Si Dominic West est si crédible dans "The Crown", c’est parce que l’acteur est châtelain. Voici le Glin Castle à Limerick, appartenant à la famille de sa femme, la paysagiste Catherine FitzGerald.
Catherine FitzGerald surveille trois de ses quatre enfants et leurs amis tout en cuisinant. Elle prépare des légumes frais en provenance directe de son potager d’un peu plus d’un demi-hectare à Glin Castle, dans le comté de Limerick, à l’ouest de l’Irlande. Entre-temps, les enfants ont revêtu leur père d’un tablier de cuisine froissé et coloré.
Dominic West fait une mayonnaise en suivant un tuto sur YouTube – ce sont ses premiers pas en cuisine. Pour une fois, il endosse un rôle très différent de celui du prince Charles dans la série Netflix "The Crown", du détective James (Jimmy) McNulty dans la série "Sur écoute" ou d’Eddie, le personnage qu’il interprétera bientôt dans "A View From The Bridge", une pièce écrite par Arthur Miller en 1955 et qui raconte l’histoire d’une famille qui accueille des immigrés italiens.
Son influence de paysagiste est évidente dans l’ensemble du jardin.Dominic West
Pour le dîner, les West reçoivent Olda, la mère de Catherine, dans la très formelle salle à manger aux murs d’un rouge profond ornés des portraits de ses ancêtres. Catherine FitzGerald est l’aînée des trois filles de Desmond, 29E (et dernier) chevalier de Glin, décédé en 2011. Le clan FitzGerald est l’une des dynasties les plus importantes d’Irlande, dont l’arbre généalogique remonte au XIIIe siècle.
Desmond et Olda ont géré le château en tant qu’hôtel-boutique pendant un temps et, depuis que Catherine et Dominic ont pris la relève, la demeure est la deuxième résidence de la famille, même si elle accueille principalement des événements ou des résidents éphémères vu sa position sur le marché de la location de luxe.
Bien que Catherine soit mariée à un acteur célèbre, elle peut se targuer d’une carrière impressionnante d’architecte paysagiste. Elle a conçu de nombreux jardins privés et des parcs publics, dont ceux du château de Hillsborough, résidence officielle du gouvernement irlandais, ainsi qu’un lieu de rencontre informel situé à côté de la St Olavs Norwegian Church.
Ce jardin de quatre hectares qui, dans son enfance, était un endroit rêvé pour grimper aux arbres et construire des cabanes, est devenu, à l’âge adulte, son terrain de jeu professionnel. Ces 25 dernières années, ses parents lui ont donné carte blanche pour planter et concevoir le jardin. Et elle en profité. "C’était très généreux de leur part!", s’exclame-t-elle aujourd’hui en riant. "Cela a dû être difficile pour eux, car j’ai fait beaucoup d’erreurs."
Dominic West, qui connaît Castle Glin depuis qu’il a rencontré Catherine à l’université, confie que le travail de son épouse continue à l’étonner.
Se perdre dans ses pensées
En tant que conceptrice, FitzGerald est consciente du rôle crucial que joue l’agencement du jardin, qu’il s’agisse d’un projet de grande envergure comme au château de Hillsborough ou d’un modeste jardin de ville. Il arrive même parfois que l’emplacement détermine tout, comme c’est le cas à Glin, où le Gulf Stream assure un climat doux et légèrement humide. Bien que la demeure actuelle ait été construite dans les années 1780 et que les créneaux gothiques aient été ajoutés par une génération ultérieure, l’histoire du terrain sur lequel elle se trouve est beaucoup plus ancienne.
Les chênes noueux des jardins sont les descendants de la forêt de Killarney, qui couvrait autrefois toute la région jusqu’à l’embouchure du fleuve Shannon, sur laquelle donne Glin. "Ils bordent le jardin et sont un lien avec l’Irlande éternelle", raconte Catherine, quatrième génération de femmes à prendre soin de ce jardin. "Tout est fonction de l’atmosphère unique de Glin", explique-t-elle. "Ce lieu a beaucoup de caractère."
D’autres arbres impressionnants qui prospèrent ici viennent de contrées lointaines, à l’instar de l’imposant pin de Monterey qui s’élève près de la maison, du Drimys winteri du Chili et de l’arbre de fer de Perse, le Parrotia persica, qui constitue l’épicentre du jardin. Planté dans les années 30 par la grand-mère de Catherine, cet arbre marque la frontière entre les vastes pelouses formelles bordées d’ifs et le "pays du chêne", plus sauvage, qui s’étend au-delà.
Ici, des chemins soigneusement tondus serpentent à travers les hautes herbes et les fleurs sauvages.
Dans les bois ombragés ou derrière les buissons, on ne sait jamais ce que l’on va découvrir. Peut-être un cercle de pierres créé par Desmond, un groupe de gunneras géants, voire une grotte du XVIIIe siècle... "Plus on marche, plus on a de chances de se perdre dans ses pensées", explique Catherine, qui continue d’enrichir le jardin de nouvelles plantations pour qu’il reste fleuri tout au long de l’année.
Joyeuse danse
C’est dans le jardin clos que l’influence de Catherine en tant que conceptrice est la plus manifeste. Bien qu’Olda ait établi un plan très formel, Catherine a développé cette disposition avec de longues bordures doubles de part et d’autre de l’allée qui longe le mur côté sud. Là, les ifs irlandais semblent maintenir une certaine forme d’ordre parmi une profusion de plantes herbacées exécutant une joyeuse danse de couleurs et de formes, tandis que les imposantes tiges de l’Echium pininana s’élancent vers le ciel.
Dominic West, qui connaît cet endroit depuis qu’il a rencontré Catherine à l’université, affirme que le travail de son épouse à Glin Castle ne cesse de l’étonner. "Le jardin est son chef-d’œuvre. Elle y a consacré sa vie, car à ses yeux, il est le cœur de la maison. Lorsqu’elle est dans le jardin, rien d’autre ne peut la captiver."
Glin Castle possède plus de 15 chambres et peut être privatisé pour un minimum de deux nuits.
À partir de 7.280 euros.
| www.glin-castle.com |
"A View From The Bridge", avec Dominic West, du 22 mai au 3 août au Theatre Royal Haymarket à Londres.
| www.trh.co.uk |