Pour celles et ceux qui sont saturés d’histoires de savon et de gel hydroalcoolique, le travail de l’artiste Sara Shakeel apportera peut-être un peu d’air frais. Pas sous forme d’une autre solution -surtout, continuez à vous laver les mains!- mais d’un point de vue différent. Et scintillant.
Personne ne peut plus l’ignorer, on l’a suffisamment répété: si quelque chose s’est répandu au cours des dernières semaines, c’est la consigne de se laver les mains aussi fréquemment que faire se peut. Ce genre de consigne est encore plus marquante si elle s’imprime dans la rétine. Dans le maelström sans fin de messages en ligne et de publications sur les réseaux sociaux, l’œuvre de Sara Shakeel est devenue virale -oui, c’est le terme le plus approprié.
“Si mon eau ressemblait à ça, je ne pourrais plus m’arrêter de me laver les mains!”, a commenté un fan sous une série de photos qu’elle a postée sur Instagram. Les collages scintillants de mains qu’on lave, que l’artiste pakistanaise a rendus encore plus expressifs en y ajoutant des éclats de cristaux et de diamants numériques, ont récolté plus de 70.000 likes en moins d’une semaine.
La réalité n’est évidemment pas aussi glamour que ses images de femmes alanguies, couchées sur des lits et dans des bains d’étincelantes pierres précieuses. “Quality Quarantaine, aimez-vous et prenez soin de vous”, précise le post. À raison; il est néanmoins fort agréable de rêver grâce à ces images oniriques.
Sarah Jessica Parker
Quoi qu’en prétende le dicton qui veut que “tout ce qui brille n’est pas d’or” ou, plutôt, de diamant, Sara Shakeel montre que ce qui brille permet de faire une impression durable. Ce qu’elle devait prouver pour pouvoir se faire une place dans le monde artistique. En effet, il y a trois ans, elle était loin de ce monde. En effet, elle aspirait à un emploi dans le monde médical, comme le reste de sa famille.
“Tous me disaient que l’art ne mène à rien”, sourit Shakeel. Elle avait donc entamé des études en dentisterie. Mais le nombre de likes qui sont venus récompenser les expériences numériques qu’elle a réalisées avec les moyens du bord -un stylet et un smartphone- lui a fait changer d’avis.
“Les gens repostaient mon travail. L’actrice Sarah Jessica Parker a écrit un commentaire sous l’une de mes images et, suite à ça, tout le monde a commencé à partager ma page. Le lendemain, je me suis réveillée avec 15.000 nouveaux followers”, témoigne l’artiste, qui, ensuite, a appris à monter des images grâce à des heures de youtubing.
Léonard de Vinci
Quand on lui a demandé si elle était capable de réaliser son art “en vrai” -le genre de défi qui vise de nombreux artistes Instagram- elle a répliqué par une exposition à la Now Gallery de Londres. Si Damian Hirst a serti un crâne de plus de 6.000 diamants en 2007, Shakeel a, elle, adressé un clin d’œil à La Cène, célèbre tableau de Léonard de Vinci, l’année passée, avec une table incrustée d’un million de cristaux. “Un travail incroyablement méticuleux pour lequel mon expérience de dentiste m’a été très utile.”
Aujourd’hui, l’artiste du collage compte plus de 900.000 abonnés Instagram. Son travail compte des peintures classiques retravaillées avec des paillettes, des photographies d’archives de modèles rétro en diamants, ainsi que des objets ordinaires qui prennent une nouvelle dimension grâce aux paillettes.
Depuis, elle a collaboré avec le musicien Chance The Rapper, ainsi qu’avec la marque de soins de luxe La Mer. Elle a également conçu des œuvres d’art numériques pour le célèbre label Swarovski -comment pourrait-il en être autrement quand on aime les cristaux? Shakeel s’est également impliquée dans une collab’ de vêtements avec le grand magasin de luxe britannique Browns, où ses hoodies avec des chatons et des cristaux se sont vendus comme des petits pains.
D’où vient cette fascination? “Les cristaux et les diamants sont ma façon de voir le monde”, a déclaré Shakeel au magazine Forbes. “Clairs, brillants, précieux: c’est quelque chose dont il faut prendre soin.” Un concept qui prend tout son sens avec ses photos de lavage de mains... virales.
Instagram: @sarashakeel, où l’on peut aussi télécharger son filtre photo ‘Extraordinary’.