Michel Van Dyck est assis sur sa chaise préférée: “Iceberg”, de l’artiste Sophie Whettnall.
Michel Van Dyck est assis sur sa chaise préférée: “Iceberg”, de l’artiste Sophie Whettnall.
© Alexander D'Hiet

Michel Van Dyck: “J’aimerais me glisser dans la peau des grands aventuriers du passé”

L’ancien publicitaire Michel Van Dyck nous parle de ce qui le fait se lever de son “iceberg artificiel”: les randonnées en montagne, la marque Patagonia et les aventuriers du passé.

Quelle est la chaise de votre vie?

Cet iceberg artificiel de l’artiste Sophie Whettnall. J’ai découvert cette œuvre en 2004, lors de l’exposition “Upland”, dans une salle à l’étage du Théâtre Marni à Bruxelles. Deux ans plus tard, Sophie et moi avons fait plus ample connaissance et, un an plus tard, nous étions en couple et le sommes toujours. Ces icebergs en mousse enduite sont conçus comme des œuvres d’art, mais on peut également s’asseoir dessus.

Publicité

Michel Van Dyck

  • Ancien publicitaire.
  • Curateur de l’exposition “Avant que j’oublie”, consacrée à l’art éphémère.

Qu’est-ce qui vous fait tomber de votre chaise?

Le changement climatique. Les alarmes retentissent depuis des années, mais on fait toujours trop peu d’efforts pour inverser la tendance. Comment a-t-on pu en arriver là? Aujourd’hui, nous sommes tous au pied du mur. L’état dans lequel nous allons laisser la planète à nos enfants est terrible. Dans 30 ans, il n’y aura presque plus de neige sur les montagnes. Cet été, à de nombreux endroits, il était déjà très dangereux de faire des randonnées en montagne en raison du risque de chute des pierres libérées par la fonte des glaciers. La nature évolue très vite, c’est terrifiant.

Publicité
© Alexander D'Hiet

Qui aurait sa place au dîner de vos rêves?

Dans un refuge, après une longue randonnée en montagne, je voudrais organiser un dîner au coucher du soleil avec l’écrivain suisse Robert Walser et Yvon Chouinard, fondateur de la marque outdoor Patagonia, et quelques bons amis, bien sûr. Walser était un randonneur passionné qui marchait en costume trois-pièces et souliers en cuir. Il a passé les 27 dernières années de sa vie dans une maison de santé. Carl Seelig, son éditeur, lui rendait souvent visite pour marcher avec lui, sans plan prédéfini. Ces marches ont été compilées dans le superbe livre “Promenades avec Robert Walser”. Comme j’adore l’alpinisme, je suis un client de longue date de Patagonia. J’apprécie la marque, mais aussi la philosophie de son créateur, Yvon Chouinard. Cet ancien alpiniste vient de céder son entreprise à deux associations caritatives afin que celles-ci puissent utiliser les bénéfices pour lutter contre la crise environnementale. Il a fait de la Terre son seul actionnaire. Il ne s’agit là ni de “greenwashing” ni d’argumentaire marketing. Chouinard fait preuve de responsabilité, ce que nous devrions tous faire davantage.

Biographie d’une chaise

“Iceberg” de Sophie Whettnall fait partie d’une série d’œuvres en mousse enduite. Lors de l’exposition duo (2019) avec Etel Adnan à la Centrale for Contemporary Art à Bruxelles, l’artiste a présenté une installation composée d’icebergs de couleur pastel.  Dans ses vidéos, performances, dessins, sculptures et peintures, Whettnall s’inspire des éléments naturels, du paysage et de la lumière. Elle est représentée par la galerie Michel Rein.

Sur quelle chaise aimeriez-vous vous asseoir pour une journée?

C’est sans doute un peu romantique, mais j’aimerais me glisser dans la peau des grands aventuriers du passé, comme Henry de Monfreid ou Joseph Kessel, grand reporter et auteur de “Belle de Jour”. Aujourd’hui, tout le monde a un smartphone et un GPS, et il est devenu pratiquement impossible de vivre des expériences de voyage aussi sauvages. J’aurais également aimé être John Muir, le père des parcs nationaux aux États-Unis. En 1903, il a emmené le président Franklin Roosevelt pendant trois jours au parc de Yosemite. Un voyage qui allait rester gravé à jamais dans leur mémoire.

Restez-vous facilement assis?

Pas vraiment. J’adore la montagne, pour la randonnée et l’escalade. Quand j’étais jeune, je prenais beaucoup plus de risques lors de ces ascensions. La passion est toujours là, mais je suis nettement plus prudent. L’escalade est un merveilleux moyen d’être en contact avec la nature. En tant qu’humains, nous faisons partie de la nature: nous ne sommes pas au-dessus d’elle.

Qu’est-ce qui vous fait vous lever de votre chaise?

Mes enfants. Rêver, découvrir, partager des expériences et passer de bons moments avec eux, c’est le bonheur suprême.

Publicité
Publicité