L’architecte Bruno Erpicum a été chargé de concevoir un pavillon dans un jardin de la banlieue bruxelloise. Une des exigences de son client: avoir assez de murs pour présenter sa collection d’art.
Pour un entrepreneur textile et une artiste, AABE, l’Atelier d’Architecture Bruno Erpicum, basé à Bruxelles, a construit un pavillon de jardin offrant la surface habitable et les équipements d’une maison. D’un point de vue architectural, le pavillon contemporain crée un contraste marqué avec la maison, beaucoup plus classique, du couple, située dans la banlieue verte de Bruxelles. “C’était aussi l’intention. Je voulais un pavillon en béton qui se fonde dans le jardin”, explique le collectionneur, qui préfère rester anonyme.
“Nous sommes entrés en contact avec Bruno Erpicum, car je suis un ami de sa sœur et, bien sûr, son architecture nous plaisait. Nous lui avons donné carte blanche, mais le pavillon devait répondre à trois conditions: suffisamment d’espace pour notre collection d’art, une pièce de travail pour moi et un atelier de peinture pour mon épouse. Cela ne pouvait absolument pas être un cube de verre, car nous avions besoin de murs pour présenter notre collection.”
“À une époque où tout le monde devrait habiter de manière plus compacte, il peut paraître un peu décadent de faire construire un tel volume supplémentaire, uniquement pour y loger sa collection et son bureau. Mais le pavillon est conçu comme une maison autonome, ce qui compense déjà un peu.”
Le pavillon n’est pas rectiligne, ce qui crée une dynamique intérieur-extérieur captivante, notamment du côté de la façade vitrée. Pour l’ensemble du pavillon, l’architecte a opté pour un coffrage de béton coulé sur place. Le sol est composé de planches extra larges de sapin de Douglas clair. “La Saatchi Gallery à Londres a le même parquet – nous nous en sommes inspirés. Dans l’atelier de mon épouse, il est déjà couvert d’éclaboussures de peinture”, sourit le propriétaire. Le reste des ouvrages sur mesure – les portes intérieures pivotantes et la bibliothèque – ont été réalisés en wengé. “Cette essence se marie bien avec le bureau en wengé signé Jules Wabbes que je possédais déjà.”
La collection
Les propriétaires qualifient leur collection de très éclectique. “Nous ne considérons pas nos œuvres comme un investissement, car elles sont toutes des coups de cœur”, commente-t-il. “Parfois, on fait une bonne affaire, mais la plupart du temps, ce n’est pas le cas. Le principal est que nous puissions vivre dans un espace où nous sommes entourés de beauté. Nous achetons moins qu’avant, mais restons attentifs. C’est aussi pour cela que j’aime tellement changer l’accrochage des œuvres. Ici, l’architecture s’y prête parfaitement.” En circulant dans le pavillon, nous reconnaissons des œuvres du photographe sud-africain Pieter Hugo, du surréaliste roumain Victor Brauner, de la peintre Dominique Ijak, du photographe canin William Wegman, du symboliste autrichien Alfred Kubin et du peintre camerounais Barthélemy Toguo.
Le design mid-century fait partie des nombreux centres d’intérêt des propriétaires, qui ont aménagé l’annexe en béton avec du mobilier signé Poul Kjaerholm, William Katavolos, Arne Jacobsen, Jules Wabbes et Eero Saarinen.
Le jardin n’est pas en reste: il accueille de nombreuses sculptures, dont une œuvre récente en bois brûlé de l’architecte paysagiste Michel Delvosalle. “Comme vous pouvez le voir, nous avons aussi pas mal d’art ethnique”, ajoute le propriétaire. “Cela va des sculptures africaines aux sculptures océaniennes. Il n’y a pas vraiment de ligne directrice dans ce que nous achetons: dans ma bibliothèque, il y a une série d’objets en ivoire provenant de Chine qui servent à jouer d’un instrument à cordes. Je les trouve magnifiques.”
L’expérience du pavillon
Le pavillon est comme enfoui dans le parc, conçu par l’architecte paysagiste Michel Delvosalle, qui s’étend sur quatre hectares. Depuis la maison proprement dite, on ne voit pas vraiment le volume, qui se fond parfaitement dans son environnement. “Nous avons l’autorisation d’ajouter un étage supplémentaire, mais le pavillon ne serait plus aussi discret dans son cadre: si nous le faisions, nous pourrions nous installer ici.”
Le couple utilise déjà le pavillon quotidiennement. Pour une baignade le matin, pour profiter de l’art pendant la journée ou pour organiser des réunions d’affaires. “Je fais mes trajets domicile-travail en trottinette”, explique le propriétaire. “De la maison jusqu’ici, j’ai environ 80 mètres à parcourir.”
Site web: www.erpicum.org