avait construit sa propre demeure, la célèbre Glass House. La légende raconte que, par une belle journée d'automne en 1951, Richard et Geraldine Hodgson roulaient sur la Ponus Ridge Road, à New Canaan. Ils étaient à la recherche du terrain parfait pour la construction de leur maison familiale. Quand ils sont passés devant la Glass House de Johnson, ils se sont arrêtés. Alors qu'ils admiraient ce bâtiment, un jeune homme est venu les saluer: "Hi, I'm Philip Johnson. Do you already have an architect to design your house?" Non, ils n'en avaient pas.

Alors, pour le couple, Philip Johnson a planché sur la conception de deux pavillons séparés en briques grises, placés perpendiculairement l'un à l'autre. Le premier pour y abriter l'espace de vie, et le second, la chambre à coucher de Richard et Geraldine Hodgson et celles de leurs quatre jeunes enfants. Ces deux bâtiments étaient reliés par une passerelle en verre transparent.

House of glass

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©Mark Seelen

La maison est une composition linéaire de volumes et d'éléments vitrés. Le pavillon d'habitation s'articule autour d'un patio ouvert, entouré sur trois côtés par de grandes façades vitrées. En matière d'architecture, Johnson a joué avec l'intérieur et l'extérieur. La nature environnante, aménagée par les architectes paysagistes Zion & Breen, qui ont également signé le jardin intérieur du MoMa à New York, se reflète de manière étonnante dans l'intérieur. Les deux univers semblent se fondre l'un dans l'autre, faisant disparaître les murs et les cloisons.

Le patio et la grande baie vitrée de la façade encadrent la vue sur la belle pelouse et les groupes d'arbres majestueux.
Par la suite, Hodgson allait participer à la fondation de l'entreprise de technologie Intel, mais à l'époque, il ne roule pas sur l'or. Il demande un prêt aux banquent qui le lui refusent sous prétexte que le style de la maison est trop moderne. Le couple commence donc par construire le pavillon espace de vie sur ses fonds propres. Il y a campé pendant près de cinq ans avec ses enfants, jusqu'à ce que le deuxième pavillon soit construit, et cette fois encore, sans prêt hypothécaire.

Le pavillon des chambres s'articule autour d'un patio entouré sur trois côtés par de grandes baies vitrées.
Le pavillon des chambres s'articule autour d'un patio entouré sur trois côtés par de grandes baies vitrées.
©Mark Seelen

The Harvard Five

De nombreux riverains n'appréciaient guère les créations de Philip Johnson. Ils considéraient ces 'flat-roofed boxes' comme une atteinte à leur environnement verdoyant et à l'architecture traditionnelle de la Nouvelle-Angleterre. Et, en effet, traditionnel n'est pas le qualificatif qui vient à l'esprit quand on regarde cette architecture.

©Mark Seelen

L'architecte Philip Johnson faisait partie d'un groupe d'architectes appelé The Harvard Five, auquel appartenaient également Marcel Breuer, Landis Gore, Eliot Noyes et John Johnson. Dans la seconde moitié des années 1950, ils construisirent tous les cinq une série de maisons modernes à New Canaan, une localité qui est depuis surnommée la 'Mecque du modernisme'.

Les Harvard Five expérimentaient dans le domaine des matériaux, des méthodes de construction, de l'utilisation de l'espace architectural et du design moderne. Ce faisant, ils ont théorisé le plan de 'l'architecture du futur', basé sur des formes géométriques simples, des toits plats, des plans d'étage ouverts et de longues façades vitrées. En 1979, Johnson connaît gloire et reconnaissance quand il remporte le prestigieux prix d'architecture américain Pritzker.

©Mark Seelen

Le concierge joue les entremetteurs

Cette maison est un idéal intemporel, mais à plus de 65 ans, on ne peut plus la qualifier de révolutionnaire. C'est un classique.

À la mort du couple, la Hodgson House resté des années dans les mains de la famille. Les enfants entretenaient et protégeaient la maison et ses environs avec l'aide du National Trust for Historic Preservations. Des règles strictes ont alors été établies pour ce patrimoine culturel unique: elle devait rester une maison d'habitation et les possibilités de transformation étaient limitées. Par exemple, la Hodgson House devait demeurer un ensemble de deux pavillons et aucun étage supplémentaire ne pouvait être ajouté.

C'est par l'intermédiaire du concierge de la Glass House que Bassam et Fellows ont été présentés aux enfants Hodgson. Comme les deux designers avaient rénové la maison Willis Mills située un peu plus loin, les héritiers ont été convaincus que la maison de leurs parents serait en bonnes mains.

©Mark Seelen

Fellows et Bassam ont, eux aussi, été conquis. Ils constatent que leurs propres créations sont superbement mises en valeur dans la Hodgson House. De fait, leur design s'harmonise parfaitement avec les meubles pour la maison réalisés par le cabinet de Johnson et les classiques d'après-guerre de Poul Kjaerholm et Hans Wegner.

"Nous attachons également une grande importance aux proportions, à la simplicité, au choix des matériaux et au confort. Cette maison est un idéal intemporel qui incarne le sens de la beauté, de l'élégance et de la nature. Après plus de 65 ans, on ne peut plus la qualifier de révolutionnaire: c'est devenu un classique."