En 1893, quand Victor Horta érige l’Hôtel Tassel à Bruxelles, il jette les bases d’un nouveau style: l’Art Nouveau. 130 ans plus tard, la capitale met en lumière ce mouvement architectural via l’année de l’Art Nouveau. Voici une sélection de visites à ne pas manquer.
S’il y a une façade que tout le monde connaît à Bruxelles, c’est celle de la Maison Cauchie, près du parc du Cinquantenaire. Sorte d’affiche géante, elle fait la part belle à l’art du sgraffite, une technique de fresque maîtrisée par son auteur, Paul Cauchie (1875-1952). Architecte et décorateur, Cauchie a conçu cet édifice en 1905 pour en faire son habitation et son atelier. Dans les années 70, ce fleuron de l’Art Nouveau a été sauvé in extrémis par Guy Dessicy, ancien collaborateur d’Hergé, et son épouse Léo.
Suite à leur décès, la maison trouve un nouveau couple acquéreur: Thierry et Pascale de Molinari, via leur compagnie d’assurances familiale CDA. Passionnés par la destinée de ce bâtiment, ils fédèrent architectes, scénographes, scientifiques et artisans pour mener à bien une rénovation d’envergure. “Actuellement, l’accès à la maison est compliqué. Nous avons acquis la maison voisine, au numéro trois de la rue des Francs, pour en faire un espace d’accueil des visiteurs, avec un ascenseur pour les PMR.”
Une restauration d’envergure – jusque 2026 – qui n’empêchera pas la maison de rester ouverte au public le plus possible. “Nous prévoyons, dès cette année, la mise en lumière de la maison avec Sibelga. Un éclairage nocturne pour la façade, mais aussi à l’intérieur pour éclairer les sgraffites qui seront visibles depuis la rue.” Une restauration exemplaire qui permettra de révéler des éléments jamais vus, comme des peintures au tampon encore masquées de papiers peints. Une nouvelle maison-musée accessible à tous, avec une programmation d’expositions, des ateliers de sgraffite pour les écoles, des concerts et des conférences toute l’année.
Selon Horta, le plan de cette maison de 1895 est le plus audacieux qu’il ait dessiné. Conçu pour Edmond van Eetvelde, Secrétaire général pour le Congo et conseiller de Léopold II, cet hôtel de maître matérialise sa réussite sociale. À l’intérieur, Horta a employé des matériaux issus du Congo et certains motifs évoquant la colonie. On peut admirer l’agencement des volumes, la diffusion de la lumière et une somptueuse rotonde coiffée d’une coupole de vitraux colorés. Un véritable joyau aux espaces généreux pour abriter une famille et, surtout, les réceptions fastueuses du propriétaire. En 1899, alors qu’il se sent un peu à l’étroit, van Eetvelde commande une extension (au numéro deux) pour y loger son bureau et une salle de billard.