Il a monté une exposition spatiale qui ouvrira ses portes dans quelques jours à Londres. Entretien avec la star hollywoodienne Tom Hanks.
Bien qu'il ait conquis le cœur de millions de spectateurs en prêtant sa voix au cowboy Woody dans "Toy Story" de Pixar, Tom Hanks aurait préféré le rôle de Buzz l'Éclair, l'astronaute et fidèle acolyte du cowboy. En effet, l'espace fascine Tom Hanks et ce, depuis des lunes. Il serait prêt à être homme à tout faire à bord d'un vaisseau spatial si cela lui permettait d'avoir un siège pour décoller dans l'espace. "Si cela me permettait d'avoir une place, je serais le gars qui sert à manger, fait le ménage, raconte des blagues et des histoires et divertit tout le monde. Je dirais oui tout de suite! Ce serait génial, non? Je ferais toutes les corvées, je nettoierais les toilettes, je servirais les repas, je plierais les vêtements, je rangerais les affaires, que sais-je? Tout ça afin que les astronautes puissent se concentrer sur leur travail."
The Moonwalkers
Dans quelques jours, "The Moonwalkers" qui est, selon Hanks, "l'exposition spatiale la plus immersive jamais organisée", ouvrira ses portes à Londres. Le plus grand spécialiste de l'espace du cinéma hollywoodien a non seulement conçu l'expo, mais il en est aussi le narrateur principal.
Cette exposition est entièrement dédiée à l'exploration de la lune: "The Moonwalkers" raconte l'histoire des missions lunaires de la NASA, des débuts à nos jours. Les missions Apollo et Artemis y sont toutes deux présentées. Elle se déroule au Lightroom, un centre d'art numérique situé dans le quartier de King's Cross et doté de technologies de projection numérique et audio de pointe. "Le Lightroom est tellement grand que nous pouvons montrer une quantité énorme d'informations", déclare Tom Hanks, qui affirme avoir été inspiré par l'exposition "David Hockney" qui se tient actuellement au Lightroom. "J'ai directement pensé qu'ici, on pourrait marcher sur la lune si on le voulait."
L'exposition s'inspire en partie des images prises par le télescope spatial James Webb depuis son lancement, en décembre 2021, et qui a offert une dimension nouvelle à l'observation de l'univers. Il s'appuie aussi sur des photographies prises par les astronautes d'Apollo lors de leurs expéditions lunaires et qui ont été remastérisées numériquement. De plus, Tom Hanks puise son inspiration dans ses échanges personnels avec les astronautes rencontrés pour son interprétation dans le film "Apollo 13", sorti en 1995. Dans ce film, il incarne l'astronaute Jim Lovell, le commandant de la mission Apollo 13 qui a lancé un appel à l'aide devenu célèbre, "Houston, we have a problem". Le film se concentrait principalement sur les efforts conjoints de l'équipe au sol et des astronautes pour que ces derniers puissent revenir en toute sécurité sur Terre.
Moment charnière
Tom Hanks a douze ans quand Lovell pilote le premier vaisseau spatial habité à sortir de l'orbite terrestre dans le cadre du programme Apollo 8. À l'âge de treize ans, il voit Neil Armstrong poser le pied sur la surface lunaire lors de la mission Apollo 11. "Ce 20 juillet 1969, j'étais très conscient du fait qu'il s'agissait d'un exploit qui allait changer l'histoire de l'humanité", déclare-t-il. "Nous étions ceux qui ont vécu le moment où le premier homme a posé un pied sur la lune, "un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité". J'ai ressenti cela comme les gens qui ont vu la construction du pont de Brooklyn ou assisté à la traversée de l'Atlantique de Lindbergh."
Ce pionnier de l'aviation, qui a effectué le premier vol New York-Paris en 1927, a déclaré à Jim Lovell, lors d'un lunch organisé quelques jours avant le lancement d'Apollo 8, que c'était l'équipage d'Apollo 8 qui "écrirait l'histoire" et non Apollo 11. En évoquant cette rencontre extraordinaire, Tom Hanks raconte à quel point fut primordial le fait qu'Apollo 8 fut le premier vaisseau spatial habité à franchir le point d'équigravité, soit le point où l'attraction gravitationnelle de la Terre est aussi forte que celle de la lune.
