Les planches de surf de Jean Jullien font des vagues dans le monde de l'art

Le graphiste et illustrateur français Jean Jullien, qui s’est fait un nom avec son symbole "Peace for Paris" en 2015, a lancé une collab avec son compatriote, le shaper Fernand Surfboards.

Jean Jullien pratique le surf depuis quatre ans seulement. “Je ne suis pas un champion! Je vais régulièrement au Japon, où l’on voit toute une génération de surfeurs âgés s’amuser: c’est mon rêve.”

Le nom de Jullien ne figure peut-être pas encore dans les classements de compétitions de surf, mais le graphiste et illustrateur français est devenu mondialement célèbre depuis que son symbole "Peace for Paris" a été partagé des millions de fois sur les réseaux sociaux. Le logo, qui mixe la tour Eiffel et le symbole de la paix, a fait office de pansement numérique sur la blessure des attentats djihadistes de Paris le 13 novembre 2015.

Publicité
Publicité
Publicité
Jean Jullien doit sa réputation internationale au symbole "Peace for Paris", conçu après les attentats de Paris en 2015.
Jean Jullien doit sa réputation internationale au symbole "Peace for Paris", conçu après les attentats de Paris en 2015.

Les dessins de Jean Jullien sont, sans conteste, fantaisistes, surprenants, joyeux et créatifs, comme en témoignent les planches de surf qu’il a récemment lancées en collaboration avec Fernand Surfboards. Sur celles-ci (de quatre tailles différentes), son pinceau a créé en quelques traits quatre créatures marines: une baleine, un phoque et deux poissons, à mille lieues du surf art lambda.

Ce petit club d’animaux marins a conquis le cœur de ses abonnés (1.2 million tout de même), qui l’ont massivement partagé, faisant un succès de cette rencontre entre le monde de l’art et du surf. Si les prix atteignent des sommets, la quasi-totalité de la collection est partie en quelques jours. Toujours dans le cadre de cette collab, on peut également mettre la main sur des pulls et T-shirts (à des prix plus accessibles néanmoins).

 Le nom de Jullien ne figure peut-être pas encore dans les classements de compétitions de surf, mais le graphiste et illustrateur français est mondialement célèbre depuis "Peace for Paris".
Le nom de Jullien ne figure peut-être pas encore dans les classements de compétitions de surf, mais le graphiste et illustrateur français est mondialement célèbre depuis "Peace for Paris".
©Harry Borden / Contour by Getty Images

Carte planche

Retour en arrière. En 2015, le label indépendant Fernand Surfboards est fondé par Geoffray Sipoir qui, à l’instar de Jullien, est connu pour son style minimaliste. Ne mâchons pas nos mots: Sipoir est l’un des shapers du moment en France. “C’est moi qui lui ai proposé l’idée”, explique Jullien au téléphone depuis sa maison de vacances en Bretagne. “Comme je voulais une planche Fernand, j’avais commandé une custom board.” Le courant passe au point qu’ils commencent à évoquer l’idée d’une collab par mails interposés. Sipoir shaperait les boards et Jullien les illustrerait. Sans instructions ni limitations, Jean Jullien se rend à Capbreton, dans l’atelier landais où sont fabriquées les planches Fernand.

Publicité
Les planches de surf sont toutes fabriquées à la main par Geoffray Sipoir.
Les planches de surf sont toutes fabriquées à la main par Geoffray Sipoir.
©Yann Bervas

“J’aime les labels indépendants qui présentent une autre facette du surf, comme Fernand”, lance Jullien. “En tant que sport, le surf a explosé ces dernières années, mais les médias montrent toujours les mêmes clichés - posters  un peu typiques de surf ou un quelconque dieu blond et californien. Mais le surf comporte plusieurs strates, son ADN est plus complexe. Il y a beaucoup plus à raconter, et les marques sont loin de se limiter aux blockbusters connus!”

Jean Jullien a grandi sur la côte bretonne, non loin du spot de surf de La Torche, qu’il fréquente régulièrement. “Je vis et travaille à Paris, mais, tel un boomerang, je retourne souvent dans mon pays natal. La mer m’attire et je me vois bien m’installer définitivement en Bretagne.”

Publicité
Publicité

En parcourant son travail, on remarque un décor récurrent de plages, de mer et de surfeurs. “La pratique du surf a changé ma perspective”, explique-t-il. “Je voulais vivre plus lentement, pour réfléchir davantage. Dans cette perspective, je me suis mis à représenter les surfeurs différemment. Je leur ai donné un flux libre, alors qu’auparavant, je me concentrais davantage sur la précision de leurs mouvements.”

Ce petit club d’animaux marins a conquis le cœur des abonnés  de Jullien qui l’ont massivement partagé, faisant un succès de cette rencontre entre le monde de l’art et du surf.
Ce petit club d’animaux marins a conquis le cœur des abonnés de Jullien qui l’ont massivement partagé, faisant un succès de cette rencontre entre le monde de l’art et du surf.
©Julien “Binch” Binet.

Right on the dot

En Belgique (et dans le monde), les planches de surf de Jean Jullien sont disponibles en exclusivité chez Alice Gallery. Pourquoi deux noms français sont-ils allés frapper à la porte d’une galerie bruxelloise?

“Jean Jullien a déjà exposé chez nous et nous organisons une nouvelle exposition de ses peintures en février 2022”, répond Alice van den Abeele, directrice de la galerie et cofondatrice du musée MIMA à Bruxelles. “J’ai découvert son travail il y a quelques années, lors de l’exposition 'Art is comic' au MIMA. Depuis lors, nous avons continué à travailler ensemble”, ajoute Van den Abeele. La galeriste est, par ailleurs, aussi une surfeuse. La boucle est bouclée. “Surtout l’été, avec les enfants!”, confie-t-elle en riant. “Le sport crée un lien entre nous. Le surf, c’est un moment de pur bonheur. Nombreux sont les surfeurs qui connaissent ce sentiment, et Jean le capture à merveille.”

Elle décrit son style comme “pas hyperréaliste, mais right on the dot”. À l’aide de quelques lignes ou points, il dessine un univers dans lequel le spectateur est invité à entrer. “Une œuvre de Jean Jullien frappe toujours l’imagination. Non seulement il est un observateur magistral, mais il peut aussi entraîner le spectateur dans une scène. Quand il représente des pins auxquels est suspendue une combinaison de plongée, on sent presque leur parfum. Son travail illustre une tranche de sa vie: il est facile de se projeter dans son univers et finir par croire qu’il a peint votre propre souvenir.”