Ensemble de trois maison signées Henri Jacobs à Schaerbeek.
Ensemble de trois maison signées Henri Jacobs à Schaerbeek.

Un safari de façades à Bruxelles et Namur

La façon idéale de redécouvrir son quartier en cette période de confinement? Un safari architectural à vélo ou à pied. Sabato a chargé des connaisseurs de concevoir deux itinéraires à Bruxelles et à Namur.

Un safari de façades à Schaerbeek avec Cécile Dubois

Cécile Dubois est historienne de l’art et guide free-lance à Bruxelles et co-organise le Banad, la Biennale Art nouveau & Art déco. Elle a élaboré un parcours à Schaerbeek, "Parce qu'on y trouve un ensemble architectural sous-estimé."

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Pour accéder à la carte interactive des safaris de façades: rendez-vous sur www.lecho.be/sabato/facadeparadeschaerbeek

Maison Autrique

Victor Horta, 1893, chaussée de Haecht 266, Schaerbeek.

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Maison Autrique (Victor Horta, 1893), Schaerbeek
Maison Autrique (Victor Horta, 1893), Schaerbeek
© Sophie Voituron

L’architecte Victor Horta a rencontré l’ingénieur Eugène Autrique à la loge maçonnique ‘Les Amis Philanthropes’, à laquelle les triangles des ferronneries font référence. Comme Horta a fait preuve de souplesse en matière d’honoraires, Autrique a pu se permettre une pierre de parement blanche.

Sur la façade, au-dessus des fenêtres, on remarque également les sgraffites (technique décorative consistant à gratter un dessin dans la couche d’enduit frais et à le colorer selon la technique de la fresque) avec motif en coup de fouet. Celui-ci deviendra un thème de l’Art nouveau, dont la maison Autrique est un précurseur. La maison, ouverte au public, a été classée en 1976 et restaurée entre 2002 et 2004.

Église Sainte-Suzanne

Jean Combaz, 1925-1928, avenue Gustave Latinis 50, Schaerbeek.

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L’église Sainte-Suzanne fut la première église de Bruxelles en béton armé. La façade en grès et béton comporte de nombreuses petites fenêtres laissant entrer la lumière à la manière d’une dentelle. L’architecte Jean Combaz n’a pas été très innovant: il s’est clairement inspiré de l’église Notre-Dame du Raincy, érigée en 1922 par le pionnier français du béton, Auguste Perret. 

École SASASA

Maurice Uyttenhoven, 1937, avenue Maurice Maeterlinck 2, Schaerbeek.

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École SASASA (Maurice Uyttenhoven, 1937), Schaerbeek
École SASASA (Maurice Uyttenhoven, 1937), Schaerbeek
© Sophie Voituron

Ce magnifique bâtiment de style Art déco tardif abrite aujourd’hui l’école SASASA (Savoirs, Saveurs, Sagesse), mais, en 1937, Maurice Uyttenhoven l’avait conçu en tant qu’habitation. La façade en pierre de France est un peu stricte, mais les éléments de façade arrondis sont une référence au style paquebot. La porte est d’origine, tout comme la pergola en béton sur le toit.

Maison Ajoux

René Ajoux, 1935, avenue des Jacinthes 19, Schaerbeek.

Maison Ajoux (René Ajoux, 1935), Schaerbeek
Maison Ajoux (René Ajoux, 1935), Schaerbeek
© Sophie Voituron

La résidentielle avenue des Jacinthes se trouve dans le quartier des Fleurs, près de l’avenue Lambermont et du parc Josaphat. On y trouve quelques jolies maisons modernistes et Art déco, mais cette maison d’angle de 1935 est spéciale, car son architecte, René Ajoux, a utilisé partout des formes circulaires ou en arc de cercle, que l’on retrouve également à l’intérieur. À Bruxelles, Ajoux est principalement connu pour ses projets de cinémas, dont le Mirano Continental, chaussée de Louvain.

Immeuble à appartements ‘Les Pavillons français’

Marcel Peeters, 1930-1934, rue du noyer 282, Schaerbeek.

Immeuble "Les Pavillons français" (Marcel Peeters, 1930-1934), Schaerbeek
Immeuble "Les Pavillons français" (Marcel Peeters, 1930-1934), Schaerbeek
© Sophie Voituron

À Schaerbeek, impossible de les manquer: ‘Les Pavillons français’ sont une monumentale tour résidentielle de style Art déco, inspirée des immeubles américains. Un projet classé de Marcel Peeters réalisé pour les promoteurs immobiliers Lucien et Gérard Kaisin – sans lien de parenté avec l’architecte-designer et scénographe de dîners Charles Kaisin.