Artemis II, dont le lancement est prévu en novembre 2024, reproduira le voyage de Lovell et d'Apollo 8. Tom Hanks rencontrera les quatre membres d'équipage dans les semaines à venir. Il souligne l'importance du fait que ce sera la dixième fois seulement que des humains tenteront d'accomplir cet exploit.
All the best
Grâce à son rôle dans "Apollo 13", l'acteur américain a eu l'occasion de rencontrer plusieurs pionniers de la NASA. En 2005, il a également produit "Magnificent Desolation: Walking on the Moon 3D", diffusé dans les cinémas Imax du monde entier, un film qui offrait au public la possibilité de se trouver à côté du module lunaire Eagle de Neil Armstrong et Buzz Aldrin.
Cependant, lorsque Tom Hanks a envoyé une lettre à Neil Armstrong (1930-2012) pour lui demander son témoignage, il a reçu une fin de non-recevoir très polie. Le premier homme sur la lune estimait qu'il n'y avait pas grand-chose à ajouter qui n'ait déjà été dit, mais il avait néanmoins souhaité bonne chance à l'acteur. "Armstrong avait écrit en substance: 'Je suis heureux que vous fassiez cela et vous souhaite bonne chance'. Il terminait la lettre par 'All the best, Neil Armstrong'. Depuis lors, je termine toujours mes lettres par 'All the best, Tom Hanks'. Si c'était assez bon pour Neil Armstrong, ça l'est aussi pour moi!" (rires)
Femme sur la lune
Tom Hanks souligne l'importance de la mission Artemis II parce qu'un des quatre membres de l'équipage sera pour la première fois une femme. Il était grand temps, estime-t-il, car jusqu'à présent, aucune femme n'avait entrepris de mission pour la lune. "Quatre personnes lors du vol Artemis II verront la Terre se lever depuis une orbite autour de la lune et l'une d'elles ne sera pas un homme. Je pense que cela en dit long sur les progrès de l'humanité. L'équipage d'Apollo n'était composé que d'hommes. Mais, comme nous devons envoyer les meilleurs d'entre nous dans l'espace, une femme fera partie de la mission Artemis II."
Bouteille d'eau
Si Tom Hanks avait la possibilité de laisser quelque chose derrière lui, sur la surface de la lune, il emporterait une petite bouteille d'eau, explique-t-il. "Je prendrais une bouteille vide, je la remplirais d'eau de l'océan Pacifique et je la laisserais sur la lune, afin de pouvoir dire qu'il y a de l'eau sur la lune. Ben oui, parce que j'en ai laissé. Lorsque le soleil se lèverait, l'eau se mettrait à bouillir et lorsqu'il se coucherait, elle gèlerait. En permanence. Mais je ne remplirais pas complètement la bouteille, afin que l'eau puisse prendre une forme liquide, solide ou gazeuse. Voilà ce que je déposerais en souvenir sur la surface de la lune."
Moonwalker
Qu'obtient-on lorsqu'on combine des images remastérisées numériquement des missions lunaires Apollo avec des technologies de projection numérique et audio de pointe, le tout commenté par l'acteur qui a (re)rendu célèbre l'appel à l'aide: "Houston, we have a problem"?
Une expérience immersive de près d'une heure offrant une perspective particulière sur les missions lunaires passées et futures. Dans "The Moonwalkers. A Journey with Tom Hanks", on découvre l'histoire des missions Apollo telles qu'elles ont été immortalisées par les douze astronautes qui ont foulé la surface de notre satellite naturel entre 1969 et 1972, munis de leur appareil photo Hasselblad.
Ces images ont été remastérisées numériquement, révélant ainsi des détails restés dans l'ombre pendant cinquante ans. Elles sont projetées en format XXL sur les sols et les murs du Lightroom à Londres, donnant au public l'impression de marcher sur la lune.
Tom Hanks a interviewé les astronautes du nouveau programme spatial Artemis, ce qui nous ramène au présent et répond à la question de savoir pourquoi l'humanité tient tant à retourner sur la lune.
"The Moonwalkers. A Journey with Tom Hanks"
| Date | Du 6 décembre au 21 avril 2024
| Adresse | Lightroom, 12 Lewis Cubitt Square à Londres
| Site web | lightroom.uk
© The Telegraph