Le village des athlètes pour les J.O de Paris a été créé par une Belge

"‘I Felti’ est en feutre, une matière qui évoque la protection, comme les œuvres en feutre de Joseph Beuys. Pour moi, cet objet décrit un espace: comme une œuvre d’art, il ouvre l’imaginaire et emporte dans un autre monde. Je m’y assois pour réfléchir, lire ou parler au téléphone. C’est mon père, fabricant et marchand de meubles, qui m’a transmis l’amour du design. Il m’a appris ce qu’étaient le design de meubles, la décoration d’intérieur et le confort. Dès mon plus jeune âge, il m’emmenait au salon Interieur Kortrijk. C’est là que j’ai découvert le travail d’Andrea Branzi, de Gaetano Pesce, du Groupe Memphis, d’Achille Castiglioni et bien d’autres encore."

"Lina Bo Bardi (1914-1992), une architecte italienne qui a émigré au Brésil après la Seconde Guerre mondiale. Son architecture radicale remettait toujours les choses en question et j’aime cela, moi aussi. Son travail est très actuel, surtout maintenant que nous sommes en pleine transition écologique. Bien qu’elle ait été curatrice et qu’elle ait conçu des musées ou des scénographies fantastiques, sa maison à São Paulo était tout sauf un musée. Son usine ‘SESC Pompéia’ à São Paulo est un chef-d’œuvre architectural et urbanistique: elle a réuni de manière très pertinente des personnes de différents milieux sociaux. Son œuvre low-tech est empreinte de sensibilité sociale et revient à l’essence même de l’architecture."

"En tant qu’architecte, il y a beaucoup de collègues que j’admire, comme Rem Koolhaas et Dominique Perrault, avec qui j’ai eu la chance de collaborer. Leur travail est très fort sur le plan conceptuel, leur approche très critique et leur sensibilité artistique particulièrement présente. Ils ont élargi mon horizon."

"Cependant, c’est mon père qui m’a donné ma force de travail. Il disait toujours: ‘Si tu commandes une bière, tu dois la boire.’ En d’autres termes, si tu choisis quelque chose, tu dois t’y engager pleinement. C’est la seule façon d’avancer dans la vie. Il m’a poussée, il m’a permis de partir à Paris en 1987 et il a continué à me soutenir quand j’ai échoué à de nombreux concours d’architecture. C’est à lui que je dois ma persévérance. Paul Soetaert (1948-2023) est une autre personnalité qui mériterait une chaire. Il était mon professeur d’architecture en troisième année. Il m’a surtout appris que mes projets devaient répondre à une logique et non à une esthétique."

"Le dessin est pour moi une sorte de méditation. Cela me calme et me donne de l’espace pour réfléchir. Dessiner, c’est aussi prendre du temps pour moi. Je fais beaucoup de croquis d’architecture, mais aussi des œuvres libres. Parfois, je dessine au bureau, où j’ai un endroit à part où tout le monde me laisse tranquille. J’utilise mes croquis d’architecture à des fins professionnelles, mais je garde mes dessins libres pour moi. J’en ai des carnets pleins, mais seuls quelques amis y jettent un œil. Mes étudiants ne dessinent presque plus à la main. Je leur dis toujours: ‘Votre main est connectée à votre tête; la souris à l’ordinateur. Lorsque vous dessinez quelque chose à la main, vous le comprenez automatiquement mieux’."

"Beaucoup de choses, car je suis de nature très curieuse. Quand mon père allait livrer des meubles chez des clients, je l’accompagnais toujours pour découvrir comment ces gens vivaient. Aujourd’hui, si j’entends un terme ou si je vois quelque chose qui m’est inconnu, j’effectue immédiatement une recherche. Je cherche constamment à approfondir mes connaissances."

"Je déteste les bavards, les gens qui brassent du vent et s’agitent pour rien. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la théorie, mais la manière de mettre les idées en pratique. Les Français sont très doués pour parler de quelque chose, mais cela n’aboutit à rien. Je suis pour l’efficacité, et ça les choque parfois. Au bureau, il m’arrive de dire: ‘Arrêtez de discuter, dessinez et décidez.’"