Le samedi de la plasticienne et metteuse en scène Miet Warlop

Le samedi de Miet Warlop, plasticienne et metteuse en scène: ralentir, aller au sauna et jouer les hôtesses surexcitées.

Aujourd’hui a lieu la première en Belgique de “One Song”. L’été dernier, cette pièce de Miet Warlop (44 ans), présentée au festival de théâtre d’Avignon, avait fait l’effet d’une bombe.

Miet Warlop est la quatrième metteuse en scène à qui Milo Rau, le directeur artistique du NTGent, a demandé de plonger dans son histoire personnelle pour créer une œuvre pour la série Histoire(s) du Théâtre. “Dans ‘One Song’, que j’ai écrite et mise en scène en collaboration avec Jeroen Olyslaegers, ma vie et mon œuvre s’entremêlent: c’est l’écho de vingt ans de travail artistique”, explique l’artiste flamande.

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Miet Warlop (44)

  • Elle fut la surprise du festival de théâtre d’Avignon édition 2022.
  • Première en Belgique de sa pièce “One Song”.

Après avoir décroché son diplôme au KASK à Gand, en 2004, Miet Warlop se consacre aux arts visuels et du spectacle. Elle s’installe à Berlin et, en 2012, remporte le prix Stückemarkt Theatertreffen au Berliner Festspiele avec “Mystery Magnet”. Depuis, ses performances, interventions et installations ont fait le tour du monde. Pourtant, elle est partie à Avignon la peur au ventre. “The most exalting show of the opening days (...) eliciting a massive ovation”, a écrit The Guardian. Le New York Times et Le Monde ont été tout aussi dithyrambiques. “Je me suis demandé pourquoi. Si c’est ça le ‘crazy shit’, Avignon n’est pas très classique!”, sourit-elle.

©Alexander D'Hiet

Miet Warlop vit à la fois dans son atelier de Molenbeek et sa maison de Berchem-Sainte-Agathe. “Du coup, je dois faire la vaisselle et remplir le frigo à deux endroits différents. En plus, comme je suis constamment en déplacement, je vis dans mes valises. Alors, pour me sentir partout un peu comme chez moi, j’emporte toujours un tissu de soie que je dépose sur mon lit le soir, comme un couvre-lit. Je fais ça dans ma chambre d’hôtel également!”, explique-t-elle. Là, on va parler de son samedi. Et quand on lui demande ce qu’elle fait généralement ce jour-là, la réponse fuse: “je me ressource”.

“Un samedi normal, il m’arrive de rester en peignoir jusqu’à deux heures de l’après-midi. Je n’ai pas de planning: prendre un long bain, m’acquitter de telle ou telle corvée, tout ranger… Et acheter des fleurs.”
Miet Warlop
Plasticienne et metteuse en scène

08h00 – “Je me lève tôt. J’ai une chambre à l’hôtel NH, juste à côté de NTGent. Dans ma chambre, je repasse ma tenue pour le soir.”

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09h00 – “Au NTGent, l’équipe technique est en train de faire la mise en place. Nous répétons une dernière fois avec les musiciens et les performers.”

12h00 – “Maarten (Van Cauwenberghe, NDLR), mon chéri, arrive. C’est lui qui a composé la musique. Nous mangeons une soupe et finalisons le sound check. Nous rions beaucoup, car nous sommes tendus. Depuis Avignon, nous savons quel effet la pièce a sur le public.”

14h00 – “J’ai l’impression qu’il y a beaucoup à faire, mais ce n’est pas le cas; je passe mon temps à tourner en rond. Un samedi normal, il m’arrive de rester en peignoir jusqu’à deux heures de l’après-midi: après une semaine passée à régler un tas de choses, ça m’aide à lâcher prise. Je n’ai pas de planning: prendre un long bain, m’acquitter de telle ou telle corvée, tout ranger… Et acheter des fleurs.”

©Alexander D'Hiet

15h00 – “Je vais me promener avec des amis ou à la mer avec Maarten, ou je vais aux thermes de Dilbeek, un spa que je fréquente régulièrement: cela me plaît d’y avoir mes habitudes.”

16h00 – “Dans ma famille, on aime cuisiner. Je pioche des idées de menus dans le livre du restaurant gantois Aroy Aroy et dans ‘Bangkok Street Food’ de Tom Vandenberghe. Les courses font partie de mon rituel. Je vais chez Dierendonck, au supermarché asiatique et chez BioPlanet. Je cuisine comme je roule en voiture: en cours de route, je me perds dans mes pensées. Avant de recevoir des amis, je teste le repas sur mon compagnon et son fils, car c’est toujours meilleur la deuxième fois.”

18h00 – “Aujourd’hui, je suis trop nerveuse pour manger, alors je prends un petit verre de vin pour me relaxer. Ensuite, je file en coulisses et j’enfile ma tenue. J’y réfléchis beaucoup, mais finalement, peu importe ce que je porte du moment que c’est soigné.”

“Je cuisine comme je roule en voiture: en cours de route, je me perds dans mes pensées.”
Miet Warlop
Plasticienne et metteuse en scène

19h00 – “Les gens arrivent. J’avais envie de les voir, mais dès qu’ils sont là, devant moi, je n’ai qu’une minute pour leur parler. Tout va bien? Vous avez des billets? Encore une fois, je m’imagine que j’ai toutes sortes de choses à faire, alors que je ne joue que le rôle de l’hôtesse surexcitée.”

20h00 – “Je deviens minuscule et je détourne le regard. À la fin de la première, ce blocage aura disparu et je serai émue par la performance des acteurs. Et, espérons-le, par les applaudissements des spectateurs.”

22h00 – “Nous allons faire la fête, en général, chez nous: c’est un moment de détente, mais après, la maison se retrouve à nouveau sens dessus dessous. Ce soir, mon amie Karolien Polenus, alias NiXiE, viendra faire la DJ. Nous resterons au théâtre, peut-être au Foyer qui a un joli balcon; enfin, c’est ainsi que je l’imagine.”

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