Vous cherchez une destination d'hiver hors des sentiers battus? Prétextez la découverte d'une spectaculaire oeuvre d'art!
Aujourd'hui, un voyage wellness aux îles Andaman ou un circuit au Japon sont très prisés, mais il y a 300 ans, ceux qui voulaient faire impression faisaient le Grand Tour, un voyage qui passait par les hauts-lieux de l'art et de la culture en Italie et en Europe, une tradition réservée aux jeunes aristocrates. Bien que ceux qui, aujourd'hui, entreprennent un Grand Tour soient devenus rares, pourquoi ne pas garder ce prétexte culturel, mais en l'actualisant?
La maison d'édition Phaidon propose 'Destination Art', un bel ouvrage regorgeant d'oeuvres d'art in situ qui valent le voyage. Un genre de tour du monde en 500 oeuvres d'art, qui passerait de sculptures spectaculaires en installations poétiques et constructions artistiques dans des lieux surprenants. Au hasard: une élégante sculpture en acier sur un rond-point de New Delhi en Inde, un parc de granit créé par Ai Weiwei sur les rives de la rivière Yiwu en Chine, un pavillon moderniste rénové à Peterlee, petite ville du comté de Durham au Royaume-Uni, bâtiment qui n'a que soixante ans et dont pratiquement personne ne connaissait l'existence jusqu'à présent.
Sabato a choisi cinq destinations artistiques parmi les soixante reprises dans le livre, en fonction de la qualité de la dose d'art et de voyage pour oublier l'hiver.
1. Tour d'horizon: House to Watch the Sunset, Not Vital (2005)
Aladab (près d'Agadez), Niger - 17°00'41.9"N 7°59'56.3"E
Désert: L'artiste suisse Not Vital ne savait pas exactement pourquoi il voulait aller dans le désert d'Agadez, au Niger, mais c'était plus fort que lui. Depuis sa première visite en 1999, il y a construit une mosquée, une école pyramidale, un abri de tempête de sable et une tour observatoire. Pour ne pas perdre la lune et le coucher du soleil des yeux, des escaliers mènent le visiteur d'un étage au suivant et chaque face est percé d'une fenêtre.
Gratin: Évitons tout malentendu: Not est bien le prénom de Vital! Ce peintre, sculpteur et designer suisse dégage quelque chose qui, même après une longue carrière, reste insaisissable. Dans les années 80, il faisait partie du gratin de la scène artistique new-yorkaise avec Jean-Michel Basquiat et Julian Schnabel. Aujourd'hui, il est représenté par la galerie autrichienne Thaddaeus Ropac entre autres.
2. Flamby: Fat House, Erwin Wurm (2003)
Towada, préfecture d'Aomori, Japon - 40°36'49.7"N 141°12'37.1"E
Grossomanie: Peu de subtilité dans cette maison "guimauve" de l'Autrichien Erwin Wurm (et la voiture obèse qui l'accompagne). Son travail est une critique du consumérisme de la classe moyenne. Cependant, la véritable oeuvre est peut-être le contraste ente son travail et la petite ville japonaise de Towada, au pied des montagnes Hakkoda.
Grotesque: Wurm est l'homme du kitsch critique et du néo pop art piquant. Ses sculptures sont grotesques et drôles, comme son bateau "fondu" (au Musée Middelheim à Anvers), qui plonge dans l'eau comme un dauphin. Les 'One Minute Sculptures' de Wurm, formées par des gens qui prennent pendant une minute une pose absurde avec des objets banals, sont célèbres dans le monde entier. À l'occasion de leur vingtième anniversaire, il a demandé aux visiteurs du pavillon autrichien de la dernière Biennale de Venise de participer à la création de nouvelles sculptures. Ces derniers devaient se glisser entre les dossiers de chaises accrochées au mur et s'étirer sur deux tabourets rouges. Les photos de la série originale, prises dans les années 90, sont exposées au musée Kanal Centre Pompidou à Bruxelles jusque début janvier 2019.
3. Capsule boisée: Tree Mountain, A Living Time Capsule, Agnes Denes (1992-1996)
11.000 Trees, 11.000 People, 400 Years
Pinsiönkankaantie 10, 39160 Ylöjärvi, Finlande - 61°34'15.7"N 23°28'38.3"E
Forêt artificielle: Si la montagne ne va pas à Agnès, Agnès... fera une montagne. Voilà l'idée qui a guidé Agnes Denes au milieu des années 90 pour faire aménager une colline de 38 mètres de haut. Elle a demandé à 11.000 personnes d'y planter un arbre en suivant un motif elliptique complexe. Résultat: une forêt anormalement symétrique, qui est aussi l'une des oeuvres de land art les plus collectives du monde qualifiée par l'artiste de "capsule temporelle vivante".
Reine du Land: Art En 1982, cette Hongro-Américaine, qualifiée de 'Queen of Land Art', a planté un champ de blé au beau milieu de la ville de New York, où elle vit et travaille depuis les années 1980. Trois mois plus tard, le blé a été récolté et l'oeuvre a disparu à jamais. L'artiste, qui bénéficie d'un renouveau d'intérêt mérité, fera l'objet en 2019 d'une exposition rétrospective au Shed, un nouveau centre culturel à Manhattan.
4. Sacré bâtiment: Blanton Museum of Art, Ellsworth Kelly, Austin (2015)
200 East Martin Luther King Jr. Boulevard, Austin, Texas, États-Unis - 30°16'54.2"N 97°44'16.2"W
Spiritualité: Depuis des décennies, la chapelle de l'artiste Mark Rothko attire les foules à Austin, Texas. Depuis le début de l'année, la ville a inauguré un deuxième lieu de pèlerinage arty: la dernière oeuvre de l'artiste américain Ellsworth Kelly (1923-2015), une chapelle non-confessionnelle dans laquelle lumière, couleur et spiritualité sont centraux.
Forme pure: De grandes surfaces abstraites et monochromes aux arêtes vives: le travail de cet artiste américain 'hard edge' et 'colorfield' est d'une simplicité trompeuse. Il est parti de la nature et de son environnement direct pour nourrir sa fascination pour la pureté des formes, des couleurs et des lignes. Ce concept l'a amené au MoMA à New York, à la Tate Gallery à Londres et dans presque tous les grands musées du monde.
5. Illusion optique: East Window And Altar, Shirazeh Houshiary et Pip Horne (2011)
St. Martin in the Fields, Trafalgar Square, Londres, Royaume-Uni - 51°30'31.5"N 0°07'36.3"W
Déformation: Cette oeuvre du duo Shirazeh Houshiary et Pip Horne pose une question: comment une fenêtre déformée transforme-t-elle la réalité? Pour ce projet dans l'église St. Martin in the Fields, le duo a opté pour une intervention minimale en créant un vitrail déformé et en installant un autel sculpté dans un bloc de travertin.
Soufi: Il est surprenant que cette église anglicane ait demandé à cette artiste d'origine iranienne de réaliser une installation, car celle-ci s'inspire de la mystique soufie. L'artiste londonienne, représentée par la Lisson Gallery, travaille souvent avec l'architecte Pip Horne.
'Destination Art - 500 Artworks Worth the Trip', 560 pages, 29,95 euros, aux éditions Phaidon.