Visite au fil des garages belges. Cette semaine: Geert Nouwkens, “Porschiste” dans l’âme.
"J’ai commandé ma première Porsche en 1975", se souvient Geert Nouwkens (75 ans). "Une 924 neuve, le modèle d’entrée de gamme. Depuis, j’en ai acheté quatorze neuves et aussi quelques classiques. Je ne suis jamais tombé en panne avec une Porsche. Et, jusqu’en 2000, je n’ai perdu que 25.000 euros de capital: je les conduisais deux ou trois ans, et les revendais: le prix de revente était toujours intéressant."
La dernière est une 991 GT3 (2018). "Cette année, elle a déjà fait 15.000 kilomètres. Sa conduite est spectaculaire: avec son moteur 4.0 de 500 ch, c’est presque une supercar. Du coup, la consommation de 12 litres est appréciable!" Le siège passager est recouvert d’une housse en alcantara. "C’est aussi la préférée de Pauline, notre bouledogue français!", sourit Nouwkens. "Dès que la portière s’ouvre, elle arrive en courant et bondit sur le siège."
Avec la 911 RS, nous avons frôlé la mort. À 170 km/h, nous nous sommes déportés latéralement sur 500 mètres d’autoroute. Ça m’a semblé une éternité.
"J’ai eu presque toutes les Carrera GT3, la version sport à moteur atmosphérique. Si on veut de la puissance, il faut monter dans les tours, ce que je préfère au caractère plus linéaire de la GT2 turbo. C’est une tout autre conduite. La 930 Turbo Targa (1989) était spectaculaire: elle assurait aussi bien les sous virages que les sur virages, et donnait un énorme boost vers 3.000 tr/min. Et elle était très rare: la version que j’avais n’a été construite qu’à 115 exemplaires."
"J’aurais dû garder la GT3 RS (2005): elle était très compétitive sur circuit et, aujourd’hui, elle est devenue un classique. Hélas, elle avait un arceau de sécurité, ce qui n’était pas pratique au quotidien, car mon épouse ne pouvait pas m’accompagner." Il lui reste quatre Porsche. "Par manque d’espace, mais aussi parce que je pense que les voitures doivent rouler."
Son épouse, Marleen, a réalisé un livre reprenant toutes les voitures de sa vie. Nous le feuilletons: il débute avec une NSU Prinz II (1958) et se termine avec la Ferrari 458 Italia (2012). "Oui, j’ai été infidèle!" s’excuse Nouwkens. "Les Ferrari sont des voitures fantastiques. Pour moi, c’est de l’art."
Après deux 924 (1976) a été suivie par une 944 (1982) et, en 1987, la première Carrera. "Enfin!", s’exclame-t-il. "La 911 était sur le marché depuis 23 ans déjà et devait sortir de production car elle était démodée, mais elle avait un caractère si particulier que la production a continué pendant encore quelques années. Je l’ai vendue, et racheté la même: avec 105.000 kilomètres au compteur, elle est comme neuve!"
"Pour les modèles classiques, en bon notaire, je commence toujours par demander son “acte de naissance”, la fiche sur laquelle est indiqué quand et avec quelles options une voiture est sortie de l’usine et chez quel concessionnaire elle a été livrée. J’ai acheté ma première 356 Coupé (1963) en 1988. Ensuite, j’ai eu une 356 SC Cabriolet (1965). Elles ne me manquent pas; je n’aimais pas les conduire. Dans leur version d’origine, elles ne sont pas adaptées à la circulation d’aujourd’hui."
Geert Nouwkens
Notaire à la retraite
Voiture de tous les jours: Porsche 991 GT3 (2018).
La première: NSU Prinz II (1958).
La meilleure: Porsche 964 RS (1992).
La pire: Lotus Elise R (2005).
Le rêve: Porsche 904 GTS.
La préférée de la famille est la 964 Carrera RS, achetée neuve en 1992. Cette version, produite à un peu plus de 2.000 exemplaires, est, pour beaucoup, la Carrera ultime. "Elle est extrêmement spartiate. Sur route sèche, je la contrôle assez bien, mais, quand il pleut, c’est très difficile, même pour les instructeurs de conduite. Avec cette voiture, nous avons frôlé la mort sur la route de Francorchamps. Il pleuvait et, soudain, nous avons fait de l’aquaplanage -à 170 km/h!
Mon fils Wouter était au volant, son épouse était assise à côté de lui et, moi, à l’arrière, là où il n’y a pas de siège. La voiture s’est mise en travers et nous nous sommes déportés latéralement sur 500 mètres d’autoroute. Ça m’a semblé une éternité. Finalement, Wouter a réussi à reprendre le contrôle et nous nous sommes arrêtés sur la bande d’arrêt d’urgence, sans casse, heureusement... Mais il y avait une odeur de caoutchouc très forte."
"Lors d’un concours d’élégance à Saint-Tropez, nous avons remporté le deuxième prix. À part la nouvelle peinture, elle est d’origine, avec à peine 45.000 kilomètres au compteur. Nous avons déjà eu des offres assez élevées, mais nous la gardons."
"À mon âge, j’aime toujours autant prendre la route. Quatre ou cinq fois par an, je vais sur un circuit et, à chaque fois, c’est une fête. Très tôt, mes trois fils m’ont accompagné. Quand ils étaient petits, je leur mettais un coussin sous les fesses pour qu’ils soient admis. Nous faisons aussi très régulièrement un rallye de 12 heures de karting, entre amis. Je suis le plus lent de nous quatre, mais je suis quand même plus rapide que tous les autres participants!"