Un regard attentif révèle que la plinthe du bâtiment est en granito noir poli, un matériau qui jouit aujourd’hui d’un retour en grâce. En s’approchant davantage, on découvre le magnifique hall d’entrée en retrait et l’intérieur du hall d’entrée en bois d’époque.

Maisons Nyst

Alfred Nyst, 1922 en 1928, square Vergote 16 et 45, Schaerbeek.

Maison Nyst (Alfred Nyst, 1922 et 1928), Schaerbeek
Maison Nyst (Alfred Nyst, 1922 et 1928), Schaerbeek
© Sophie Voituron

Alfred Nyst a conçu quatre maisons sur le square Vergote, une place de forme elliptique. Deux d’entre elles, les numéros 16 et 45, possèdent des façades classées qui méritent l’attention. L’architecte a également construit de prestigieux hôtels de maître sur l’avenue Molière et l’avenue Géo Bernier, près des étangs d’Ixelles.

Au numéro 16 se trouve une austère maison moderniste en briques jaunes, avec une belle loggia à motif stellaire. La maison Fournier, au numéro 45, arbore une superbe façade avec porche décorée de mosaïque, carreaux de céramique dorés et grille décorative.

Maisons Henri Jacobs

Henri Jacobs, 1899-1905, avenue Maréchal Foch 7 à 11, Schaerbeek.

Ensemble de trois maison signées Henri Jacobs à Schaerbeek.
Ensemble de trois maison signées Henri Jacobs à Schaerbeek.

L’architecte Henri Jacobs vivait dans la maison centrale de cet ensemble de trois habitations érigées sur l’avenue Maréchal Foch. Sa maison possède la façade la plus élaborée, avec des sgraffites du peintre Privat-Livemont. Jacobs y avait également son bureau d’architecte et son nom figure d’ailleurs encore sur le rabat de la boîte aux lettres.

Jacobs a construit la maison de droite de style néo-Renaissance pour un agent de change. En 1905, le receveur municipal Vincent Coen a chargé Jacobs de concevoir la maison de gauche. Avec succès, car celle-ci a remporté un concours de façades. Ne manquez pas d’admirer les motifs floraux du vitrail, la pierre bleue et les sgraffites de Privat-Livemont.

Un safari de façades à Namur avec Cécile Vandernoot et Jean-Paul Verleyen

Cécile Vandernoot et Jean-Paul Verleyen ont supervisé la rédaction du ‘Guide de l’architecture moderne et contemporaine Namur & Luxembourg’ qui vient d’être publié. Après des ouvrages sur les régions de Liège, Mons, Tournai et Charleroi, le cinquième volume est consacré à l’architecture wallonne. Le province de Namur recèle des joyaux moins connus d’architectes tels que Victor Horta, Roger Bastin, Jacques Dupuis, Louis Herman De Koninck et Victor Bourgeois.

Pour accéder à la carte interactive des safaris de façades: rendez-vous sur www.lecho.be/sabato/facadeparadenamur

Wall House

And’rol, 2013, rue du Fort Saint-Antoine 24, Namur.

Wall House And’rol, 2013, Namur
Wall House And’rol, 2013, Namur
© Nicolas Bomal

Comme il n’y a pas que le modernisme dans la vie, nous commençons notre safari façades namurois par une maison contemporaine très particulière de Bomel, un quartier aux rues escarpées situé derrière la gare de Namur.

Le cabinet d’architectes And’rol y a construit une maison réalisée avec des linteaux en béton préfabriqués et présentant des joints débordants, une référence aux fortifications en moellons encore présentes dans les environs.

Maison de la Culture & Le Delta

Victor Bourgeois, Philippe Samyn & Associés, avenue Fernand Golenvaux 14, Namur.

Maison de la Culture & Le Delta, Victor Bourgeois, Philippe Samyn & Associés, Namur
Maison de la Culture & Le Delta, Victor Bourgeois, Philippe Samyn & Associés, Namur
© Nicolas Bomal

Au confluent de la Sambre et de la Meuse se dresse la monumentale Maison de la Culture, un choc entre deux géants de l’histoire de l’architecture belge. D’une part, le moderniste Victor Bourgeois, décédé en 1962, deux ans avant l’achèvement de son dernier projet, ce bâtiment rationaliste.

