Dans le garage de Filip Baert | “La Ferrari F40, c’est ma préférée”
De la Bugatti Type 37 A (1927) à la Lamborghini Miura (1967), la collection familiale de Filip Baert ne compte que des merveilles. Sa préférée? La Ferrari F40 (1992).
De la Bugatti Type 37 A (1927) à la Lamborghini Miura (1967), la collection familiale de Filip Baert ne compte que des merveilles. Sa préférée? La Ferrari F40 (1992).
Il y a deux ans, Filip Baert (46 ans) a frôlé la mort quand sa Porsche 911 GT3 Touring a fait un tête-à-queue à 120 kilomètres/heure. "L’autoroute était inondée et je roulais avec des semi-slicks, les pneus les plus sport du marché. 'Laissez-moi vivre!', me suis-je écrié. Je me suis retrouvé dans le ruisseau. Le lendemain, j’étais au bureau à 7 heures - à l’époque, j’étais consultant à temps partiel pour notre entreprise familiale."
"Dans l’après-midi, coup de massue: je ne voulais plus de ce travail et, aussi étrange que cela puisse paraître après un tel accident, je voulais faire passer mon amour des voitures à la vitesse supérieure. Aujourd’hui, je vis pour les voitures. Je ne passe pas une heure sans y penser. Depuis l’année dernière, je représente au Benelux la société allemande Axel Schuette Fine Cars, un grand concessionnaire de voitures classiques. Pour moi, il fait partie du top 10 mondial."
"La Ferrari F40, c’est ma préférée. Quand on accélère, c’est une bête incroyablement explosive et rusée."Filip Baert
Filip Baert est ex-managing director de Wattex et représentant d’Axel Schuette Fine Cars.
La première | Austin-Healey 100/4 (1954)
La voiture de tous les jours | BMW Alpina B5 (2021)
La meilleure | Porsche 2.7 RS (1973)
La pire | Jeep Cherokee 2.5D
La préférée | Ferrari F40 (1992)
Le rêve | Porsche 904 RS. "C’est bien d’avoir encore des rêves."
"Ici, c’est la collection familiale", explique-t-il. Baert nous fait visiter les anciennes écuries réaménagées de sa ferme carrée. Derrière une vitre trônent une dizaine de voitures d’exception. "Je ne dis jamais que ce sont mes voitures: c’est mon père qui a commencé cette collection. Il y a presque 15 ans, je l’ai persuadé d’acheter la Lamborghini Miura (1967). Via le Lamborghini Classic Club Germany, j’ai obtenu les coordonnées d’un célibataire qui vivait dans une maison délabrée, avec une vieille Citroën garée devant la porte. Lorsqu’il a ouvert son hangar, j’ai failli tomber à la renverse: il y avait au moins vingt Lamborghini! Il n’avait jamais conduit la Miura, car il avait un problème de dos. Pour mes quarante ans, j’ai fait le Miura Tour, en Andalousie, à bord de cette voiture."
Baert déclare attacher plus d’importance à la qualité qu’à la taille de la collection. "Après la vente de l’entreprise familiale, en 2017, ma passion s’est démultipliée. Nous sommes alors passés à des investissements ‘blue chip’, des modèles très précieux." Il me montre une Ferrari F40 (1992) et une Ferrari F50 (1996). "Avec la première, je vais bientôt aller en Suisse avec un ami. La voiture passera ainsi le cap des 40.000 kilomètres. C’est ma préférée, ma ‘childhood poster car’. Et c’est aussi la dernière Ferrari construite sous Enzo Ferrari. Quand vous accélérez, c’est une bête incroyablement explosive et rusée. Elle vous siffle dans les oreilles comme une fusée. Avant de l’acheter, j’en ai vu au moins dix exemplaires, en Belgique et à l’étranger: c’est une chasse au trésor."
Sa voiture la plus précieuse est absente du garage. "La Ferrari 288 GTO (1984) est en cours de restauration, car je veux participer à des concours d’élégance." La Jaguar XK 140 Roadster (1957), la Jaguar XK 150 DHC (1959) et la Jaguar Type E (1968) ne s’y trouvent pas non plus, comme la Porsche 911 2.7 RS Lightweight (1973). Nous apercevons la Bugatti EB110 GT (1995). "Elle appartient à ma sœur. Avec ses quatre turbos, sa transmission 4x4 et son moteur douze cylindres à 60 soupapes, c’était une hypercar révolutionnaire."
Baert recherche toujours le détail qui se cache derrière ses voitures classiques, l’historique, une palette de couleurs particulière. "Parfois, je les achète sur un coup de tête et, si l’excitation retombe, je les revends, comme la Mercedes 300 SL Gullwing (1955)." La Porsche 993 GT (1996) et la Carrera GT (2006) sont également parties: "Je n’ai pas envie de payer une fortune à l’État pour faire 500 kilomètres par an. Non, je n’ai jamais de regrets; je regarde toujours vers l’avenir."
Son Invicta S Low Chassis (1931) est une des voitures d’avant-guerre les plus recherchées. "Voici la Maybach années 30, qui a établi des records de vitesse et remporté le rallye de Monte-Carlo. Je viens de l’acheter chez un concessionnaire allemand et je suis en train de la découvrir. Une conduite de rêve! Son moteur 4,4 litres de 200 cv est une œuvre d’art. Cette voiture a vraiment une âme."
La Bugatti Type 37 A (1927) avec compresseur a été construite à 76 exemplaires, dont environ la moitié a un passé de course. Celle-ci n’est pas bleue, comme d’habitude, mais blanche, la livrée nationale allemande. En 1928 et 1929, elle a couru sur le Nürbürgring, le circuit le plus iconique d’Allemagne. "Rouler à 100 km/h avec elle, c’est comme rouler à 230 km/h avec la Ferrari F40. Je l’ai déjà conduite jusqu’à Anvers. 120 km/h, les deux mains fermement posées sur le volant à gauche: c’est merveilleux. Je l’ai trouvée chez un collectionneur, via un courtier. Les Invicta et les Bugatti se retrouvent rarement sur le marché, mais elles sont âprement négociées."
"Pour notre portefeuille d’investissement, j’ai convenu avec mon épouse d’une clé de répartition entre actions, biens immobiliers et voitures. Mais j’ai de la marge!", s’exclame Baert en riant.