Le château a été construit vers 1540, probablement par les mêmes artisans et maîtres d’œuvre que ceux qui ont travaillé aux célèbres châteaux de la Loire.
Le château a été construit vers 1540, probablement par les mêmes artisans et maîtres d’œuvre que ceux qui ont travaillé aux célèbres châteaux de la Loire.
© Tijs Vervecken

Découvrez l'intérieur du Château de Poncé appartenant à une famille de galeristes

La Galerie La Forest Divonne inaugure son nouvel espace avenue Louise à Bruxelles et sera présente à la Brafa. Rencontre avec cette famille d’amateurs d’art au château de Poncé.

Il ne faut pas confondre la Loire et le Loir. Pourtant, ces deux rivières ont en commun de voir leurs rives bordées de châteaux de la Renaissance. Les plus célèbres, le long de la Loire, sont Chambord, Chenonceaux, Blois et Azay-le-Rideau. La vallée du Loir – un affluent de la Loire entre Angers et Le Mans – recèle également quelques pépites, dont le château de Poncé, construit vers 1540 et habité depuis 2010 par la famille de Malherbe et de La Forest Divonne.

Un nom qui fait tilt pour ceux qui connaissent le monde de l’art. Guy de Malherbe est peintre et Marie-Hélène de La Forest Divonne dirige une galerie d’art contemporain à Paris depuis 1988. Leur fils Jean s’installe à Bruxelles en 2016, où il ouvre une antenne de la Galerie La Forest Divonne. "Le plus belge des galeristes français", écrivait La Gazette Drouot le mois dernier. "C’est un compliment", témoigne Jean. "Il y a pas mal de galeries françaises à Bruxelles, mais la plupart des galeristes n’y vivent pas. En habitant la ville, je suis au plus près de la création contemporaine", commente le Français. "J’ai aussi besoin de contact avec la nature. Au château de Poncé, notre maison de vacances dans la région natale de mon père, je peux me détendre en toute sérénité. Au printemps, le jardin couvert de tulipes est magnifique et en hiver, il règne une atmosphère mystique dans le château."

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Jean de Malherbe et Marie-Hélène de La Forest Divonne, directrice d’une galerie d’art contemporain à Paris.
Jean de Malherbe et Marie-Hélène de La Forest Divonne, directrice d’une galerie d’art contemporain à Paris.
© Tijs Vervecken

Ping-pong et mobilier d’époque

À l’heure où vous lisez ces lignes, la sérénité a laissé place à l’agitation. En effet, la galerie emménage dans un nouvel espace avenue Louise, à Bruxelles. "C’est un lieu plus chaleureux, plus convivial, plus pratique et mieux situé que notre ancien espace d’exposition à Saint-Gilles. Nous pourrons y organiser plusieurs expositions simultanément, ainsi que des visites privées", précise Jean de Malherbe.

Le week-end d’ouverture sera-t-il tout aussi serein? Pas vraiment. Pendant le vernissage, le stand de la galerie à la BRAFA, événement artistique le plus important de l’année pour le galeriste, sera en cours de montage. Parallèlement, Poncé célèbre la Saint-Vincent, soit la fête des vignerons locaux. "Au programme: la bénédiction du vin, l’élection annuelle du roi et une fanfare qui se termine par un banquet au château", annonce Jean de Malherbe. "C’est une tradition folklorique que j’adore. En 2022, j’ai été élu roi et l’année prochaine, ce sera au tour de mon père."

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© Tijs Vervecken
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Heureusement, cette effervescence ne se ressentait pas encore lors de notre visite à la famille au château de Poncé, quelques jours après le Nouvel An. Sur le piano mijote un pot-au-feu et dans les verres est servi un excellent Pineau d’Aunis local.

Guy de Malherbe et Marie-Hélène de La Forest Divonne passent les fêtes de fin d’année en famille dans leur château. Les traces des festivités ne sont pas encore complètement effacées. Dans la Salle des Gardes, un jeu de fléchettes est toujours accroché à côté d’une cheminée Renaissance. Dans la pièce voisine, une table de ping-pong trône, entourée du mobilier d’époque.

"Mon frère a fêté le Nouvel An ici avec quinze amis", chuchote Jean. "Ce n’est pas un musée, mais une maison de famille. Nous tenons à créer un dialogue entre le passé et le présent: n’oubliez pas qu’à une époque, tout ce qui se trouvait dans ce château était contemporain."