D’autre part, Philippe Samyn & Associés qui a conservé le bâtiment et achevé les spectaculaires travaux d’extension l’année dernière, dont l’escalier en hélice. 

Stade des Jeux et Théâtre en plein air

Georges Hobé, 1906-1910, route Merveilleuse, Namur.

Stade des Jeux et Théâtre en plein air, Georges Hobé, 1906-1910, Namur
Stade des Jeux et Théâtre en plein air, Georges Hobé, 1906-1910, Namur
© Nicolas Bomal

La sinueuse route qui gravit la colline de la Citadelle de Namur permet de découvrir plusieurs bâtiments intéressants, comme le Palais Forestier, un pavillon d’exposition éclectique de 1901 de Henri Van Massenhove.

De même, impossible de manquer le gigantesque Stade des Jeux et l’immense Théâtre en plein air de Georges Hobé de 1906-1910, un des premiers bâtiments en béton armé de Belgique, qui nécessite cependant une restauration d’urgence.

Juste à côté, un autre bâtiment remarquable, le pavillon belge de l’Exposition universelle de Milan (2015), devrait ouvrir ses portes cette année. La ville a acheté le projet de l’architecte namurois Patrick Genard pour 3,6 millions d’euros.

École hôtelière provinciale

Albert Mairy, 1966-1971, avenue de l’Ermitage 7, Namur.

École hôtelière provinciale, Albert Mairy, 1966-1971
École hôtelière provinciale, Albert Mairy, 1966-1971
© Nicolas Bomal

L’école hôtelière de Namur jouit d’une superbe situation sur le flanc de la Citadelle, mais le bâtiment des années 60 vaut la visite. Les façades en béton préfabriqué aux fenêtres rondes arborent un style ‘space age meets brutalisme’ rappelant le bâtiment CBR de l’architecte Constantin Brodzki à Watermael-Boitsfort, qui abrite aujourd’hui l’espace de coworking Fosbury & Sons.

Maison Dupont et Maison Defour

Paul Fisette, 1933 et Gaston de Henau, 1937, boulevard de la Meuse 61, Namur. 

Maison Dupont et Maison Defour, Paul Fisette, 1933 et Gaston de Henau, 1937, Namur
Maison Dupont et Maison Defour, Paul Fisette, 1933 et Gaston de Henau, 1937, Namur
© Nicolas Bomal

En traversant le pont de Jambes en direction de Jambes et en suivant le boulevard de la Meuse, on tombe sur deux jolies maisons Art déco situées à l’angle de l’avenue de la Citadelle. La Maison Dupont, avenue de la Citadelle 90, présente une façade anguleuse, tandis que la Maison Defour est un véritable paquebot, amarré de manière photogénique sur les bords de la Meuse. 

Cinéma Caméo

(Jean Delooz, 1933), rue des Carmes 45-51, Namur.

Cinéma Caméo, Jean Delooz, 1933
Cinéma Caméo, Jean Delooz, 1933
© Nicolas Bomal

La façade du Cinéma Caméo présente des éléments de style paquebot, mais aussi du fonctionnalisme de l’entre-deux-guerres. Quand Jean Delooz a conçu le cinéma Art déco de Namur, il n’avait prévu qu’une seule grande salle.

Dans les années 70, le cinéma a été transformé en un complexe de six salles. Lorsque la ville a acheté le bâtiment, en 2005, il était en si mauvais état qu’il devait être démoli. Pour finir, il a été rénové et a rouvert ses portes en 2016. Au 16 de la rue Saint-Joseph, une rue commerçante proche du Caméo, se dresse une maison privée du même architecte. Le double bow-window de style paquebot est particulièrement impressionnant. 

Ancienne Moutarderie Bister

Alphonse Dethy, 1946-1948, rue de Francquen 1, Namur.

Ancienne Moutarderie Bister, Alphonse Dethy, 1946-1948
Ancienne Moutarderie Bister, Alphonse Dethy, 1946-1948
© Nicolas Bomal

Le nouveau bâtiment dans lequel la moutarderie Bister s’est installée à Jambes, en 1948, abrite maintenant des appartements style loft. Les fenêtres à bandeau et l’austère façade en briques confèrent à l’usine un aspect moderniste qui, même après la rénovation de 2019, n’a rien perdu de son caractère.