Des photos aériennes de Knokke prises depuis un avion d'espionnage américain.
Des photos aériennes de Knokke prises depuis un avion d'espionnage américain.
© Birger Stichelbaut

En images: à quoi ressemblait Knokke à l'été 1945?

Il y a 75 ans, Knokke, enfin libérée, voulait oublier la Seconde Guerre mondiale. Sabato a examiné des photos aériennes de la ville côtière prises en août 1945.

Ce 4 août 1945, la côte était sûre: par ce beau samedi ensoleillé, un avion d’observation américain volait au large de la côte belge. Remarquablement bas, car la défense antiaérienne allemande avait été liquidée. Pourtant, les Américains voulaient encore prendre des photos détaillées du littoral, du nord de la France à la Zélande.

On distingue les premiers touristes sur la plage et les dégâts de la Seconde Guerre mondiale.
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“La mission secrète (nom de code 'Casey Jones’) n’avait pas pour objectif de mesurer les dégâts de la Seconde Guerre mondiale, mais de réaliser les cartes détaillées de toute l’Europe qui leur avaient manqué pendant la guerre”, explique Birger Stichelbaut, archéologue à l’UGent et spécialisé dans la photographie aérienne historique.

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Zoomez sur les photos pour une image plus détaillée.

“La plupart des photographies aériennes de la mission 'Casey Jones' ont été prises de très haut et à la verticale, mais celles-ci sont exceptionnellement basses et obliques, ce qui les rend plus faciles à analyser. On reconnaît les maisons, les hôtels, les rues, les monuments et, en zoomant, on arrive à lire les affiches ou à voir passer le tram."

"Chaque photo est comme la pièce d’un puzzle représentant un paysage de guerre."
Birger Stichelbaut
archéologue à l’UGent

" Ces photos sont spéciales, car août 1945 était le premier été de la Libération. On voit les premiers touristes faire trempette ou se promener sur la digue entre bunkers et hôtels aux fenêtres obturées. C’est à la fois très humain et surréaliste: des vacances dans un paysage de guerre.”

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Stichelbaut et son équipe sont spécialisés dans l’étude de photos aériennes des deux guerres mondiales. Ils ont à leur actif publications scientifiques, livres et expositions sur ce thème, notamment au In Flanders Fields Museum à Ypres.

Le 1er juillet, l’exposition “Atlantikwall in vogelvlucht: archeologie van de Tweede Wereldoorlog” (Mur de l’Atlantique en vue aérienne: archéologie de la Seconde Guerre mondiale) ouvrira ses portes à Raversijde, près d’Ostende. Le panorama de 75 mètres de long avec les photographies aériennes historiques de tout le littoral belge, de La Panne au Zwin est exceptionnel.

J’ai découvert ces images à Washington, lorsque j’ai eu accès à des archives comptant 6 à 7 millions de photos aériennes d’Europe occidentale prises après la Seconde Guerre mondiale”, explique-t-il. “Les négatifs de ces images d’espionnage avaient été transférés sur des pellicules d’archives dans les années 60, et conservées dans un 'cold storage' secret. Leur consultation était complexe et coûteuse, mais dès que nous avons pu, nous nous sommes rendus sur place pour photographier les milliers d’images historiques de Flandre et de Wallonie."

" C’était un travail à la chaîne, nous étions comme des photocopieuses! Nous disposons des copies numériques de ces photos, un matériel d’étude unique. Comment avons-nous fait pour trouver des images de la côte dans ces archives, un exercice aussi ardu que trouver une aiguille dans une botte de foin?"

Les photographies aériennes ont été prises à un moment crucial, quand le tourisme hôtelier a commencé à devenir le tourisme en appartement.

"Notre mission était bien préparée: nous savions exactement quelles pellicules nous voulions regarder, soit 40, car nous connaissions les plans de vol de l’avion d’observation. Cependant, chaque fois que nous placions une pellicule sur le caisson lumineux, c’était la surprise: l’image serait-elle déchirée? Serait-elle encore analysable? Suffisamment détaillée pour reconnaître des sites archéologiques? Nous avons vécu alors les moments les plus excitants de notre quête."

" Chaque photo est comme la pièce d’un puzzle représentant un paysage de guerre. Heureusement, les images aériennes étaient complètes. Même si chaque photo de la côte ne restait que quelques secondes sur le caisson lumineux, nous étions frappés par sa qualité.”

Un avis que nous partageons. Spécialement pour ce numéro spécial Knokke, Sabato a étudié les photographies aériennes de la côte de Knokke à Duinbergen. Nous avons bénéficié de l’aide de Stichelbaut, de son collègue, l’archéologue Wouter Gheyle et de l’ancien échevin de Knokke, président du Heemkundige Kring et auteur de nombreuses publications sur l’histoire de Knokke, Danny Lannoy.

“Les images sont intéressantes”, déclare ce dernier. “On voit comment la station balnéaire se remet de la guerre." Les photographies aériennes ont été prises à un moment crucial: à la Libération, quand le tourisme hôtelier a commencé à devenir le tourisme en appartement.

En 1945, le Zoute et la digue étaient loin d’être déjà entièrement reconstruits. Peu de temps après la guerre, les hôtels historiques ont commencé à faire place aux immeubles à appartements.”

L’exposition “Atlantikwall in vogelvlucht’, à partir du 1er juillet,
Atlantikwall Raversyde, Ostende, www.raversyde.be

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