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Une table de ping-pong côtoie du mobilier historique dans la Salle des Gardes: un mélange qui illustre l’ambiance qui règne au Château de Poncé.
Une table de ping-pong côtoie du mobilier historique dans la Salle des Gardes: un mélange qui illustre l’ambiance qui règne au Château de Poncé.
© Tijs Vervecken

Galerie La Forest Divonne

Avenue Louise 130 à Bruxelles
| www.galerielaforestdivonne.com |

Du 26 janvier au 2 février, la galerie sera présente à la Brafa Art Fair
www.brafa.art

Le Château de Poncé et ses jardins ouvrent leurs portes aux visiteurs à partir du mois d’avril.
| www.chateaudeponce.com |

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Escalier monumental

Jean de Malherbe et sa mère nous présentent la pièce maîtresse du château: l’escalier monumental orné de 136 "cassettes", des panneaux sculptés dans le tuf local, qui donnent rythme et relief au plafond. "Là, dans le coin, la date est gravée: 1542. À cette époque, les rois de France faisaient construire leurs châteaux dans la région de la Loire. Les meilleurs artisans de l’époque voyageaient de chantier en chantier pour réaliser ces prestigieuses commandes. Il est possible que les tailleurs de pierre qui ont travaillé ici aient également œuvré à Chambord. Les commanditaires du château étaient fidèles au roi François Iᵉʳ, dont l’emblème, la salamandre, figure au plafond. On peut aussi observer des dragons, des anges, des lions et des scènes de la vie d’Hercule. Tout l’escalier raconte une histoire. Le premier seigneur du château devait certainement divertir ses invités en leur racontant des récits captivants, tout comme le font les collectionneurs d’art d’aujourd’hui quand ils présentent fièrement leurs œuvres aux visiteurs."

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Dans les chambres à coucher, les lits sont anciens et le papier peint est d’époque.
Dans les chambres à coucher, les lits sont anciens et le papier peint est d’époque.
© Tijs Vervecken

Plus on monte, plus le décor des 136 cassettes devient baroque. En chemin, nous passons devant un portrait de Marie-Hélène de La Forest Divonne, peint par Vincent Bioulès. Tout en haut, un buste du célèbre poète français Pierre de Ronsard nous attend. "Il est né dans une maison de l’autre côté du Loir, à quatre kilomètres d’ici. Ronsard vivait à l’époque où Poncé a été construit", explique Jean de Malherbe, qui a étudié la littérature, l’histoire de l’art et la gestion à Paris. "Il est très probable qu’il ait arpenté ce domaine."

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© Tijs Vervecken

Une ruine authentique

Dans un château âgé d’un demi-millénaire, où Pierre de Ronsard a peut-être séjourné, le temps prend une autre dimension. "Arrêter ou remonter le temps n’a jamais été notre intention. Quand je séjourne ici, je dors dans une chambre du XVIIIe siècle avec un lit ancien et un papier peint d’origine, mais je ne considère pas cela comme un décor, plutôt comme une maison de famille bien vivante. Nous ne voulons pas en faire un décor figé avec du mobilier d’époque, comme beaucoup de Français le font dans leur château. C’est pourquoi nous mélangeons ici antiquités, art contemporain et mobilier moderne", précise Jean de Malherbe.

Il ajoute: "Ce château a toujours été un lieu de création contemporaine. Les précédents propriétaires étaient des céramistes. Leur atelier, installé dans les écuries du XVIIIe siècle, est aujourd’hui utilisé par mon père comme atelier de peinture et espace de stockage. Le domaine du château a toujours été un lieu vivant. En 1830, le propriétaire a fait construire une immense ruine néogothique. À l’époque du ‘gothic revival’, ce type de ‘garden folly’ était très à la mode. Cet ornement de jardin en forme de ruine était avant tout destiné à la contemplation; dans notre cas, cette ruine néogothique de 100 mètres de large et 30 mètres de haut avait aussi une fonction pratique: elle devait stabiliser la falaise qui s’effritait derrière le château. Ironiquement, dans les années 1980, une partie s’est effondrée et la fausse ruine est ainsi devenue une véritable ruine."

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Le château de Poncé, bâti vers 1540, est aujourd’hui un espace de vie, d’histoire et d’art contemporain.
Le château de Poncé, bâti vers 1540, est aujourd’hui un espace de vie, d’histoire et d’art contemporain.
© Tijs Vervecken

Vivre avec l’histoire

De l’autre côté du jardin, une autre "folly" a été aménagée au XVIIIE siècle, un labyrinthe qui mène à un platane géant d’au moins 300 ans. "À l’époque, c’était une espèce exotique, d’où sa position centrale. Enfant, mon père jouait souvent dans le labyrinthe et dans le château", se souvient le galeriste.

"En 2010, quand j’ai appris que Poncé était à vendre, nous n’avons pas hésité longtemps, même si Marie-Hélène et moi ne savions pas vraiment dans quoi nous nous embarquions", se souvient Guy de Malherbe dans son atelier.

© Tijs Vervecken

"Nous avons réalisé d’énormes travaux. Aujourd’hui, il y a tout le confort moderne, mais il faut accepter qu’il puisse parfois faire froid ou qu’il y ait des courants d’air. Vivre dans un château demande un certain état d’esprit. Ici, on vit avec l’histoire au quotidien. Malgré tout, on n’en a jamais vraiment fini avec ce genre de bâtiment: il y a toujours quelque chose à réparer ou à restaurer. Nous ne sommes pas milliardaires, nous n’avons pas non plus acheté ce château pour le rénover parfaitement: nous voulions simplement qu’il reprenne vie."

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