© Alexander Popelier

'Weed': oeuvre d'art ou mauvaise herbe?

Marie-Jo Lafontaine, artiste, photographe et vidéaste, nous parle de 'Weed', une oeuvre de Tony Matelli.

"Il y a une bonne dose d'humour dans cette touffe de mauvaise herbe, non? Je la trouve marrante. En même temps, elle sème le doute. Que fait-elle là? Va-t-on la laisser pousser? Certaines personnes qui viennent ici pour la première fois me posent ce genre de questions. D'autres se taisent et n'en pensent pas moins. Je ne dis rien non plus: c'est amusant de sentir cette tension.

Tony Matelli crée de parfaites copies de mauvaises herbes, en bronze. Même les feuilles frisées et séchées sont magnifiquement imitées. Il a réalisé toute une série de 'Weed'. Je ne veux pas trop intellectualiser, mais en élevant les mauvaises herbes au rang d'art, il nous fait réfléchir sur notre relation avec la nature et à ce que nous trouvons sans valeur ou, au contraire, précieux. Devrions-nous élever la nature au rang d'oeuvre d'art pour en prendre davantage soin? C'est aussi un clin d'oeil ironique qui relativise le monde de l'art. Qui voudrait des mauvaises herbes chez soi?"

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Cette oeuvre est un clin d'oeil ironique qui relativise le monde de l'art. Qui voudrait des mauvaises herbes chez soi?

"J'achète uniquement des oeuvres contemporaines car, pour moi, l'art doit refléter la société d'aujourd'hui. Dans toutes les oeuvres de ma collection, il y a une sorte de joie de vivre. Acheter de l'art, c'est me faire plaisir. Être entourée d'oeuvres fascinantes me rend heureuse. Je n'ai pas de budget défini: j'achète quand j'en ai les moyens ou quand j'ai un vrai coup de coeur."

"Je ne pourrais pas vivre entourée de mes propres oeuvres, ce serait comme si je me regardais tout le temps dans un miroir. Par contre, dans mon atelier, il n'y a pas d'oeuvres d'autres artistes car je tiens à créer dans mon cocon, sans trop d'interférences de l'extérieur.

J'achète uniquement de l'art qui déclenche une émotion en moi, ou comme le sourire que me donne cette mauvaise herbe. Parfois un achat est lié à ce que j'ai vécu ou l'objet de mon travail à ce moment-là. Quand je travaillais sur la manipulation génétique ou les photos d'adolescents, j'étais plus touchée par ces deux thèmes interprétés par d'autres artistes."

"Je n'accroche pas d'oeuvres d'art pour éviter de placer la barre trop haut ou pour me comparer à d'autres. Pour moi, l'art n'est pas un investissement; c'est du bien-être. Quand je dépose une oeuvre, elle laisse un vide, physiquement et mentalement. Vendre une oeuvre ne me viendrait pas à l'esprit. Je suis attachée aux oeuvres qui m'entourent. Elles me rendent heureuse."

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Exposition solo de Marie-Jo Lafontaine, 'Troubled Waters!' à Bozar à 1000 Bruxelles, jusqu'au 26 mai. 

Tony Matelli (1971) est un sculpteur américain dont la sculpture controversée 'Sleepwalker' a fait la notoriété (la représentation hyperréaliste d'un somnambule de taille humaine). Dans ses sculptures désarmantes, Matelli combine humour et associations surréalistes. Il est représenté par Marlborough Contemporary (Londres) et Stephane Simoens (Knokke).

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