Par ses idées globales, le Bruxellois Olivier Dwek est devenu l'architecte préféré de nombreuses institutions artistiques. Ces trois joyaux belges ont fait l'objet de sa première monographie.
01. New Hope Collection à Saint-Gilles
En face du musée Horta, le site protégé de l’UNESCO où a vécu et travaillé Victor Horta, se trouve le bâtiment qu’Olivier Dwek a conçu en 2020 pour la Collection New Hope. "Regardez la composition formée par la façade arrière et la ligne du toit: les deux bâtiments se font écho. C’est comme s’ils faisaient de la musique ensemble", explique l’architecte. "Le rock est apparu dans les années 50, quand les musiciens ont interprété le blues de manière plus rapide et plus sexy. Ici, j’ai joué la même mélodie que Horta, mais 120 ans plus tard. Il avait à sa disposition un quatuor à cordes fin de siècle; j’avais des synthés dernier cri. Horta avait une belle vue sur les arbres qui se trouvent dans le jardin du bâtiment de New Hope. Pour la préserver, la construction de la collection n’est pas très élevée."
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Le fait de pouvoir construire en face de la célèbre maison-atelier Art nouveau de Horta revêt une signification particulière pour Olivier Dwek. Non seulement il a étudié à l’Institut Victor Horta à Bruxelles, mais son travail y est également apparenté. Chez Horta, l’architecture n’est qu’un élément d’un ensemble, une approche qu’il poursuit à sa manière contemporaine.
"Le maître d’ouvrage est un des plus grands collectionneurs de design américain et scandinave du XXe siècle. Une de ses pièces maîtresses est une bibliothèque unique, conçue pour George Nakashima et Paul Evans. D’où le nom de New Hope Collection: c’est là, en Pennsylvanie, qu’a vécu et travaillé l’ébéniste américain d’origine japonaise George Nakashima", poursuit Dwek.
"J’ai fait dialoguer ces pièces de collection avec des pièces de la collection bruxelloise du collectionneur d’art Charles Riva -Richard Prince, Philip Guston, Ed Ruscha et Robert Motherwell. Je les ai combinées avec des prêts de la collection de design français de David et Daniel Lebard."
En raison de la lumière naturelle et de la relation fluide entre l’intérieur et l’extérieur, l’art trouve ici une résonance exceptionnelle. Mais, même sans art ni design, l’architecture de l’espace reste puissante. Le point de mire est le mur de marbre vert de 42 mètres carrés (un clin d’œil au «grand-père artistique» de Dwek, Ludwig Mies van der Rohe) en double livre ouvert, comme si un bloc de marbre avait été déplié deux fois. Par contre, la construction du toit est une référence ludique à Jean Prouvé. "J’ai rêvé que j’étais une souris et que je m’étais retrouvé sous une table de Prouvé. J’ai traduit la vue sur cette structure par une ossature d’acier."
Collection New Hope, 26-28 rue Américaine à Saint-Gilles. Le 15 mai, la maison de vente aux enchères Native y tiendra sa vente à l’occasion son dixième anniversaire. Journées d’exposition du 8 au 15 mai.
www.native-auctions.com
02. CAB à Ixelles
Le collectionneur d’art et entrepreneur immobilier
Hubert Bonnet a été le premier à charger Olivier Dwek de concevoir un bâtiment pour une fondation d’art. Depuis 2012, le CAB est installé dans un hall industriel de 1933, que l’architecte a transformé en espace multifonctionnel idéal pour accueillir des expositions ou des événements. Le caractère industriel a été préservé, mais Dwek a intégré des plafonds de 3,80 mètres de haut et des puits de lumière de 30 mètres de long afin que les œuvres soient pleinement mises en valeur.
"Hubert est un collectionneur passionné d’art minimaliste et conceptuel. C’est également la ligne directrice de sa fondation, où il invite des conservateurs à réaliser des expositions thématiques", précise Dwek.
L’exposition collective "Structures of Radical Will" se tient actuellement au CAB, avec des œuvres de Sol LeWitt, Stanley Brouwn et Beatrice Balcou.
"Structures of Radical Will": jusqu’au 24 juillet à la Fondation CAB, rue Borrens 32 à Ixelles.
www.fondationcab.com
03. N.E.S.T Foundation, en banlieue gantoise
Pour un collectionneur d’art mélomane, Olivier Dwek a conçu un bâtiment aux fonctions multiples. L’espace de 1.250m² au rez-de-chaussée, qui sert à présenter ses collections d’art et de design, est doublé d’une salle de concert dotée d’une acoustique de pointe, répondant aux normes de la Chapelle musicale Reine Élisabeth.
"La lumière naturelle est abondante, comme à la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, au Louisiana Museum of Modern Art de Copenhague ou à la Fondation Beyeler de Bâle, mais le système qui régule l’incidence de la lumière est conçu de manière à avoir également une fonction acoustique", précise Dwek.
"Les collections sont présentées de manière muséale: nous avons installé un éclairage LED d’Erco, le système utilisé par les plus grands musées. Ici, l’architecture est une expérience visuelle et auditive, mais aussi olfactive -les murs dégagent un parfum subtil." Même si le bâtiment n’est pas accessible au grand public, il devait être polyvalent. Au niveau de la mezzanine, l’architecte a conçu une bibliothèque et un espace de réunion, où le meuble-bar en étain martelé à la main, une pièce unique made in Belgium, attire tous les regards.